L’appartement est grand, selon les normes établies à Yellowknife ! De la colline, le visiteur voit la mine Con. L’étendue des porcheries aux environs de St-Hyacinthe, où habitait le jeune couple, a été remplacée par le Grand lac des Esclaves. Chantal Witty et Patrick St-Louis ont posé pied à Yellowknife le 30 juillet dernier avec bébé Loriane.
Au gré de l’Armée, les militaires et leurs familles s’adaptent, parfois aisément, parfois difficilement aux déménagements d’une base à l’autre, qui font partie de ce choix de vie.
Le couple Witty-St-Louis est toutefois l’exception qui confirme la règle. Ce n’est pas l’Armée qui a appelé Pat St-Louis, c’est Chantal qui a lancé un défi à son chum.
Elle faisait partie de la Milice à temps partiel, alors que lui l’était à temps plein. Ils se rencontrent. « Je suis allée chercher mon arme. Je ne lui ai pas parlé plus qu’il faut. Moi j’étais la recrue, lui le caporal », lance Chantal en riant.
« J’étais portier au Saint-Antoine, elle a entendu direŠ », commence Patrick. « Non, c’est toi qui me l’a dit », coupe Chantal. Ils échangent un de leurs regards. Ils ont du caractère ces deux-là !
« Elle est venue me rejoindre, et puis je l’ai invitée à une exposition agricole, le 18 juillet 1998 », raconte Patrick. Chantal le regarde surprise qu’il n’ait pas oublié cette date avant d’ajouter le sourire aux lèvres : « Je l’avais menacé que s’il oubliait!»
Bref, après cette première rencontre, c’est parti ! N’aimant pas les grandes villes, le couple s’établit près de St-Hyacinthe. Un soir, Patrick arrive à la maison avec l’offre d’emploi à Yellowknife. « C’est moi qui lui ai dit de venir », explique Chantal. « Je suis arrivé un soir avec ça et elle m’a dit : ça ne coûte rien d’essayer. »
Le voilà, quelques mois plus tard dans la capitale des Territoires du Nord-Ouest, travaillant comme technicien en approvisionnement à l’emplacement d’opérations avancées, qui appartient aux Forces armées canadiennes.
« J’adore mon emploi et les aurores boréales », souligne Patrick, que Chantal interrompt gentiment en s’exclamant : « il me réveille la nuit pour me dire de regarder les aurores ! »
Chantal, elle, repart pour le Québec, question de se ressourcer pour revenir après les Fêtes. « Avant d’avoir mes bébés (un deuxième est en route) j’étais un petit poisson dans l’eau [parmi les militaires]. J’ai fait ma place », avoue-t-elle.
« Ici, je devais suivre des cours d’anglais offerts par l’Armée, mais ils ont été annulés ». Ne s’exprimant pas suffisamment en anglais, elle n’a pu obtenir un emploi dans son domaine. C’est une réalité qui ne fait pas souvent les manchettes.
Patrick s’avoue d’ailleurs étonné du fait que plusieurs anglophones ne se « forcent pas pour parler le français ». Quant à lui, il est en train d’apprendre la langue de Shakespeare en mode rapide !
Malgré ces quelques obstacles, Chantal et Patrick souhaitent demeurer aux Territoires du Nord-Ouest quelques années. Elle veut se faire le sentier Chinook, qui part de l’Alaska au Yukon. Lui veut s’acheter une motoneige. « C’t’assez ! », lance Patrick.
Ils me regardent. « C’est fini l’entrevue ? »
Bienvenue dans le Nord !