IQALUIT – Le conseil scolaire francophone d’Iqaluit a recruté au cours de la saison estivale Denis Dragon pour occuper le poste de directeur du programme de français langue maternelle de la capitale du Nunavut. C’est une première pour ce qui est de l’éducation francophone au Nunavut, le personnel étant jusqu’à cette année uniquement composé des professeurs et de leurs aides. Mais avec l’arrivée d’une école francophone dans le paysage, une direction est devenue une nécessité.
Beaucoup de pain sur la planche, donc, pour M. Dragon. « Il faut établir une stratégie de déménagement des élèves et du matériel, et d’aménagement de la nouvelle école » , explique-t-il, mentionnant l’ouverture de l’école est prévue pour la mi-novembre. Une campagne de sensibilisation et de recrutement, afin de faire accroître le nombre d’élèves, est aussi à l’agenda du directeur.
Outre la logistique du déménagement, M. Dragon voit également à la mise en place des nouveaux programmes qui seront offerts. La prématernelle en français a vu le jour au début de la présente année scolaire et une garderie adjacente à l’école sera complétée quelques mois après l’ouverture de cette dernière.
L’enseignement dans la langue de Molière se fait pour l’instant à l’école Nakasuk, où l’on retrouve également un programme d’enseignement en anglais et un autre en inuktitut. Le directeur croit que les nouveaux locaux apporteront « une homogénéité dans la programmation et le vécu de l’école » , entre autres par « la mise place des ressources nécessaires: une bibliothèque, un centre de ressources, une secrétaire, etc. » Il ajoute qu’il est pour l’instant difficile pour le groupe minoritaire d’une quarantaine d’élèves francophones de développer son identité en étant noyé parmi les jeunes anglophones et Inuit.
Les trois professeures à temps plein et une à mi-temps qui forment le corps professoral assurant les niveaux de maternelle à 9e année. À elles s’ajoutent une monitrice de français et une d’anglais, une aide enseignante et un demi-poste pour la prématernelle. L’ouverture de la nouvelle école permettra au personnel de se munir d’autres employés à mi-temps, un pour les tâches du secrétariat et de la réception, l’autre pour la conciergerie.
Une direction expérimentée
Denis Dragon n’en est pas à ses premières armes comme directeur. Le Québécois d’origine, après sept années d’enseignement à l’élémentaire dans cette province, décide de tenter l’aventure dans l’Ouest et, par le fait même, de graduer au niveau secondaire.
Il passe donc plusieurs années au Manitoba où il complète une maîtrise en Éducation à l’Université du Manitoba, en plus d’enseigner aux niveaux secondaire et universitaire, au Collège de St-Boniface. Il acquiert alors une expérience de travail avec des francophones vivant en milieu minoritaire. Sa première expérience comme directeur est l’étape suivante de sa carrière et se déroule toujours au Manitoba, à Dauphin, dans une école d’immersion.
C’est avec dix années d’expérience comme directeur qu’il arrive à Iqaluit. Lorsque questionné à savoir pourquoi tenter l’expérience du Nord, M. Dragon laisse entendre qu’il était prêt pour un nouveau défi au plan professionnel. « C’est un beau projet à ce stade-ci de ma carrière : ouvrir une nouvelle école et, en plus, la première école francophone au NunavutŠ » Quant à son arrivée et son adaptation dans la capitale du jeune territoire, il n’a que des compliments à faire à ses hôtes. « J’ai été accueilli comme je ne l’ai jamais été ailleurs! Ça a été tout à fait exceptionnel, même si j’ai été bien accueilli partout ailleurs auparavant. Les gens savaient que j’arrivais et je crois qu’ils étaient contents de me voir occuper le poste. »
L’année s’annonce chargée de défis à affronter pour le nouveau directeur et pour le personnel du programme de français. Denis Dragon regarde tout de même au-delà et fait part de son désir d’augmenter le nombre d’élèves, ce qui sera plus facileselon lui, une fois le bâtiment complété. La visibilité sera meilleure et il sera plus facile de montrer la qualité du programme et de l’enseignement qui sont offerts, soutient-il. M. Dragon entrevoit même la possibilité, à plus long terme, de poursuivre l’enseignement en français au-delà de la 9e année et « peut-être un jour avoir un programme complet » .