Le pôle nord magnétique (PNM) est présentement situé dans l’océan Arctique, à l’ouest de l’île Axel Heiberg. Aux dernières nouvelles, il était situé à 81.3o N et 110,8o W. C’est que le PNM se déplace vers le nord depuis de nombreuses années. Il devient donc de plus en plus difficile de le rejoindre.
« Il n’y a pas si longtemps, le pôle nord magnétique se déplaçait d’environ une quinzaine de kilomètres par années. Mais présentement, il se déplace d’une quarantaine de kilomètres par année », d’expliquer Larry Newitt, scientifique à Ressources naturelles Canada, auteur d’ouvrages sur le sujet.
M. Newitt explique le mouvement du PNM par le champ magnétique produit par le fer en fusion situé à plusieurs milliers de kilomètres de la surface de la Terre. « Si on fait une moyenne de la localisation du PNM sur des dizaines de milliers d’années, celui-ci se trouverait au même point que le pôle nord géographique », soutient-il.
Selon le scientifique, si le PNM poursuit sa course actuelle, il passera à côté du pôle géographique pour se retrouver en Russie dans une cinquantaine d’années. « Après la Russie, il reviendra probablement au Canada, mais on ne peut pas dire quand », soutient-il. De plus, M. Newitt croit qu’il serait trop facile de dire que le PNM fait une ellipse autour du pôle nord « les champs magnétiques agissent plus au hasard », lance-t-il.
Ce déplacement du PNM crée certainement des difficultés pour les aventuriers qui tentent de le rejoindre. « À chaque année, le pôle s’éloigne de Resolute Bay qui est le point de départ pour les explorateurs », dit-il.
L’Acadien Marc Fafard et le Québécois Yvan Desilets sont les deux premiers Canadiens à avoir atteint le PNM en autonomie totale, c’est-à-dire sans contribution extérieure, partant du point A au point B par leurs seuls moyens. Leur périple a eu lieu au printemps 1996.
« C’est curieux, j’ai écrit le livre en passant que j’allais percer le mystère de la motivation qui pousse des explorateurs à risquer leur vie pour atteindre ce point et je ne l’ai percé qu’en partie », soutient Benoît Duguay, auteur du livre « Vers le pôle nord magnétique, d’après le journal de Marc Fafard, explorateur », lancé la semaine dernière en librairie.
Selon lui, on peut comparer la motivation de ces gens à celle de quelqu’un « qui a une carrière qu’il aime et qu’il adore. Il veut donc pousser ses limites et aller jusqu’au bout. Dans le cas de Marc, c’était une vacance pour se libérer de tout », lance-t-il. Marc Fafard était parti en compagnie de Yvan Desilet et de Stéphane Lebeau. Ce dernier a cependant dû abandonner en début de parcours à cause d’une blessure au dos.
L’histoire racontée par M. Duguay, en plus de parler des nombreuses semaines de ski de fond, relate aussi une introspection de Marc Fafard. « On ne va pas au pôle nord comme on va souper chez sa mère un dimanche soir. Le moindre détail peut te coûter la vie », de lancer M. Duguay qui porte une grande admiration pour ces explorateurs.
À titre de preuve, M. Duguay parle de cet épisode ou la glace a cédé sous le poids de M. Fafard. « Quant il est tombé à l’eau, il a dû se déshabiller complètement alors qu’il faisait très froid pour mettre des vêtements secs, mais ces vêtements n’étaient pas chauds! Il faut donc une résistance et une capacité d’adaptation qui nous dépassent ».
« Après avoir complété mon livre, j’ai rencontré Stéphane et Yvan et ils m’émerveillent encore. Les deux retourneront d’ailleurs sur la banquise au mois de mars, accompagnés d’un gars et d’une fille », d’ajouter Benoît Duguay. Il sera d’ailleurs possible de suivre cette expédition au
www.expeditionpolaire.org.