le Mercredi 14 mai 2025
le Mardi 13 mai 2025 20:24 Actualités

Rebecca Alty devient ministre fédérale

Le premier ministre Mark Carney aux côtés de Rebecca Alty et de la gouverneure générale Mary Simon, lors de la cérémonie d’assermentation tenue ce matin à Ottawa. — Capture d’écran
Le premier ministre Mark Carney aux côtés de Rebecca Alty et de la gouverneure générale Mary Simon, lors de la cérémonie d’assermentation tenue ce matin à Ottawa.
Capture d’écran
Ancienne mairesse de Yellowknife, Rebecca Alty fait son entrée au cabinet fédéral en tant que ministre des Relations Couronne-Autochtones. Sa nomination marque le retour des Territoires du Nord-Ouest autour de la table ministérielle, une première depuis 2006. Plusieurs voix du Nord saluent une nomination porteuse d’espoir pour les enjeux autochtones, francophones et territoriaux.
Rebecca Alty devient ministre fédérale
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L’ancienne mairesse de Yellowknife, Rebecca Alty, a été nommée ministre des Relations Couronne-Autochtones ce mardi matin par le premier ministre Mark Carney, devenant ainsi la première résidente des Territoires du Nord-Ouest à entrer au Conseil des ministres fédéral depuis près de deux décennies. Il faut remonter à 2006 pour retrouver une telle nomination : celle de Ethel Blondin-Andrew, alors ministre d’État (Nord canadien). L’arrivée de Mme Alty à ce poste marque donc un moment significatif pour le Nord.

Les réactions n’ont pas tardé à suivre l’annonce de Mark Carney. Le premier ministre des TNO, R.J. Simpson, a salué cette nomination avec enthousiasme. Dans une déclaration publiée dans la journée, il souligne que la ministre Alty est « résidente du Nord de longue date » et qu’elle possède « une connaissance approfondie des Territoires du Nord-Ouest ». 

Pour M. Simpson, sa présence à Ottawa pourrait jouer un rôle clé dans l’avancement des grands dossiers territoriaux : « Je me réjouis de travailler avec elle pour faire avancer les revendications territoriales et les accords sur l’autonomie gouvernementale, fondements essentiels de la réconciliation, de la croissance économique et de la stabilité à long terme. » Il situe cette nomination dans un contexte plus large : celui d’un moment charnière pour le Nord. Souveraineté arctique, développement durable, infrastructures nationales et partenariats autochtones sont, selon lui, des domaines dans lesquels le Nord jouera un rôle de premier plan. « Mais pour réussir, il faudra mettre en place une véritable collaboration et prendre des mesures opportunes », conclut-il.

Contactée par Médias ténois, la Fédération franco-ténoise (FFT) a également salué la nomination de Mme Alty, mettant en avant sa double légitimité : à la fois en tant qu’ancienne mairesse et en tant que francophone née à Yellowknife. « Grâce à son expérience de terrain en tant que mairesse de la Ville de Yellowknife, la ministre Alty a une bonne connaissance des enjeux de notre communauté », a déclaré l’organisme. 

La FFT se dit sure qu’elle saura représenter à la fois les communautés autochtones et les communautés francophones en situation minoritaire, et espère que « la lentille nordique » qu’elle apportera autour de la table fédérale permettra de mieux faire entendre les réalités du territoire. « Nous avons hâte de poursuivre le travail entamé avec elle au niveau municipal », conclut la Fédération.

La nomination a également suscité des réactions au sein de la classe politique territoriale. Le député Kieron Testart a parlé d’un « moment historique pour le Nord », saluant la « dévotion constante » de Rebecca Alty envers les Ténois. Le nouveau maire de Yellowknife, Ben Hendriksen, a félicité son ancienne collègue, estimant qu’elle représentera les intérêts des Ténois et des Canadiens avec sérieux et engagement. Kelvin Kotchilea, candidat néodémocrate défait par Alty aux dernières élections, a lui aussi réagi positivement : « Je suis sincèrement heureux pour elle. C’est une bonne nouvelle pour le Nord, et j’espère qu’elle apportera un nouvel élan positif à nos communautés. »

Le 13 mai après son assermentation, Mme Alty a souligné sur sa page Facebook qu’elle considérait comme un honneur sa nomination au poste de ministre, et qu’elle entendait poursuivre le travail amorcé par son prédécesseur Gary Anandasangaree. Elle a exprimé sa volonté de collaborer « en véritable partenariat avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis afin de faire progresser la réconciliation et de réaliser des changements durables, portés par les communautés », remerciant également Mark Carney de lui avoir confié cette « importante responsabilité ».

Un cabinet Carney à 28 ministres

Le premier ministre Mark Carney a présenté ce mardi matin son Conseil des ministres, composé de 28 membres, soutenus par dix secrétaires d’État chargés de dossiers ciblés comme le développement rural, les ainés, le sport ou la lutte contre la criminalité. Le gouvernement promet de s’attaquer rapidement aux priorités fixées pendant la campagne : renforcer les liens économiques et sécuritaires avec les États-Unis, faire baisser le cout de la vie et bâtir une économie plus forte et plus résiliente. « Ce nouveau cabinet est conçu pour apporter les changements que les Canadiens et les Canadiennes souhaitent et méritent », a déclaré Mark Carney.

Certains ministères ont été repensés ou élargis. L’intelligence artificielle, la résilience des communautés ou encore les affaires arctiques font désormais l’objet de portefeuilles spécifiques. Le cabinet inclut aussi plusieurs responsabilités régionales, avec des ministres chargés de différentes agences de développement économique, selon les régions. Le Nunavik fait également son entrée à la table ministérielle avec la nomination de Mandy Gull-Masty comme ministre des Services aux Autochtones.

De son côté, le Congrès des peuples autochtones a profité de l’annonce pour rappeler l’importance d’inclure les populations vivant hors réserve dans l’élaboration des politiques publiques. Son chef national, Brendan Moore, appelle à ce que « la réconciliation ne soit pas seulement symbolique, mais systémique », soulignant que « le temps de la reconnaissance sans action est révolu ».

Rebecca Alty sourit en prêtant serment d’allégeance lors de son assermentation à titre de ministre des Relations Couronne-Autochtones.

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Rebecca Alty lit son serment d’allégeance lors de sa cérémonie d’assermentation en tant que ministre des Relations Couronne-Autochtones. 

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Rebecca Alty signe les documents officiels après avoir prêté serment comme ministre des Relations Couronne-Autochtones.

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Mark Carney place l’économie au cœur de son mandat

Dès sa première conférence de presse après l’annonce de son cabinet, Mark Carney a expliqué avoir voulu un équilibre entre expérience et renouveau. « Les Canadiens ont voté pour un grand changement, pas un petit. […] Nous avons 14 ministres expérimentés et 14 nouveaux. Pour moi, c’est parfait. » Il affirme vouloir « un véritable gouvernement de cabinet », misant sur la diversité et la collaboration entre ministres.

Carney a clairement établi la priorité de son gouvernement : l’économie. Selon lui, le pays est à l’aube d’une « transformation industrielle », et son cabinet entend agir rapidement pour renforcer la croissance, créer de bons emplois et maintenir les couts sous contrôle.

Face à la montée du cout de la vie, M. Carney estime que ce sont les expériences quotidiennes des Canadiens qui serviront de baromètre à son action : « Les Canadiens nous jugeront par leur expérience à l’épicerie, lorsqu’ils paieront leur facture d’électricité ou chercheront un logement pour eux-mêmes ou leurs enfants ». Il ajoute que pour améliorer concrètement le pouvoir d’achat, il faut à la fois freiner la hausse des prix et s’assurer que « les salaires augmentent » et que les Canadiens puissent « trouver un emploi facilement ».

Parmi les mesures immédiates envisagées, il promet une réduction d’impôt pour la classe moyenne d’ici la fête du Canada : « Nous agirons d’ici le 1er juillet. Le Parlement devra l’approuver, il nous manque deux votes, mais nous avons fait campagne là-dessus et nous irons de l’avant. »

Mark Carney a aussi réaffirmé sa volonté de renforcer la sécurité du pays. Il a annoncé le déploiement de 1 000 nouveaux agents de la GRC et 1 000 agents aux frontières. Il veut également durcir l’accès à la libération sous caution pour les personnes accusées de vols de voiture, d’introduction par effraction ou de traite de personnes. « Nous allons bâtir la confiance dans notre système de justice », a-t-il déclaré.

Sur le dossier de l’immigration, il a plaidé pour un retour à des niveaux qu’il juge « raisonnables » en plafonnant le nombre de travailleurs étrangers temporaires et d’étudiants internationaux. Il inscrit cette mesure dans une logique de discipline fiscale : « Notre gouvernement va dépenser moins pour que les Canadiens puissent investir plus. »

Enfin, interrogé sur la relation avec les États-Unis, il a rappelé que c’est au premier ministre de diriger ce dossier : « La personne qui doit entretenir la relation avec la Maison-Blanche, c’est le premier ministre. Et en ce moment, c’est moi. »

Le nouveau Conseil des ministres du Canada.

Courtoisie