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le Vendredi 1 mars 2002 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Société

La puck et le micro Christine Cadet, arbitre au hockey

La puck et le micro Christine Cadet, arbitre au hockey
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Le hockey féminin, c’est en Ontario que ça se passe, selon la directrice de la radio Taïga. Christine Cadet ne compte pas y retourner après sa virée dans le Nord, qui se termine le 31 mars prochain. Elle entend par contre chausser ses patins et poursuivre sa lancée comme arbitre dans les ligues du hockey féminin dans sa province natale, le Québec. Elle garde espoir de se pointer aux prochains Jeux olympiques d’hiver en 2006, à Turin, en Italie.

« Ça fait presque dix ans que j’arbitre. Ça va dépendre des feed backs que j’aurai aux compétitions nationales (le Championnat national canadien). Si j’arbitre encore dans quatre ans, j’haïrais pas ça les Olympiques. »

La directrice l’admet elle-même, déménager nuit à la carrière d’un arbitre. « L’association perd ta trace, tu changes d’arbitre en chef… ». Un voyage au nord du 60e parallèle qui n’aura toutefois pas stoppé son élan. Du 6 au 10 mars, elle sera juge de ligne pour le Championnat national féminin, qui se tient en Ontario, et arbitre à Iqaluit du 17 au 23 mars, pour les Jeux d’hiver de l’Arctique.

Elle a apprivoisé le monde du hockey sur la glace des patinoires de quartier, qu’elle a délaissées à l’adolescence à la suite de moqueries. « Les gars me lançaient des balles de neige, ne voulaient pas que je joue dans leur équipe. J’ai complètement arrêté le patin durant cinq ans. » Jusqu’au moment où des amies lui suggèrent de s’y remettre. Elle a dû réapprendre, recommencer à zéro. « C’était l’enfer. Je n’ai pas été sélectionné pour l’équipe parce que je n’étais pas assez bonne, confie l’arbitre en riant. Je n’étais pas capable de me tenir sur mes patins ! »

Finalement, c’est la ringuette et un retour au hockey qui l’a emmené vers un camp d’arbitrage à l’aréna où elle avait un emploi. Lors des séances de patinage libre, alors qu’elle était en charge de la surveillance, elle s’est mise à pratiquer son coup de patin, ses pivots, sa technique. « Quand je fais quelque chose, j’étudie ce que je fais. J’avais de la difficulté à tourner, alors j’ai changé la position de mon patin, j’ai fait attention au transfert de poids. C’était un laboratoire. »

Un laboratoire du hockey où elle a eu amplement l’occasion de constater les différences de jeu et de comportement entre les femmes et les hommes. « Ce n’est pas le même style de hockey. Dans les calibres seniors et universitaires, il n’y a pas de mises en échec, mais il y a des contacts, explique Christine. Certains disent que le jeu a plus de finesse, mais il est moins rapide. »

L’arbitre vit également sous la pression des hommes, qui la jugent sévèrement. « C’est une chasse gardée. Il faut tout le temps que tu sois meilleure que les hommes. Dès que tu sors des normes et que tu fais une gaffe, elle sera toujours considérée plus grande que si c’est un gars qui l’avait fait. »

Pourtant, celle qui pratique l’arbitrage comme loisir, considère en retirer des bienfaits qui se démarquent de ceux qu’elle acquiert derrière un micro. « Dans l’arbitrage, c’est la tempérée qui se démarque. En animation à la radio, c’est mon côté artistique. C’est un moyen d’expression. »

Une expressivité que la native de Montréal fait ressortir quand elle parle de l’arbitrage et de l’énergie sur la glace qu’elle doit palper dès les premières minutes de jeu. « Un arbitre, c’est quelqu’un qui réussit à contrôler une partie sans se faire remarquer. Il y a des joutes où tu peux appeler des punitions aux deux secondes et il faut que tu le fasses. Lors d’une autre joute, tu vas laisser passer les mêmes gestes, parce que l’intensité est différente. Il faut vraiment être réceptif aux joueurs et au genre de partie qu’ils ont l’intention de jouer. C’est une question de perception et d’anticipation.»

Pour l’instant, elle n’anticipe rien de concret après ses deux participations à Iqaluit et Ottawa, sinon rentrer au Québec et reprendre le rythme du Sud. « J’ai longtemps mis de côté l’aspect professionnel de ma vie pour avoir le temps d’arbitrer. » Christine Cadet n’envisage pas de régler au quart de tour son temps à son retour au Québec, sinon parions quelques périodes pour… fouler les patinoires.