le Vendredi 23 mai 2025
le Jeudi 22 mai 2025 14:42 Économie

Les TNO risquent de perdre des travailleurs étrangers

François Afane, directeur général du CDÉTNO, alerte sur les risques économiques pour les TNO si les permis de travail des employés étrangers ne sont pas prolongés. — Photo Cristiano Pereira
François Afane, directeur général du CDÉTNO, alerte sur les risques économiques pour les TNO si les permis de travail des employés étrangers ne sont pas prolongés.
Photo Cristiano Pereira
Trois organismes économiques du territoire demandent aux gouvernements fédéral et territorial de prolonger immédiatement les permis de travail d’employés étrangers essentiels. Ils craignent des pertes de personnel dès les prochaines semaines et des répercussions majeures pour les entreprises des TNO.
Les TNO risquent de perdre des travailleurs étrangers
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Alors que des permis de travail pour des travailleurs étrangers temporaires doivent expirer dans les prochaines semaines, trois organismes économiques du territoire ont lancé un appel commun à l’action. Le 16 mai, la Chambre de commerce de Yellowknife, le Conseil de développement économique des Territoires du Nord-Ouest (CDÉTNO) et la Chambre de commerce des TNO ont adressé une lettre conjointe à la députée Rebecca Alty et à la ministre territoriale Caitlin Cleveland, demandant une réponse rapide pour éviter ce qu’ils qualifient de crise imminente.

On parle d’un nombre important à travers tous les secteurs de l’économie des TNO et dans plusieurs régions à la fois.

— François Afane, directeur général du CDÉTNO

Dans cette lettre, les signataires tirent la sonnette d’alarme sur une situation déjà pressante : des entreprises des Territoires risquent de perdre des employés essentiels faute de pouvoir prolonger leurs permis de travail. « Des employeurs de nombreux secteurs – commerce de détail, construction, aviation, hôtellerie, santé, transport, services essentiels et plus encore – dépendent de travailleurs étrangers qualifiés », peut-on lire. Des départs pourraient commencer dès ce mois-ci, alors que le marché local ne permet pas de compenser ces pertes : le taux de chômage aux TNO reste l’un des plus faibles au pays.

« Maintenant que les élections fédérales sont terminées et que les ministres sont en place, c’est le bon moment pour agir alors que le gouvernement fédéral reprend ses travaux », explique à Médias ténois Matt Halliday, directeur général de la Chambre de commerce de Yellowknife. 

Halliday souligne que plusieurs entreprises des TNO sont confrontées à des échéances imminentes, avec des permis de travail sur le point d’expirer et aucun mécanisme en place pour retenir les employés concernés. « Nous avons entendu des entreprises dire qu’elles risquent de perdre des membres essentiels de leur équipe », affirme-t-il, en insistant sur le fait que d’autres territoires ont déjà trouvé des solutions concrètes. « Le Yukon et le Manitoba ont démontré que des prolongations de permis sont possibles, et nous croyons que les TNO méritent la même flexibilité. »

Les chambres demandent l’approbation immédiate, par le gouvernement fédéral, d’une prolongation de deux ans des permis de travail pour les travailleurs étrangers actuellement en poste aux Territoires, avec le soutien officiel du GTNO suivant le modèle déjà appliqué au Yukon et au Manitoba.

Pour François Afane, directeur général du CDÉTNO, l’urgence est indéniable. « Pour éviter d’avoir une saignée de la main-d’œuvre avec des impacts dévastateurs non seulement sur les entreprises, mais aussi sur l’économie des TNO, nous avons jugé opportun de lancer cet appel à l’action », explique-t-il à Médias ténois. 

Pour les responsables, il est difficile de quantifier avec précision l’ampleur du phénomène, mais les témoignages recueillis à travers les Territoires ne laissent aucun doute : la situation est sérieuse et généralisée. François Afane confirme qu’il n’existe pas de données consolidées à ce stade, mais selon lui, « on parle d’un nombre important à travers tous les secteurs de l’économie des TNO, et dans plusieurs régions à la fois ». Il avertit que certaines entreprises, déjà fragilisées, pourraient voir leurs activités fortement réduites, voire suspendues : « Plusieurs courent le risque d’arrêter leurs opérations à cause de la perte de leur personnel formé. »

Matt Halliday souligne que certaines entreprises des TNO risquent de perdre des employés dès ce mois-ci, faute de solutions pour prolonger leurs permis.

Photo Cristiano Pereira

Du côté de la Chambre de commerce de Yellowknife, le constat est déjà bien tangible. Matt Halliday explique que la situation touche un large éventail d’entreprises et qu’elle évolue rapidement. Il s’appuie notamment sur un sondage mené en avril et sur les échanges réguliers avec les membres de la chambre. Ces retours confirment que plusieurs employeurs sont à risque de perdre des employés qualifiés dans un délai très court : « Pour certains, les permis expirent dès ce mois-ci », alerte-t-il.

La lettre appelle aussi à un changement de fond : la mise en place d’un système d’immigration plus souple, plus adapté aux réalités régionales du Nord et moins tributaire de quotas fédéraux rigides. « La Chambre de commerce de Yellowknife et ses partenaires communautaires ont déjà souligné plusieurs fois le besoin d’augmenter les quotas d’immigration et de mettre en place une stratégie à long terme, adaptée aux réalités des collectivités nordiques », rappelle le document.

Les signataires espèrent une réponse rapide de la part des autorités territoriales et fédérales.