L’étude repose sur une méthodologie rigoureuse : plus de 250 personnes consultées, 13 visites communautaires, et l’analyse de 200 documents officiels. Ce que la firme Transitional Solutions Inc. (TSI) en retient : malgré la résilience et le dévouement remarquables de nombreux intervenants, « le système en place s’est révélé fragmenté, mal préparé, et incapable de répondre efficacement à une crise de cette ampleur. » Cette étude, commandée par le GTNO et réalisée par la firme TSI, juge nécessaire une révision en profondeur de la gestion des urgences par le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest.
Parmi les propositions les plus urgentes figure la création d’une agence territoriale dédiée à la gestion des urgences, qui travaillerait toute l’année avec une gouvernance indépendante. Selon les auteurs, le modèle actuel, basé sur des structures locales, régionales et territoriales activées seulement en cas de crise, « a montré ses limites lors d’un désastre de grande ampleur ». Le manque de coordination a entrainé des retards, des décisions floues et un sentiment généralisé d’improvisation.
Ce bilan reflète ce que les gens ont vécu et les leçons que nous devons en tirer.
Selon la firme mandatée, l’absence de plan spécifique pour une éventuelle évacuation de Yellowknife a été un facteur clé de la désorganisation observée. Un manque de préparation à un tel scénario a laissé place à l’improvisation : « La saison 2023 a montré que, sans plans coordonnés et régulièrement validés, le système se replie sur l’improvisation dans les moments critiques », peut-on lire.

Malgré l’engagement remarquable des pompiers, un rapport indépendant souligne des failles systémiques dans la gestion des urgences en 2023.
Le rapport rappelle que de nombreuses personnes en poste n’avaient pas les compétences nécessaires pour gérer une telle crise. Moins de la moitié des personnes affectées à des rôles dans le Système de commandement des interventions (SCI) avaient reçu une formation adéquate. Les auteurs recommandent que la formation SCI soit obligatoire pour les élus et les gestionnaires d’urgence, et intégrée dans le fonctionnement quotidien du gouvernement.
Autre constat majeur : les gouvernements autochtones doivent devenir des partenaires à part entière de la gestion des urgences. Le rapport recommande leur intégration formelle dans la planification et les décisions, y compris par des changements législatifs. Il évoque aussi la nécessité de respecter les savoirs traditionnels et de tenir compte de l’impact culturel des déplacements.
La communication publique est également pointée du doigt. Le système Alerte TNO était jugé confus et contradictoire par de nombreux citoyens. « Les communications au public étaient cloisonnées, parfois contradictoires, retardées, et souvent peu crédibles aux yeux des communautés », résume la firme TSI. Seules les mises à jour des cartes des feux de forêt en temps réel sont saluées pour leur clarté.
Les auteurs notent aussi une perte de confiance profonde envers le gouvernement, nourrie par un manque de transparence et une mauvaise circulation de l’information.
Le rapport appelle à mieux soutenir les personnes vulnérables, à clarifier la notion de services essentiels, à planifier plus sérieusement les réceptions d’évacués, et à introduire des modèles de soutien psychologique adaptés aux traumatismes vécus. La firme recommande aussi de renforcer la littératie en matière d’assurance, un domaine où beaucoup de Ténois ont eu du mal à s’y retrouver.
Malgré un ton critique, le rapport souligne le courage et la solidarité dont ont fait preuve les citoyens, les ONG et les employés du GTNO. « Beaucoup ont assumé des rôles qui dépassaient leur mandat pour assurer la continuité des services et le soutien à l’évacuation », note TSI.
En réaction, le premier ministre R. J. Simpson a salué « une évaluation objective par une tierce partie » et remercié toutes les personnes ayant partagé leurs témoignages. « Comme de nombreux Ténois, j’ai dû quitter ma maison. Je comprends à quel point cette période a été bouleversante. Ce bilan reflète ce que les gens ont vécu et les leçons que nous devons en tirer. »
Le ministre des Affaires municipales, Vince McKay, estime que le rapport « offre un regard clair et honnête sur les interventions du GTNO et de ses partenaires ». Il souligne que plusieurs mesures sont déjà en cours : mise à jour du plan d’urgence, campagnes de sensibilisation, formations pour la fonction publique et travail avec les collectivités.
Le GTNO a indiqué qu’une réponse officielle à l’ensemble des recommandations serait publiée à l’été 2025. D’ici là, aucune autre déclaration ne sera faite. Les responsables affirment toutefois que ce rapport conforte les orientations déjà prises pour bâtir un système plus efficace, inclusif et résilient.