Pour la mère monoparentale, 275 dollars permettent de nourrir ses enfants pendant deux semaines. C’est le montant qu’elle ne voit jamais sur son chèque de prestation fiscale canadienne pour enfants (PFCE). Selon la résidente de Yellowknife, ce montant provenant du fédéral est prélevé directement par le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest.
« Je ne sais pas pourquoi le gouvernement reprend cet argent », s’exclame Anne-Marie Giroux, qui, afin de rester à la maison pour s’occuper de ses enfants, vit de la sécurité du revenu.
Administrée par l’Agence des douanes et du revenu du Canada, la PFCE est un chèque qui intègre les fonds réservés aux programmes de soutien aux familles des gouvernements provinciaux et territoriaux. Chaque mois, Anne-Marie Giroux reçoit, pour elle et ses trois enfants, un montant de 697 dollars, dont 275 proviennent du fédéral. Le calcul est basé sur la déclaration de revenu de l’année précédente et sur l’état matrimonial des parents.
Selon Linda Ecklund, gestionnaire du programme de la sécurité du revenu aux T.N.-O., cet argent est déduit mais réinvesti dans d’autres programmes. « Il en est ainsi puisque les programmes d’allocation pour enfants fédéraux et territoriaux ne sont pas destinés exclusivement aux familles vivant de la sécurité du revenu. »
Chaque famille à faible revenu est admissible à trois programmes, la prestation fiscale pour enfants, la prestation nationale pour enfants et le supplément pour enfants des T.N.-O. Seules les familles ayant accumulé un revenu entre 3 750 $ et 10 000 $ et ayant résidé dans le Nord au cours de l’année de référence ont droit au supplément territorial pour travailleurs. La déduction du montant provenant du fédéral est réinvestie dans trois programmes territoriaux, le supplément pour enfants des T.N.-O., le supplément territorial pour travailleurs et dans le Healthy Children Initiative.
Dans le cas de la mère monoparentale, si elle n’était pas sur le marché du travail au cours de l’année 2001, elle ne peut toucher le supplément territorial pour travailleurs. Ce qui, effectivement, peut amputer son chèque d’un certain montant, « qui ne doit pas être très élevé », selon Linda Ecklund, qui ajoute que les familles sont mal informées, surtout celles qui touchent pour la première fois la PFCE.
Parce qu’elle ne comprend pas et parce qu’elle n’arrive pas à joindre les deux bouts, Anne-Marie Giroux a lancé une pétition qui s’est retrouvée sur le bureau du député de Yellow-knife Sud, Brendan Bell. Son papier de contestation a fait le tour de 33 communautés des T.N.-O. et a amassé 613 signatures.
« Ce n’est pas ma cause, c’est la cause des enfants », soutient celle qui a créé des partenariats avec l’Armée du Salut, le Centre des Femmes de Yellow-knife, le Conseil sur la condition de la Femme des T.N.-O. et le YMCA. « Je suis allée me chercher des partenaires politiques. »