le Dimanche 4 mai 2025
le Vendredi 22 mars 2002 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Société

Une question de culture plus que de religion L’Islam et les femmes

Une question de culture plus que de religion L’Islam et les femmes
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« Dans le film, nous avons vu des femmes du Nord et du Sud de l’Afrique. Je crois que leur situation avait plus à voir avec la culture de ces régions qu’avec la religion », a fait savoir le Dr Wameed Hâssan lors de la discussion qui a suivi la projection du film « Mon cœur est témoin ». L’activité, organisée par l’AFCY, a eu lieu le 7 mars dernier, veille de la Journée internationale de la femme.

Celle qui a eu l’idée de présenter cette soirée, France Benoît, est d’ailleurs sortie ravie de la discussion. « On a répondu à plusieurs de mes questions, mais il m’en reste encore bien d’autres en tête. Par exemple, j’aimerais approfondir mes connaissances sur les différences entre la religion et la culture, sur le port du voile et sur les différentes interprétations des écritures », ajoute-t-elle.

Le Dr Hâssan considère aussi qu’il s’agissait d’une soirée réussie. « C’était une opportunité pour nous, en tant que musulmans canadiens, de profiter de la Journée internationale de la femme pour faire connaître les valeurs de l’Islam face aux femmes en tant que mère, sœur, fille ou même voisine ou amie », dit-il.

Selon lui, la question de la femme et de l’Islam en est surtout une d’enseignement du livre saint, le Coran. « Pour bien comprendre le livre, il faut savoir lire l’arabe et l’on ne peut pas ne prendre qu’un verset et laisser tout le reste. Il y a des gens qui passent des vies entières à comprendre les écritures », dit-il.

Selon lui et sa femme, Ansam Abdulhapidh, le Coran prend grand soin des femmes. « Quand un couple en arrive à un cul-de-sac, l’Islam permet le divorce. Mais l’homme devra continuer de la supporter et de supporter sa famille. Certaines religions ne permettent pas le divorce et obligent la femme à rester prise dans de graves situations », dit-elle en ajoutant que sa religion considère la femme comme l’égale de l’homme, avec les mêmes droits et obligations.

« La femme a droit à son opinion, elle peut accepter ou refuser le mariage avec l’homme qui la convoite. S’il propose le mariage, il doit donner une dot à sa femme et ce sera ce qu’elle veut. Après le mariage, il doit la supporter financièrement et ne peut pas l’obliger à aller travailler si elle ne le désire pas. Si elle allaite son enfant, il doit lui payer un salaire et si elle vient d’une famille riche et qu’elle n’a jamais fait de tâches ménagères, il doit lui fournir une servante », d’expliquer Mme Abdulhapidh qui ajoute que si elle travaille, elle peut faire ce qu’elle veut de son salaire, « tant qu’il est dépensé intelligemment ».

Selon le couple, les femmes occupent donc une place d’importance dans l’écriture religieuse. « Si j’ai une fille et que je l’élève bien, elle sera ma clé pour le paradis », d’ajouter Mme Abdulhapidh qui ajoute que le prophète Mohammed a dit que c’est la mère qui est la personne qui mérite le plus notre respect.

Selon le Dr Hâssan, on ne peut relier la religion et la situation de femmes qui sont maltraitées dans certains pays. « En Amérique du Nord, il y a beaucoup d’abus envers les femmes aussi. Ce n’est pas une question de religion, c’est une question de société et de contexte », explique-t-il tout en ajoutant que plusieurs pays qui se disent islamiques ne le sont que par leur population à majorité musulmane. « Les dirigeants disent qu’ils sont musulmans, mais ne suivent pas l’enseignement du Coran ».

Selon lui et son épouse, plusieurs pays font exprès pour garder leur population dans l’ignorance afin de garder le pouvoir. « Dans le film que l’on a vu, la situation des femmes du Mali avait plus à voir avec la pauvreté qu’avec la religion », d’expliquer Mme Abdulhapidh.

L’après 11 septembre

La vie a changé pour M. Hâssan et son épouse depuis le 11 septembre dernier. « Un jour, mon fils qui est né au Canada, va se lever et dire qu’il est Canadien. Mais la réalité, c’est qu’il n’aura peut-être pas les mêmes droits que les autres Canadiens. Qu’est-ce qui nous arrive à nous qui sommes venus au Canada avec nos rêves en pensant que ce serait notre terre du futur ? » de s’inquiéter Mme Abdulhapidh.

Selon elle et son mari, tout le monde devrait être apeuré par l’actuelle attitude du président Bush. « Avec les relations entre le Canada et les États-Unis, est-ce que le Canada pourrait vraiment refuser de suivre les États-Unis s’ils décident d’étendre la guerre à d’autres pays ? », de s’interroger le Dr Hâssan.

Mme Abdulhapidh compare le gouvernement américain à l’enfant le plus costaud que l’on retrouve à la maternelle. « Les États-Unis ont toujours eu besoin d’un ennemi. Comme l’enfant le plus fort à la maternelle, il va trouver quelqu’un sur qui frapper pour montrer qu’il est le plus fort. Même si tous les enfants s’opposent à son attitude, il va continuer parce qu’il a besoin de le prouver » soutient-elle.

Selon eux, le gouvernement américain a peut-être pointé des musulmans du doigt trop vite, sans preuve. De plus, ceux-ci se demandent s’il était justifié d’aller bombarder un pays et sa population pour mettre la main sur une seule personne. « Quand les Français cherchaient Marcos, ils l’ont simplement demandé au gouvernement du Soudan et ils ont fini par l’avoir », d’ajouter le Dr Hâssan.