En constatant que le prix de leur police d’assurance commerciale a fait un bond prodigieux au moment du renouvellement, plusieurs entreprises se sont fait répondre qu’il s’agissait des conséquences des événements du 11 septembre. Cependant, la hausse était prévisible depuis plus longtemps, selon plusieurs.
Pour le vice-président exécutif du Bureau d’assurances du Canada, Stanley Griffin, les événement du 11 septembre n’ont été « que le glaçage sur le gâteau ». «Les coûts de plusieurs types d’assurances, incluant l’assurance commerciale, ont effectivement augmenté au cours de la dernière année. Mais on peut dire que la hausse avait débuté avant le 11 septembre », croit-il.
Selon lui, les récentes hausses des coûts de l’assurance sont principalement un réajustement du marché. « Il y a beaucoup de compétition dans ce domaine, alors les compagnies ont gardé leur prix plutôt bas. Les prix des réclamations ont augmenté, ce qui a causé une correction dans le marché », explique-t-il. «Quand les courtiers attribuent les hausses aux événements du 11 septembre, ce n’est que partiellement vrai », d’ajouter M. Griffin.
Là où les événements du 11 septembre pourraient intervenir dans le prix des assurances, c’est au niveau des compagnies de réassurances. Ces compagnies assurent les compagnies d’assurance que l’on connaît et, finalement, paient les différentes réclamations à leur place. Seulement quelques grosses compagnies à travers le monde sont actives dans ce domaine et elles auront à payer pour ce qui s’est produit à New York.
« Quand les compagnies canadiennes ont acheté de ces assurances, leurs prix avaient augmenté significativement, facture qui pourrait être passée aux détenteurs de police », de signaler M. Griffin. Cependant, la compétition, toujours féroce dans le domaine, a pu pousser les compagnies à absorber elles-mêmes la hausse des coûts de réassurance, ajoute-t-il.
À titre de vice-président exécutif d’une organisation représentant 90 pour cent des compagnies d’assurance du Canada, M. Griffin souligne qu’il ne connaît qu’une compagnie canadienne qui a été directement impliquée dans le désastre du World Trade Centre. Selon lui, l’évaluation exacte des pertes encourues par les attentats ne sera pas connue avant plusieurs années. « On peut parler de 50 milliards de dollars. Ce sera le plus gros dédommagement versé par les compagnies d’assurances », ajoute-t-il.
Au Québec, le mouvement Desjardins a aussi enregistré une hausse au niveau des assurances commerciales. «Nous n’imputons pas cette hausse au 11 septembre. Les primes de réassurance ont augmenté, mais avant que cela ne se reflète à la clientèle, il y a beaucoup d’autres facteurs à considérer », de souligner Gina Perreault, du Groupe Desjardins, Assurances générales, qui explique les hausses par les mêmes facteurs que M. Griffin.
Pour Marc Migneault, avocat à Option consommateurs, organisme voué à la défense des consommateurs, les assurances demeurent un marché favorables aux consommateurs. M. Migneault soulève un nouveau facteur qui peut influer dans le prix que paiera le consommateur d’assurances. « Le rendement en bourse des investissements des compagnies d’assurances n’est pas extraordinaire », fait-il remarquer.