le Samedi 2 août 2025
le Vendredi 1 août 2025 8:09 Francophonie

« Il faut trouver un moyen de renforcer la francophonie un peu partout »

François Rouleau est titulaire des baccalauréats ès arts avec concentration en psychologie et en éducation (spécifiquement préscolaire et primaire) de l’Université du Québec à Montréal, ainsi qu’une maîtrise en administration scolaire de l’Université de Moncton. — Courtoisie CSFTNO
François Rouleau est titulaire des baccalauréats ès arts avec concentration en psychologie et en éducation (spécifiquement préscolaire et primaire) de l’Université du Québec à Montréal, ainsi qu’une maîtrise en administration scolaire de l’Université de Moncton.
Courtoisie CSFTNO
À partir de la rentrée prochaine, François Rouleau occupera le poste de nouveau directeur général de la Commission scolaire francophone des Territoires du Nord-Ouest. Le successeur d’Yvonne Careen s’est entretenu avec Médias ténois à la veille de son départ pour la capitale.
« Il faut trouver un moyen de renforcer la francophonie un peu partout »
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Après 36 ans de bons et loyaux services en éducation aux TNO, Yvonne Careen cède sa place à la CSFTNO. La Ténoise sera remplacée dès la rentrée prochaine par François Rouleau. Fort de 34 ans d’expérience dans l’éducation francophone en contexte minoritaire au Nunavik, à l’Île-du-Prince-Édouard et en Nouvelle-Écosse, ce Québécois d’origine arrivera début aout au poste de directeur général à Yellowknife. Médias ténois a eu la chance de pouvoir s’entretenir avec lui avant son « pèlerinage » vers le Nord, comme il aime à l’appeler.

Vous n’êtes pas un novice en éducation francophone dans un contexte minoritaire. Qu’est-ce qui vous amène à quitter la Nouvelle-Écosse, où vous étiez installé depuis plus de 28 ans ?  

Je suis établi en Nouvelle-Écosse depuis un bon moment, mais j’ai commencé ma carrière dans le Grand Nord québécois, dans une petite communauté inuite du nom d’Inukjuak. Au départ, quand je me suis lancé dans l’éducation, je voulais voyager, ce que j’ai plus ou moins fait. Mais j’ai fini par rencontrer une dame néo-écossaise et je m’y suis enraciné dans cette région. Nos enfants ont désormais grandi et j’avais envie de repartir à l’aventure. Le fait d’aller à l’étranger, dans le contexte actuel, me tentait plus ou moins et l’idée de m’installer dans le nord du Canada m’a beaucoup plu. 

Je sais que dans les territoires, il y a plusieurs communautés de Premières Nations, ça m’intéresse énormément de travailler avec eux, de collaborer sur différents projets.

Concernant le poste que vous allez occuper, vous succédez à Yvonne Careen, qui a exercé 36 ans dans ce domaine et qui laisse, selon la vice-présidente de la CSFTNO, Jessica King, une « empreinte durable ». Comment appréhendez-vous cette nouvelle fonction ? Est-ce que vous sentez une petite pression ?

J’exerce au sein d’un contexte francophone minoritaire depuis un certain temps, et, pour moi, tous ces gens-là permettent de bâtir une francophonie hors Québec. 

Je suis reconnaissant de tout le travail qu’Yvonne a fait, c’est une pionnière et je suis honoré qu’on me donne la chance de lui succéder. Je compte poursuivre le travail qu’elle a entamé, parce qu’il faut rappeler que, mettre les bases, ce n’est pas facile. J’espère qu’on va continuer à travailler avec le conseil élu pour continuer à grandir. Il faut trouver un moyen de renforcer la francophonie un peu partout car c’est une vision que nous avons tous, qu’on soit enseignant ou employé à toutes sortes de niveaux. C’est en tout cas ce que j’espère de mon séjour aux Territoires du Nord-Ouest.

On n’a pas seulement la responsabilité d’éduquer les enfants, on doit les accompagner dans leur cheminement afin d’établir cette communauté francophone. 

— François Rouleau, nouveau directeur général de la Commission scolaire francophone des Territoires du Nord-Ouest

Qu’est-ce qui différencie une éducation aux TNO de celle de la Nouvelle-Écosse ? On peut imaginer que les réalités ne sont pas les mêmes.

Je vais certainement apprendre beaucoup en arrivant aux TNO. En Nouvelle-Écosse, ce qui est particulier et que les gens oublient souvent, c’est que les francophones se sont établis ici en premier. Certaines personnes au Québec vont me tomber dessus, mais le premier établissement francophone y a été installé en 1604. Il y a donc une histoire particulière avec la francophonie. Dans les Territoires, on est arrivé beaucoup plus tard et c’était vraiment l’aventure. La relation est complètement différente entre les Premières Nations, les francophones et les anglophones. Je vais donc être à l’écoute, prendre le temps de comprendre la communauté locale. J’ai remarqué qu’il y avait beaucoup de francophones venus d’un peu partout. Ça semble être une communauté très ouverte, assez jeune aussi, avec une certaine vitalité.

Si on remonte un peu dans le temps, vous avez déclaré dans un article daté de 2020 du Courrier de la Nouvelle-Écosse, que vous accordiez une importance à un « dialogue authentique, bidirectionnel et intergénérationnel » pour permettre la réussite des élèves et le développement d’une éducation de qualité. Comment comptez-vous appliquer cela dans vos nouvelles fonctions ? 

Je ne pense pas que je ferai différemment. En milieu minoritaire, on parle de « double mission ». Ce n’est pas la simple mission d’éduquer les enfants, on cherche aussi à bâtir nos communautés. Pour ce faire, la commission scolaire n’est pas seule et doit être accompagnée de tous les autres partenaires, organismes, médias, qui doivent assurer la pérennité de ces communautés. 

Une des premières choses que je vais faire – après avoir bien sûr rencontré Mme Careen – c’est aller rencontrer les partenaires comme les regroupements des ainés, des conseils jeunesses, de développement économique. 

On n’a pas seulement la responsabilité d’éduquer les enfants, on doit les accompagner dans leur cheminement afin d’établir cette communauté francophone. 

Parmi les problèmes rencontrés par la CSFTNO, il y a notamment le manque de place pour les élèves, ce qui conduit souvent une réorientation vers des établissements anglophones. Comment allez-vous aborder cette situation délicate ? 

Il y a toutes sortes de cas de cours, comme en 2020 en Colombie-Britannique, qui établissent clairement les minimums requis pour établir une école. Ce sont des choses sur lesquelles on va certainement avoir à se pencher. J’ai besoin de rencontrer la commission scolaire, les conseillers élus pour voir quel est l’ordre de priorité. On doit pouvoir offrir l’espace et l’éducation qu’un ayant droit mérite. Ça, c’est non négociable et je suis certain que c’est la position de la Commission scolaire. 

Fin juin, on apprenait que trois membres du personnel de soutien de l’école Allain-St-Cyr n’avaient pas vu leur contrat renouvelé en raison des incertitudes entourant le financement du principe de Jordan pour l’année 2025-2026. Est-ce que vous avez eu des nouveautés à ce sujet ? Comment comptez-vous suivre ce dossier ? 

Je suis familier avec le principe de Jordan parce qu’en Nouvelle-Écosse, on a eu des embauches, dans ce cadre-là, d’aides-enseignantes. Il y a un impact au niveau national. Maintenant, je serai officiellement à la direction générale au mois d’aout, je n’ai donc pas encore eu de discussions à ce sujet avec l’équipe. Mais c’est certain que ce sera important de voir par quels moyens accompagner ces jeunes issus des Premières Nations. Il faut identifier comment aller chercher le financement pour les accompagner, parce que c’est de ça que l’on parle ici, d’une enveloppe de financement, d’un processus pour aller chercher des ressources additionnelles.

Côté loisirs, est-ce que vos activités « parascolaires » vont vous suivre jusqu’au TNO ? 

Pour moi, être à Yellowknife, c’est aller à la pêche, faire de la randonnée… J’aime le plein air et le froid ne me fait pas peur, donc je suis certain que je vais me trouver tout un tas de passetemps. Il y a plein d’évènements sportifs et cultures, à l’école ou non, auxquels ma femme et moi participerons.