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le Vendredi 20 septembre 2002 0:00 Culture

Culture Percer à coup de talent et de dollars

Culture Percer à coup de talent et de dollars
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Les musiciens francophones en émergence aux Territoires du Nord-Ouest peuvent espérer faire carrière au pays.

Les artistes musiciens des T.N.-O. peuvent rêver de scènes, tournées et spectateurs. De nouveaux programmes d’aide financière de la fondation Musicaction ouvrent la porte d’un monde habituellement réservé aux privilégiés. Pour les résidents des T.N.-O., plus besoin de croire que seules les villes de Montréal, d’Ottawa et de Moncton produisent des musiciens qui gagnent leur vie avec leur métier.

Le représentant de Musicaction, Yvan Whittom, a fait un détour un nord du 60e parallèle, le 11 septembre dernier, pour annoncer la bonne nouvelle aux musiciens et représentants d’organismes francophones. Les musiciens en émergence vivant hors Québec peuvent empocher jusqu’à 9 000 $ pour se lancer en carrière. Ce montant, qui n’a pas à être remboursé, sert à couvrir les frais de production d’une maquette de trois chansons, à organiser des activités de promotion, à produire un spectacle et à suivre des formations de perfectionnement.

« C’est la révolution Musicaction, a-t-il déclaré. Non seulement c’est nouveau chez nous, mais je n’ai jamais vu un financement à 100 % nulle part. » Ce volet de la fondation n’est offert qu’aux lauréats de concours québécois. Par contre, toutes les demandes provenant d’artistes résidant à l’extérieur du Québec sont acceptées.

Pour ceux qui doutent de pouvoir concurrencer avec des artistes du Sud devant les membres du jury, pas de panique. La fondation a pensé à tout et a révisé ses programmes au printemps dernier. Dorénavant, les artistes provenant d’une province ou d’un territoire hors Québec seront jugés par un jury composé de professionnels hors Québec. « Ce programme est fait expressément pour les artistes hors Québec. C’est pour leur donner le même accès à l’industrie du disque que les artistes québécois », a ajouté Yvan Whittom, devant la dizaine de personnes qui n’en espéraient pas tant.

Les critères sont plus souples pour les francophones en régions, mais pas question de réviser à la baisse la qualité du produit. La fondation s’adresse à des artistes qui veulent faire carrière. Si vous ne maîtrisez que quelques accords de guitare et que vous avez la voix nasillarde, mieux vaux envisager le bar du coin. « Musicaction n’est pas intéressée à donner des coups d’épée dans l’eau. »

Parmi les autres programmes, Musicaction offre un financement pour la production d’un album, la commercialisation et le démarchage sur la scène internationale. Le financement est assuré à 50 % et n’est remboursable qu’à concurrence de 10 000 albums vendus.

Le seul hic de ces programmes, c’est qu’il faut absolument que l’artiste soit pris en charge par un distributeur accrédité par Musicaction. Ce qui est plutôt ardu comme démarche pour un artiste isolé, quand la plupart des distributeurs ont un marché basé dans l’Est du pays. Présentement, trois distributeurs ontariens font de la distribution dans l’Ouest canadien. Mais les conditions imposées font parfois reculer les musiciens. « J’ai entendu des choses dans ma tournée qui m’ont fait un peu sursauter, a mentionné Yvan Whittom. Par exemple, un distributeur qui est prêt à signer avec un groupe, mais qui ne place pas les albums sur les tablettes et qui ne tente pas de le faire. Il ne fait qu’une distribution sur commande. » Difficile pour un musicien de gagner sa vie de cette façon. Parfois, le distributeur demande à l’artiste de préparer une tournée avant même que l’album soit prêt. Pour le représentant de Musicaction, ces conditions sont irréalistes. « C’est impossible. Tu ne peux pas programmer une tournée sérieuse si tu n’as pas d’album! »

La fondation prévoit rencontrer les distributeurs de l’Ouest pour leur expliquer la situation. « Je sais que ce n’est pas facile dans l’Ouest, et c’est vraiment dans l’Ouest qu’il y a un problème. » Selon Yvan Whittom, un album qui n’a pas de distributeur n’a à peu près aucune chance de succès. « Qu’est-ce que le succès ? », a demandé l’un des participants à la rencontre. « Vendre des albums et gagner sa vie avec ça. Sans distributeur, tu es sûr que ça ne t’arrivera jamais », a-t-il répondu. Certains se sont questionnés sur la visibilité d’un artiste du Nord, qui a ses albums sur des tablettes dans le Sud, mais qui n’est connu de personne. « Il faut alors un bon plan de commercialisation », a rétorqué Yvan Whittom, qui a donné en exemple le groupe franco-manitobain Hart Rouge, qui a réussi à conquérir le pays il y a quelques années.

La date limite pour faire une demande de financement est le 30 septembre prochain, avec possibilité de prolongation jusqu’au 14 octobre. Les formulaires sont disponibles en ligne au www.musicaction.ca