Le parc national Wood Buffalo aide le gouvernement canadien à devenir chef de file dans la biotechnologie.
À la fin de l’été 2002, un groupe de chercheurs canadiens et américains s’est rendu au parc national Wood Buffalo afin de recueillir des échantillons de l’environnement et de son principal habitant : le bison. Les données ont été ramenées en laboratoire et, depuis, les chercheurs font une batterie de tests. Ce que le parc national recèle, et qui est très précieux pour la recherche, est le bacille du charbon, ou plus communément appelé anthrax.
Les deux dernières années ont été néfastes pour les cheptels de bisons, qui ont été atteints d’une épidémie de spores du bacille, qui a coûté la vie à près de 200 bisons en 2000 et 2001. Pour Recherche et développement pour la défense Canada (RDDC), qui relève du ministère de la Défense, cette concentration élevée de spores est une mine d’or pour le développement d’équipements de pointe. Avec un peu de temps et de travail, les prélèvements serviront à déterminer quels équipements spécialisés dans la détection du bacille sont les plus efficaces. Kent Harding, du bureau de RDDC situé en Alberta, s’est rendu sur place à deux reprises et estime que la situation du parc est très stimulante pour les chercheurs. « La présence du bacille sous forme naturelle a posé un véritable défi au processus de cueillette des échantillons, car notre objectif est de pouvoir détecter la présence du bacille sur place, près du lieu où on l’a découvert. » De sorte qu’il n’y a pas une minute de perdue quand la menace est imminente.
Le bacille du charbon a fait l’objet d’une saga de paranoïa aux États-Unis, en octobre 2001, tout juste après les évènements du 11 septembre, qui s’est avérée en partie fondée. Au total, cinq personnes sont décédées après avoir reçu du courrier contaminé. Les menaces de guerres bactériologiques ont contribué à la vague de terreur, de sorte que le gouvernement canadien a fait de la recherche sur le bacille l’une de ses priorités. Mais RDDC était sur le terrain bien avant que la bactérie ne fasse ses ravages en Amérique du Nord. « C’était la deuxième fois que nous allions dans le parc national, raconte le scientifique en chef Kent Harding. La première fois, c’était en octobre 2001, soit juste avant les évènements. Le bacille a été identifié depuis un certain temps comme une véritable menace par les cercles anti-terrorisme et militaires. Les évènements de l’an dernier aux États-Unis ont prouvé que c’était le cas. »
Ce que les chercheurs veulent développer, ce sont des équipements spécialisés dans la détection de l’ADN. La technologie de l’analyse de gènes, ou gene probe en anglais, permet de déterminer très rapidement les différents types de bactéries sur la base de leur ADN, ou leur bagage génétique. Depuis les attaques au bacille en 2001, la recherche technologique s’est grandement accélérée. « Parce qu’il s’agit d’un besoin majeur, il faut connaître le plus vite possible à quel genre de bactérie nous faisons affaire, estime le scientifique en chef. Si cette bactérie exige que nous mettions en place certains scénarios, plus vite nous le savons, plus rapidement le scénario sera en place et le territoire sera mis en quarantaine et nettoyé. »
Selon RDDC, les équipements qui existent présentement, et qui seront développés au cours de la prochaine année, représentent la nouvelle génération dans l’identification génétique.