le Mercredi 20 août 2025
le Dimanche 17 août 2025 8:19 Culture

L’Ours : une fable animalière entre réalisme et poésie

L'ours, actuellement à (re)découvrir sur la plateforme Amazon Prime.
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L'ours, actuellement à (re)découvrir sur la plateforme Amazon Prime.
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Pour cette chronique, j’ai choisi de m’intéresser à L’Ours de Jean-Jacques Annaud, un film culte des années 80 qui a marqué toute une génération. Ce long-métrage, à la fois pour les enfants et les adultes, offre une expérience unique, car il se visionne différemment selon l’âge et le vécu de chacun.
L’Ours : une fable animalière entre réalisme et poésie
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En 1988, après le succès mondial du Nom de la rose, le réalisateur français Jean-Jacques Annaud étonne les cinéphiles avec un nouveau film aux allures avant-gardistes. Inspiré du roman Le Grizzli de James Oliver Curwood, L’Ours met en avant une narration quasi muette, faisant de l’image et du son de véritables narrateurs, et où des animaux non anthropomorphisés sont les protagonistes de cette fable animalière.

Le film raconte l’histoire d’un ourson orphelin, errant dans les forêts majestueuses de la Colombie-Britannique après la mort tragique de sa mère. Sur son chemin, il croise la route d’un énorme grizzli solitaire qui, un peu malgré lui, va le prendre sous son aile. Ce duo improbable affronte ensemble la faim, les éléments canadiens, mais aussi une traque obstinée menée par deux chasseurs, dont l’un est interprété par Tchéky Karyo. La singularité de ce film repose sur le fait que la caméra de Jean-Jacques Annaud choisit un point de vue rarement utilisé au cinéma : celui des animaux eux-mêmes, et propose une perception du monde à travers leurs sens, leurs émotions et leur vision de la nature environnante.

Affiche du film sorti en 1988

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Ce qui séduit d’abord dans L’Ours, c’est son réalisme pur. Jean-Jacques Annaud a fait le choix judicieux de ne pas faire parler les animaux et de construire une véritable confrontation entre ours et chasseurs dans le Canada de la fin du XIXe siècle. Il n’y a pas d’artifice inutile, et le portrait de la relation entre la vie sauvage et le monde de l’homme est réaliste et authentique. Toutefois, le réalisateur propose une œuvre moralisatrice, qui renverse la perspective des trappeurs en quête de peaux de bête. Ici, l’homme ne domine pas la situation. Les ours sont forts, résilients et dotés d’une intelligence émotionnelle vive. Leur violence est moindre et utilisée uniquement dans une perspective de survie et de défense. On ne peut s’empêcher de s’attacher aux deux ours et à leur relation unique.

En somme, L’Ours est un film à part, émouvant, qui rend hommage aux animaux bien plus qu’aux hommes. Annaud signe une réalisation sensible, portée par une direction de la photographie remarquable, où chaque image est composée avec soin. Ce regard précis et respectueux sur le monde sauvage confère au film une originalité qui demeure rare aujourd’hui.