
« Les négociations sur un traité mondial juridiquement contraignant sur les plastiques sont à un moment critique », selon le Conseil circumpolaire inuit.
Alors que de nombreux pays ont rejeté la proposition de texte pour un futur traité international contre la pollution plastique, le Conseil circumpolaire inuit présent à Genève lors des pourparlers a affirmé sa position. « Les négociations sur un traité mondial juridiquement contraignant sur les plastiques sont à un moment critique. Nous appelons les États à reconnaitre les principes fondamentaux sur lesquels ce traité doit être fondé, notamment qu’il doit inclure une approche fondée sur les droits humains. Le cycle de vie des plastiques doit être pris en compte. »
Par ailleurs, les mesures de lutte contre la pollution plastique ne doivent pas porter atteinte aux droits distincts des Inuits, y compris leur droit inhérent à l’autodétermination, selon Sara Olsvig, présidente du Conseil circumpolaire inuit.
Le dernier jour des pourparlers, de nombreuses délégations ont fait part de leur déception à la lecture de la proposition de texte. Décrite comme inacceptable et déséquilibrée, aucune mesure juridiquement contraignante n’apparait dans le texte qui ne peut servir de base à des négociations futures.
Nous appelons les États à reconnaitre les principes fondamentaux sur lesquels ce traité doit être fondé, notamment inclure une approche fondée sur les droits humains et que le cycle de vie des plastiques doit être pris en compte.

Pour Michael Bonser, sous-ministre adjoint à Environnement et Changement Climatique Canada et chef de la délégation présente à Genève, les négociations ont été particulièrement difficiles.
La participation des peuples autochtones de l’Arctique
L’Arctique est loin d’être épargné par le fléau de la pollution plastique. Les microplastiques ont pénétré dans l’Arctique par le biais de voies de transport à longue distance et de sources locales et persistent dans cet environnement. Des fragments de microplastiques ont été trouvés dans la neige, la glace de mer et l’eau de mer de l’Arctique. Ils contaminent aussi les maillons de la chaine alimentaire qui impacte directement le régime alimentaire traditionnel des Inuits.
Mme Olsvig reconnait que la pollution plastique est un problème complexe qui touche les Inuits de l’Arctique, mais également les peuples autochtones du monde entier. Dans un communiqué de presse du 13 aout dernier, le Forum international des peuples autochtones sur le plastique (IIPFP) dénonce une « occasion manquée » qui illustre une diversité de façade et réduit au silence les peuples autochtones ».
Selon Juressa Lee, coprésidente de l’IIPFP, le texte proposé ne traite ni des droits de l’homme ni des droits des peuples autochtones. Mme Lee condamne une proposition qui joue le jeu de l’industrie fossile.
« Le nouveau projet de texte du président est une capitulation désespérée devant l’industrie des combustibles fossiles et démontre le dysfonctionnement de ces négociations. Le projet ne prévoit pas d’approche contraignante en matière de droits de l’homme », déplore-t-elle.
Le point de vue de la délégation canadienne
Pour Michael Bonser, sous-ministre adjoint à Environnement et Changement climatique Canada et chef de la délégation présente à Genève, cette semaine de négociations s’est révélée compliquée.
« C’est l’une des négociations les plus difficiles auxquelles j’ai jamais participé. Il y a de nombreux intérêts en jeu, provenant de nombreux pays. Nous essayons de concilier de nombreux points de vue », a-t-il déclaré lors d’un point technique le 15 aout 2025.
Lors des pourparlers, la délégation canadienne avait indiqué qu’un traité significatif devrait inclure des références fortes et significatives aux peuples autochtones et à leurs connaissances dans tous les aspects des paragraphes opérationnels, des références substantielles à la production et à la consommation durables. Un langage fort démontrant un engagement envers des actions mondiales sur les plastiques problématiques et la conception des produits ainsi que des mesures claires concernant les produits chimiques contenus dans les produits en plastique devaient également figurer dans le texte proposé.
L’échec des pourparlers n’est cependant pas une fin en soi pour M. Bonser qui rappelle que les négociations ont commencé il y a seulement deux ans et demi.
« Cela ne veut pas dire que nous ne ressentons pas le poids de ne pas avoir abouti ici à Genève, mais je comprends aussi que si nous y étions parvenus en deux ans et demi, cela aurait été un exploit remarquable ». Le traité international contre la pollution plastique a débuté en 2022 entre les États membres de l’ONU.
Repousser les négociations
Même si Julie Dabrusin, ministre de l’Environnement et Changement climatique, salue les efforts et le travail acharné de milliers de délégués présents, elle pense qu’il y a encore du « travail à faire pour obtenir un traité mondial efficace qui vise l’ensemble du cycle de vie des plastiques. »
À ce stade des négociations, M. Bonser estime qu’il valait mieux ne pas conclure d’accord plutôt que d’accepter un traité faible ou inadéquat. Selon lui, certaines délégations ont commis l’erreur de penser qu’un compromis, même insatisfaisant, serait accepté simplement pour parvenir à un accord. M. Bonser se dit confiant pour la suite, même si les dates d’un nouveau cycle de négociations n’ont pas été définies.
Articles de l’Arctique est une collaboration des cinq médias francophones des trois territoires canadiens : les journaux L’Aquilon, L’Aurore boréale et Le Nunavoix, ainsi que les radios CFRT et Radio Taïga.