le Mercredi 27 août 2025
le Mardi 26 août 2025 16:01 Francophonie

Des femmes francophones prennent leur envol numérique

Marie-Chantale Ngo Ilouga, coordonnatrice engagée du projet Femmes immigrantes, encourage l’autonomie des participantes.  — Photo Cristiano Pereira
Marie-Chantale Ngo Ilouga, coordonnatrice engagée du projet Femmes immigrantes, encourage l’autonomie des participantes.
Photo Cristiano Pereira
Huit femmes immigrantes francophones participent depuis deux semaines à un programme de littératie numérique à Yellowknife. Chaque vendredi, elles se retrouvent au Diamond Plaza pour apprendre à maitriser les outils essentiels de l’ère numérique.
Des femmes francophones prennent leur envol numérique
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Dans la salle de formation, les participantes découvrent et perfectionnent l’usage de l’ordinateur. 

Photo Cristiano Pereira

Créer une adresse courriel, naviguer sur Internet, gérer ses documents en ligne… Des gestes simples en apparence, désormais indispensables pour participer pleinement à la vie en société et bâtir son avenir. Le programme de littératie numérique, organisé par le Conseil de développement économique des Territoires du Nord-Ouest (CDÉTNO) et coordonné par Marie-Chantale Ngo Ilouga, répond à un besoin observé quotidiennement. « Le programme consiste simplement à aider ces femmes qui viennent des pays où l’usage d’un ordinateur n’est pas commun », explique-t-elle. Dans plusieurs cas, les participantes n’avaient accès qu’à des cybercafés dans leur pays d’origine. Ici, elles doivent composer avec un environnement beaucoup plus numérisé. « Ce que nous voulons, c’est les autonomiser beaucoup plus », insiste-t-elle.

Le programme consiste simplement à aider ces femmes qui viennent des pays où l’usage d’un ordinateur n’est pas commun. 

— Marie-Chantale Ngo Ilouga, Coordinatrice de projet pour femmes immigrantes

Pour Christelle Fotso, ce cours est une étape essentielle vers l’autonomie et l’intégration à Yellowknife. 

Photo Cristiano Pereira

Un apprentissage des bases

Le cours dure quatre semaines, à raison d’une séance de trois heures par semaine. L’objectif est d’apporter des bases solides : création et ouverture de fichiers, gestion du courrier électronique, navigation en ligne. Les participantes peuvent aussi poser leurs propres questions, souvent liées à des situations vécues. Marie-Chantale donne l’exemple d’une femme qui ne parvenait pas à ouvrir un fichier reçu par courriel, faute de savoir qu’une application déjà installée pouvait le lire. D’autres disent ne pas reconnaitre un lien dans un courriel ou ignorent sur quoi cliquer.

Ces difficultés peuvent paraitre élémentaires, mais elles sont un frein réel à l’intégration. « Certaines arrivent à peine à ouvrir un mail », constate la coordinatrice. Ce type de blocage s’ajoute aux défis de l’emploi et de la formation. « Pour que ça devienne plus facile de trouver du travail, mais aussi de pouvoir suivre d’autres programmes à distance », souligne-t-elle.

Toutes les participantes sont originaires d’Afrique. La majorité vient du Cameroun, deux de la République démocratique du Congo. La plupart sont arrivées dans le territoire depuis moins d’un an. « Il y en a qui sont arrivées il y a deux semaines », précise Marie-Chantale. Une seule vit au Canada depuis plus longtemps, mais elle « n’a vraiment aucune notion en informatique » et utilise à peine son téléphone.

Concentrées devant leur écran, les participantes mettent en pratique les notions apprises lors de la formation. 

Photo Cristiano Pereira

Pratiquer et rêver d’avenir

Pour Christelle Fotso, arrivée du Cameroun il y a un peu plus d’un mois, le programme est une véritable chance. Elle connaissait déjà l’ordinateur, mais voit dans ce cours un moyen de progresser. « Ce cours vient pour ma part renforcer davantage mes capacités », explique-t-elle. Elle apprécie notamment les exercices de saisie et de mise en forme de texte. « C’est très important pour moi », confie-t-elle.

Christelle insiste aussi sur la nécessité de poursuivre la pratique en dehors des cours. « La difficulté qu’on va éprouver, ce sera au niveau des ordinateurs, parce qu’il y a beaucoup de nouvelles arrivantes qui n’en ont pas », dit-elle. Malgré cela, elle estime que cette formation doit se poursuivre. « C’est une initiative qui doit perdurer parce que c’est très important quand tu es une nouvelle arrivante », affirme-t-elle.

Au-delà de l’acquisition de compétences techniques, ce programme ouvre des perspectives. Christelle rêve de travailler dans l’éducation et l’encadrement des enfants, mais aussi de se lancer dans l’entrepreneuriat. « J’aime beaucoup les échanges commerciaux », raconte-t-elle.

Pour Marie-Chantale, l’enjeu est clair : l’inclusion numérique est aussi une question d’autonomie, d’intégration et de pouvoir d’agir. Elle espère que cette première édition en appellera d’autres, selon les besoins exprimés par les nouvelles arrivantes. « Nous les organiserons selon le besoin », résume-t-elle.