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le Vendredi 25 octobre 2002 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Société

Centre des femmes de Yellowknife Colmater les brèches

Centre des femmes de Yellowknife Colmater les brèches
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Les places dans les maisons d’hébergement et les refuges pour femmes violentées ne suffisent plus à la demande.

Chaque mètre carré du Centre pour les femmes de Yellowknife est utilisé à pleine capacité. D’un côté, la maison d’hébergement occupe toute la partie arrière de la maison. De l’autre, le vestibule et un salon sont devenus, depuis le 18 octobre dernier, le Centre familial du Nord. Entre les deux, la cuisine collective. Au total, près d’une trentaine d’employés à temps plein et partiel vont et viennent dans le bâtiment de deux étages plein à craquer de bureaux hébergeant chacun de deux à trois travailleurs. « Ce service est sous-financé et sur-utilisé », a déclaré la directrice exécutive du Centre, Caroline Johnson, lors de l’inauguration du centre familial.

L’inauguration du Centre familial du Nord n’est qu’une formalité, puisque les familles utilisent déjà ce service. L’année dernière, près de 350 familles se sont arrêtées pour un repas, une douche ou un lavage. « Quand les gens pensent au Centre des femmes, ils s’imaginent que seules les femmes peuvent venir ici, et ce n’est pas vrai. Les hommes et les femmes viennent ici tout le temps. » Tous les services offerts par le centre, que ce soit la visite hebdomadaire du médecin ou les rencontres avec un conseiller juridique, sont disponibles pour tous. Seules restrictions pour les hommes : la maison d’hébergement, qui n’arrive plus à fournir de lits et d’espace et les heures de lunch et de souper, qui sont exclusivement réservées aux femmes et à leurs enfants. La raison de ce départage : les hommes ont leurs propres services d’aide. À Yellowknife, l’Armée du Salut offre 40 lits et des repas chauds tous les jours aux hommes démunis.

La situation du Centre pour les femmes n’est pas extraordinaire. Le manque d’espace et de locaux à louer abordables dans la capitale oblige plusieurs organismes à buts non lucratifs à se partager un espace restreint. Ainsi, à la Maison Laurent-Leroux, à Yellowknife, l’Association franco-culturelle de Yellowknife côtoie le journal l’Aquilon, la radio, la Commission scolaire francophone de division et les bureaux de la Fédération Franco-TéNOise, en plus d’offrir au public un centre informatique. Au Centre des femmes, l’exemple est criant. Dans le sous-sol, la salle de jeux pour enfants occupe presque tout le plancher. Dans le bureau des conseillers juridiques, trois travailleurs se côtoient, en plus des clients, qui racontent en long et en large leurs problèmes. À l’étage, le bureau du médecin avoisine l’espace alloué au programme de bébé en santé. Dans ce brouhaha, tout le monde cherche à se rendre productif. « Nous perdons parfois plusieurs heures de travail parce que nous n’avons plus d’espace », raconte Caroline Johnson.

La pénurie de logement accentue le phénomène, alors que plusieurs familles n’ont pas de toit. « Avec l’économie que nous avons, l’industrie du diamant qui s’installe ici, il y a beaucoup moins de logements et de plus en plus de familles qui en ont besoin. » Le centre accueille chaque nuit près d’une trentaine de femmes, alors qu’il n’y a que neufs lits.

Aux Territoires du Nord-Ouest, il n’y a que cinq refuges pour les femmes violentées et un centre de premiers secours, en l’occurrence le Centre des femmes de Yellowknife. Au total, 43 lits subventionnés par les fonds publics sont à la portée des femmes violentées, répartis à Fort Smith, Hay River, Inuvik, Tuktoyaktuk et Yellowknife. Tous, à l’exception de Tuktoyaktuk, offrent un programme de six semaines, qui peut être prolongé. Du côté des hommes, outre l’Armée du Salut à Yellowknife, qui héberge des hommes durant 20 à 30 jours, le centre mixte Turning Point d’Inuvik a douze lits à offrir pour des périodes variant entre 3 et 5 jours.

Difficile de savoir si le financement de ces organismes est suffisant. Plusieurs programmes des gouvernements, fédéral et territorial, offrent des subventions. Du côté du GTNO, le Yellowknife Health and Social Services Authority, fait parvenir au centre, à chaque année, deux subventions, l’une de 32 696 $, qui couvre une partie des salaires, et l’autre d’environ 158 000$, qui permet d’administrer le programme de rétablissement et de guérison des femmes et des enfants. Ces montants sont administrés par le ministère de la Santé et des Services sociaux, qui finance les maisons d’hébergement pour femmes violentées à l’échelle des T.N.-O.

Le ministère de l’Éducation, de la Culture et de la Formation subventionne directement les lits des maisons d’hébergements. En 2001, près de 800 000 dollars ont été accordés aux refuges de Yellowknife, dont près de 270 000 au Centre des femmes. La porte-parole du ministère, Sue Glowatch, a indiqué que ces montants étaient à la hausse, afin de tenir compte de la pénurie de logements abordables dans la capitale des T.N.-O.