Pour les locataires, les hausses des coûts de location à Yellowknife sont devenues la norme. Deux citoyens prennent le problème à bras-le-corps.
Deux citoyens de Yellow-knife ont lancé une pétition, le 23 octobre dernier, pour demander la mise sur pied d’un mécanisme d’appel pour les locataires qui se sentent floués par leur propriétaire. Mark Zimmer, propriétaire d’une entreprise et Barry Newman, gérant, en ont assez des hausses excessives de loyer. Le député de Great Slave, Bill Braden, a offert son appui aux deux résidents.
« Dans plusieurs aspects de notre vie de tous les jours, quand quelque chose ne va pas ou quand nous avons besoin de contester une amende, nous pouvons aller en Cour ou à la Ville de Yellowknife, a donné en exemple Bill Braden. Il n’y a, par contre, aucune façon de faire appel en tant que locataire. Nous avons un bureau de location, mais qui a des pouvoirs limités. »
Le bureau est administré par la Société d’habitation des Territoires du Nord-Ouest. Selon le directeur des politiques, des programmes et de l’informatique, Gary McLellan, il n’y a aucune forme de protection des locataires contre les hausses de loyer. « C’est le marché qui doit stabiliser lui-même les coûts de location. » La seule directive qui interagit entre les propriétaires et les locataires est l’obligation de déposer un avis de trois mois avant une hausse du loyer, qui peut se faire à tous les ans. Pour ce qui du montant de cette hausse, aucune disposition ne prévoit un montant maximum.
Le marché, c’est l’argument massue qui revient dans la bouche tant du député, du directeur des programmes de la Société d’habitation des T.N.-O. que du citoyen Mark Zimmer, à l’origine de la pétition. « On ne veut pas de contrôle des coûts de location. On veut un juste milieu, un système de médiation », a-t-il mentionné.
La crainte, pour tout le monde, est le ralentissement du domaine de la construction si les prix de loyer sont contrôlés. « J’en ai discuté avec les propriétaires et c’est la première chose qui les a fait sursauter, a indiqué Bill Braden. Je ne les blâme pas. Le contrôle des loyers est le moyen le plus rapide de perdre nos constructeurs. »
Même son de cloche du côté de la Société d’habitation. « Je n’appuierai pas un contrôle des loyers. Cette solution fonctionne bien à court terme, mais à long terme, elle arrêtera le développement », a fait savoir le directeur Gary McLellan. Selon ce dernier, l’Ontario est la province qui souffre le plus de cette politique. Depuis une dizaine d’années, la disponibilité des logements est en chute libre et ce n’est pas dû à l’augmentation de la population. « Les constructeurs n’ont pas de retour sur leurs investissements, alors ils préfèrent construire des condominiums, au lieu d’édifices à logements. » Outre l’Ontario, le Manitoba et l’Île du Prince-Édouard ont également des politiques de contrôle des coûts de location.
La solution préconisée est un juste milieu entre un contrôle strict et l’absence de réglementation, mais il n’y a pas encore de portrait précis de ce juste milieu. « Quelque chose qui est juste et accessible aux deux partis », estime le député de Great Slave, qui compte faire pression sur le gouvernement pour qu’il étudie la situation. « Ça ne se fera pas rapidement, mais nous devons commencer à quelque part. » Du côté de la Société d’habitation, un juste milieu n’implique pas nécessairement la présence du gouvernement. « L’intervention du gouvernement dans le marché privé, ce n’est pas sain, mais je ne dis pas que ça ne pourrait pas arriver », a signifié Gary McLellan.
Selon un sondage réalisé en 2000 par le Bureau de la Statistique des T.N.-O. et la Société d’habitation des T.N.-O., la question du prix des loyers préoccupe 22 % des résidents des T.N.-O. qui gagnent entre 25 000 $ et 50 000 $ « J’ai un ami qui paie 2600 $ par mois, pour un logement de trois chambres, raconte Mark Zimmer. Ils sont cinq ou six à vivre dans l’appartement. Ce n’est pas parce qu’il y a un manque de logements à Yellowknife que les propriétaires peuvent faire ce qu’ils veulent. » Selon Bill Braden, tous les locataires de Yellowknife ont eu une hausse de leur loyer au cours des deux dernières années.
Plusieurs copies de la pétition circuleront au cours des prochains mois à travers les T.N.-O. Les deux pétitionnaires espèrent amasser 8 000 signatures. Le président de la Société d’habitation des T.N.-O., Tom Beaulieu, présentera son point de vue au cours de la semaine prochaine.