Dans un système de notation à la fois tonal et modal, le ton occupe une place centrale. Il désigne une valeur acoustique discrète qui, mise en relation avec une autre, forme un intervalle sonore incluant un demi-ton. Entre un ton et un demi-ton, il existe des microtons ou micro-intervalles. L’échelle heptatonique, composée de sept degrés répartis en cinq tons et deux demi-tons, constitue ce qu’on appelle une gamme diatonique.
Depuis la période baroque, deux instruments privilégiés par les compositeurs occidentaux et les analystes de la musique tonale sont le piano-forte et la guitare à frettes. L’ambitus sonore du piano couvre sept octaves. Les touches blanches produisent les sons allant de do à si de manière progressive (Do 0 – Si8), organisés en sept gammes diatoniques. Cela implique sept toniques, c’est-à-dire les notes fondamentales qui structurent les compositions tonales et modales. Les touches noires correspondent aux demi-tons, qui peuvent être à la fois le bémol de la note précédente et le dièse de la note suivante. Lorsqu’une gamme diatonique intègre ces altérations (bémols et dièses), on obtient une gamme chromatique, constituée de douze toniques, peu utilisée avant l’essor de la musique classique puis du modernisme.
Dans ce cadre, les tons et demi-tons sont souvent abrégés par les lettres T et D. Elles servent à désigner la structure des gammes : la gamme majeure suit la formule T–T–D–T–T–T–D, et la gamme mineure la formule T–D–T–T–D–T–T. La gamme de do (centrée sur le do central du piano et ses touches blanches) est considérée comme la plus représentative des gammes majeures. De son côté, la gamme de “la” est la plus emblématique des gammes mineures.
En parallèle et en complément du paradigme tonal, le paradigme modal s’est développé dès le Moyen Âge, particulièrement à travers le chant grégorien. Sept modes sont devenus les plus représentatifs, chacun construit à partir d’une tonique donnée : Ionien (do), T-T-D-T-T-T-D, Dorien (ré), T-D-T-T-T-D-T ; Phrygien (mi), D-T-T-T-D-T-T ; Lydien (fa), T-T-T-D-T-T-D ; Mixolydien (sol),T-T-D-T-T-D-T ; Éolien (la) ,T-D-T-T-D-T-T ; Locrien (si), D-T-T-D-T-T-T
Nous avons vu dans ces paragraphes, comme dans l’article précédent, les notions fondamentales qui forment la colonne vertébrale des paradigmes tonal et modal, lesquels ont soutenu l’édifice de la musique classique jusqu’à l’émergence du modernisme. En s’appuyant sur ces pri ncipes, le contrepoint appar ait comme un système d’écriture qui, au sein de la notation musicale, élabore des lignes mélodiques en les combinant sous l’arc de la consonance et de l’harmonie.