le Mardi 23 septembre 2025
le Mardi 23 septembre 2025 8:06 Économie

Immigration aux TNO : un quota relevé, mais encore insuffisant

Avec un total de 197 places en 2025, le territoire se rapproche de sa capacité d’accueil passée, sans retrouver les 300 désignations de 2024. — Photo Cristiano Pereira
Avec un total de 197 places en 2025, le territoire se rapproche de sa capacité d’accueil passée, sans retrouver les 300 désignations de 2024.
Photo Cristiano Pereira

L’annonce d’Ottawa d’ajouter 47 désignations au Programme des candidats des TNO porte le quota 2025 à 197. Une hausse accueillie positivement, mais jugée encore insuffisante pour répondre aux besoins criants du marché du travail et de la communauté francophone.

Immigration aux TNO : un quota relevé, mais encore insuffisant
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François Afane, directeur général du CDETNO, rappelle que l’augmentation à 197 désignations reste insuffisante pour répondre aux besoins du marché du travail et de la communauté francophone.

Photo Cristiano Pereira

Si l’annonce de 47 désignations supplémentaires au Programme des candidats des TNO (PCTNO) suscite de la satisfaction, elle ne fait pas disparaitre les doutes. Avec un total de 197 places en 2025, le territoire se rapproche de sa capacité d’accueil passée, sans retrouver les 300 désignations de 2024.

François Afane, directeur général du Conseil de développement économique des TNO (CDÉTNO), estime que ce pas en avant reste limité. « Cette augmentation qui, en soi, est une très bonne surprise ne change pas beaucoup la donne pour les employeurs », a-t-il confié à Médias ténois. 

M.Afane considère que « les nombres sont toujours insuffisants » et l’incertitude plane aussi sur la suite : « Nous ne savons pas quels seront les chiffres pour la prochaine année : les 150 qui représentaient le chiffre de départ ? Les 197 (150 + 47 surprises) ? Ou alors un plus grand nombre selon les besoins exprimés par les employeurs ? »

Le PCTNO, c’est quoi ?

C’est un programme d’immigration économique du gouvernement des TNO qui permet aux ressortissants étrangers de demander la résidence permanente au Canada pour s’établir dans le territoire. Ses trois objectifs sont de développer la main-d’œuvre, d’encourager la croissance économique et, enfin, de soutenir les employeurs pour recruter et retenir les travailleurs étrangers

Des inquiétudes qui demeurent

En février dernier, Médias ténois rapportait déjà la prudence des acteurs francophones lors de la réouverture du programme. La Fédération franco-ténoise saluait la réservation d’un quota de 11 % de candidatures francophones, tout en soulignant les critères plus contraignants imposés à ces candidats. 

À l’époque, François Afane décrivait l’ajustement comme « un pas dans la bonne direction », mais regrettait que la baisse de moitié des désignations ait un impact « quasi négatif » sur la communauté d’affaires et, par ricochet, sur les francophones.

Interrogé aujourd’hui sur le volet francophone du PCTNO, M. Afane se montre plus nuancé. « Ce programme n’est pas restrictif, car il accorde un pourcentage aux francophones par rapport à leur poids démographique dans les TNO », observe-t-il. 

Pour lui, l’augmentation globale du nombre de désignations « est plutôt positive pour les francophones, car elle se traduit par une augmentation du nombre par pourcentage ».

À plus long terme, il souhaite voir le programme redevenir un véritable levier d’immigration francophone. « La première victoire à court terme, c’est de s’assurer que le nombre de places accordées aux TNO augmente pour revenir au moins à 300 », insiste-t-il. Un retour à ce seuil aurait, selon lui, « un impact direct sur le nombre de places francophones ».

La ministre Cleveland reste vigilante

Pour la ministre de l’Éducation, de la Culture et de la Formation, Caitlin Cleveland, ces 47 désignations supplémentaires représentent un signal encourageant. « L’immigration est l’un des outils les plus efficaces pour renforcer l’économie des TNO, diversifier les industries et faire progresser les efforts d’édification du pays dans le Nord », a-t-elle déclaré. 

Elle assure que « ces 47 désignations supplémentaires contribueront à combler les pénuries de main-d’œuvre critiques dans des secteurs clés », tout en réaffirmant que son gouvernement « continuera à plaider en faveur d’un programme qui reflète les réalités du Nord, augmente notre population et renforce notre souveraineté ».

Un défi persistant

Le PCTNO reste sous tension. Le programme n’acceptera pas de nouvelles candidatures en 2025 : les nouvelles places seront attribuées aux demandeurs déjà inscrits lors de la deuxième vague d’admission, en fonction de l’expiration de leur permis de travail. Cette gestion serrée reflète l’ampleur de la demande. L’an dernier, le territoire avait pour la première fois atteint son quota complet, preuve de l’appétit pour cette voie d’immigration.

Derrière les chiffres, l’enjeu dépasse la simple réponse à des besoins économiques. Comme le rappelle le communiqué du GTNO, « dans le Nord, l’immigration n’est pas seulement une question économique ; il s’agit également d’une question démographique, d’une question de souveraineté et d’un conducteur clé de la résilience sociale et économique ».

Pour François Afane, l’équation demeure simple : sans un relèvement clair et durable des quotas, le territoire restera dans l’incapacité d’accueillir autant de travailleurs qu’il en aurait besoin. « Les nombres sont toujours insuffisants », répète-t-il, convaincu que l’avenir du PCTNO se jouera sur sa capacité à retrouver, voire dépasser, les niveaux d’admission antérieurs.