Bien que Sophie Léger ait réalisé le rêve que plusieurs musiciens caressent en enregistrant son propre album, celle-ci garde la tête froide. Sa priorité : l’enseignement.
Alors qu’elle sort dans un bar de Thaïlande avec des amis, Sophie Léger prend d’assaut la scène qui était ouverte à la clientèle. Un producteur est charmé par la voix riche et versatile de l’auteure-compositeure-interprète. Un an plus tard, cette dernière avait enregistré son propre album.
« Le producteur, Joe, enregistrait son propre album en Thaï. Il voulait m’avoir en tant que choriste et j’ai donc chanté sur son album », de raconter l’enseignante de 4e année en français d’immersion à l’école Saint-Joseph. « J’ai vu son studio et comment il travaillait et je lui ai demandé, par la suite, s’il avait le temps d’enregistrer mes chansons » poursuit-elle. Durant les semaines qui ont suivi, la jeune femme native de Bourget, près d’Ottawa, a partagé son temps entre l’école internationale où elle enseignait en Thaïlande et le studio d’enregistrement où elle peaufinait son œuvre.
Comme plusieurs artistes, Sophie a de la difficulté à décrire son style. « Ce n’est pas du heavy metal, ni du country, ni du classique. Ça se rapprocherait probablement de Sarah McLachlan ou Tracy Chapman. C’est du genre folk », dit-elle. L’album de Sophie contient 14 chansons, dont deux sont en français. « Maintenant que je suis de retour au Canada, j’espère pouvoir écrire plus en français », dit-elle.
Les deux chansons francophones de Sophie sont intitulées « Tes mains » et « Malgré ça ». La première compare les mains de la femme riche et confortable à celles de la paysanne qui doit gagner son pain (ou son riz) avec labeur. Quant à la seconde pièce, il s’agit d’une chanson d’amour qui parle de la compréhension malgré les différences. Le titre de l’album est « As I am ».
« Ce qui est bien avec cet album, c’est que le producteur a vraiment essayé de rendre chaque chanson unique par son instrumentation. Il a aussi essayé d’y apporter une saveur asiatique », de raconter celle qui fait aussi les chœurs sur l’album, si bien que plusieurs chansons offrent une véritable profondeur musicale et vocale.
Après trois mois de travail parsemé sur une année, Sophie avait son disque en main. « Au début, je le faisais pour moi-même. Ce sont mes amis qui m’ont dit d’en faire des copies », se souvient-elle. « Cependant, je n’ai pas voulu l’entendre pendant un mois, parce qu’à force d’écouter les chansons, j’en étais tannée ! », dit-elle.
Au bout de quelques semaines, elle s’est finalement rendue compte de son exploit. « Je ne pouvais pas croire que c’était moi ; que c’était les chansons que j’avais écrites qui étaient sur le disque ». De son propre aveu, Sophie n’est pas une passionnée d’écriture. « Ce sont toujours les mélodies qui me viennent en tête en premier. On dirait que je ne me sens pas confiante quand j’écris », confesse-t-elle.
Après avoir habité en Thaïlande pendant deux ans, avoir enseigné en Haïti et participé au programme Jeunesse-Canada Monde, qui l’a emmenée pour six mois en Inde, elle décide de revenir au Canada. « Mais je ne voulais pas revenir à Ottawa. C’était trop… chez nous ! », dit-elle. Le Nord l’avait toujours attirée et elle a donc décidé d’envoyer quelques curriculum vitae dans les écoles ténoises.
Depuis son arrivée en août dernier, Sophie a déjà offert quelques prestations au public de Yellowknife. Il n’est pas dit qu’elle ne retournera pas sur les planches sous peu. « J’aimerais ça. Il y a plein d’opportunités ici ».
Il n’est cependant pas question d’une carrière musicale pour l’instant. « Dans l’enseignement, on retrouve une bonne stabilité. Si je décidais de m’en aller en musique, je perdrais toute cette stabilité. De toutes façons, ces temps-ci, je n’ai vraiment pas le temps de penser à autre chose qu’à mon travail », d’expliquer celle qui a tout de même laissé des copies de son album chez Top Forty, dans le Centre Square Mall et chez Fiddles and Stix.
