
Le prix littéraire autochtone Sally Manning est de retour après trois ans d’absence. Sally Manning, elle-même autrice, aventurière et sportive de haut niveau, est décédée en 2014. Le prix a été créé un an après sa disparition.
Après trois ans d’absence, le prix littéraire Sally Manning est de retour. Crée à la mémoire de Sally Manning, autrice, aventurière et voyageuse, ce prix célèbre les auteurs et autrices autochtones du Nord canadien. Cette année, cinq textes ont été soumis et seront étudiés par un jury dont la composition n’a pas encore été dévoilée.
La ou le lauréat.e recevra un prix de 1000 $. Les personnes en deuxième et troisième position recevront 750 $ et 250 $.
Établi en 2014, le prix Sally Manning a récompensé 18 auteurs et autrices des TNO et du Nunavut depuis sa création. Denis Allen, originaire d’Inuvik, ou encore Steven Lonsdale d’Iqaluit, ont été reconnus respectivement en 2018 et 2021 pour leurs récits inscrits dans la réalité nordique et la culture autochtone avec des personnages réels forts et hauts en couleur. Leurs textes ont été publiés dans le magazine de Yellowknife Up Here.
Depuis 2022, aucun prix n’avait été remis ; des problèmes financiers avaient été évoqués à l’époque. Cette année, les cinq textes soumis seront étudiés par un jury d’ici à la fin de l’année.
Le texte gagnant sera publié début 2026 dans le magazine Up Here.
Qui était Sally Manning ?
Née en 1940 en Ontario, Sally Manning était une sportive accomplie. Elle excellait dans plusieurs disciplines dont le basketball, le ski de fond et le hockey sur gazon. En 1972, elle reçoit le prix Benson de l’université de Toronto pour ses capacités exceptionnelles en athlétisme et en études. Sept ans après, elle est la première Canadienne sélectionnée pour faire partie de l’équipe All-Star de la Coupe du monde de hockey sur gazon. Au début des années 1980, alors qu’elle prend sa retraite sportive, elle retourne vers le canoë, activité qu’elle adore. Une expédition en canoë sur la rivière Nahanni dans les TNO marque un tournant dans sa vie. Jusqu’à son décès en 2014, elle retourne tous les ans dans le Nord canadien, que ce soit au Nunavut, au Yukon ou aux TNO.
Exploratrice insatiable
Katja Mathys a partagé la vie de Sally Manning pendant 14 ans. Elle se souvient que, pendant ces expéditions nordiques, Sally était en permanence en train d’explorer les environs.
« Lorsque notre journée en canoë était terminée et, peu importe où se trouvait notre campement, on pouvait apercevoir Sally au loin, quelque part sur une colline. (Elle aimait) explorer seule et s’imprégner de tout cela », a expliqué Mme Mathys.
Au fil des années, Sally a développé une relation forte et particulière avec le Nord, en particulier avec les habitants et les collectivités des territoires. Elle aimait rencontrer les gens dans les lieux où elle voyageait.
Jane Manning-Marshall, sœur ainée de Sally Manning, se souvient, elle, d’une rencontre qu’elle lui a contée à son retour. Celle d’un jeune garçon inuit de six ans du nom de Winston. « Elle avait été complètement séduite par l’exubérance de ce jeune garçon. Et je pense que, connaissant Sally, elle s’imaginait presque être ce jeune garçon. Quand elle partait dans le nord et qu’elle faisait du canoë, de la marche, du vélo, du ski, quoi qu’elle fasse, je pense qu’elle voulait découvrir l’expérience que vivaient réellement les gens qui habitaient le nord. »
Continuer de raconter
Sally Manning a écrit deux livres sur des sportives remarquables. Une larme d’or : l’odyssée de Danièle Sauvageau vers l’or olympique (2003), relate le parcours de l’entraineuse en chef de l’équipe nationale féminine de hockey du Canada qui remporta la médaille d’or aux Jeux olympiques de Salt Lake City en 2002.
Son second ouvrage, Guts and Glory, publié en 2006, met en lumière les sœurs jumelles Sharon et Shirley Firth, membres de la nation Gwich’in. Originaires d’Aklavik, elles ont été parmi les premières athlètes autochtones à représenter le Canada aux Jeux olympiques lors des épreuves de ski de fond de 1972 à 1984. À elles deux, elles ont gagné 79 médailles, dont 48 au niveau national.
Au fil de ses rencontres dans le Nord, Sally Manning a réalisé que les histoires qu’on lui contait reflétaient la vie réelle, explique Jane Manning-Marshall. Elle estime que le Prix est très actuel dans son approche, car de nombreux écrivains écrivent aujourd’hui des œuvres de fiction qui contiennent une grande part de non-fiction ou de réalité. En effet, les textes soumis doivent être des écrits de non-fiction.
« Je pense que Sally voulait que nous soyons tous exposés à cela afin de voir quelle est réellement la profondeur de la narration autochtone », conclut-elle.
Articles de l’Arctique est une collaboration des cinq médias francophones des trois territoires canadiens : les journaux L’Aquilon, L’Aurore boréale et Le Nunavoix, ainsi que les radios CFRT et Radio Taïga.