Du 27 au 29 septembre, huit participants venus des quatre coins du Canada ont pris part au SARSmart Cold Water Awareness Bootcamp à Yellowknife. Ce camp intensif, soutenu par le Conseil canadien de la sécurité nautique (CSBC), visait à mieux comprendre les dangers de l’immersion en eau froide et à former des « multiplicateurs de savoir », capables de partager ces connaissances dans leurs communautés.
Pendant trois jours, les participants ont alterné entre enseignements théoriques et mises en situation sur le Grand lac des Esclaves. L’expert Dr. Gordon Giesbrecht a rappelé le principe du 1-10-1 : une minute pour contrôler sa respiration après le choc initial, dix minutes de mouvements significatifs, et environ une heure avant que l’hypothermie sévère ne s’installe. « La majorité des décès surviennent dans les premières minutes, souvent parce que les gens paniquent ou n’avaient pas de gilet de sauvetage », a-t-il insisté.
L’importance du gilet de sauvetage
Tous les exercices l’ont confirmé : tenter d’enfiler un gilet une fois à l’eau est presque impossible. D’où la promotion de dispositifs discrets comme le pack-ceinture gonflable, très pratique pour les récalcitrants. « Beaucoup ne veulent pas en porter parce que ce n’est pas confortable ou esthétique, mais ça peut sauver une vie », souligne Giesbrecht.
L’hypothermie : un danger progressif
Contrairement à une croyance répandue, on ne rentre pas en hypothermie en deux minutes. Comme l’explique Ian Gilson du Conseil canadien de la sécurité nautique : « Il faut généralement 30 minutes en eau glaciale pour atteindre une hypothermie légère. » Le vrai danger immédiat est le choc thermique et l’hyperventilation, qui peuvent mener à la noyade. Ensuite, au fil du temps, la perte de chaleur provoque une diminution de la coordination, des tremblements incontrôlables puis une perte de conscience. C’est pourquoi il est vital de sortir de l’eau dès que possible ou d’adopter des positions de conservation de chaleur comme le « huddle » (le fait de se blottir) en groupe.
Vivre l’expérience pour mieux comprendre
Pour Steven Walker, pompier du Nunavik, l’épreuve fut révélatrice : « J’ai passé dix minutes dans l’eau glaciale. Même visser un boulon ou utiliser une radio devenait un défi. Je vais ramener ces apprentissages chez moi. » Jullianne, sauveteuse aquatique venue en appui, a observé la diversité des réactions : « Certains paniquent immédiatement, d’autres analysent calmement. L’expérience, l’âge, et même la corpulence changent tout. »
Prévenir et sauver
Le bootcamp a aussi enseigné comment intervenir auprès d’une victime hypothermique. Il faut la manipuler doucement, la garder horizontale et la réchauffer avec des techniques, comme l’enveloppement hypothermique, pour éviter un arrêt cardiaque.
Le message final est clair : ne jamais s’approcher de l’eau sans gilet de sauvetage et savoir que, même dans le pire des cas, le temps joue en faveur de ceux qui restent calmes et appliquent les bons réflexes.