
Une des illustrations sur les pages liminaires du livre dessiné par Archie Beaverho.
Archie Beaverho, artiste tłı̨chǫ originaire de Behchokǫ̀, a consacré sa vie à la peinture, à la sculpture et à la transmission des récits de son peuple. Ses œuvres mettent en lumière les danses du tambour, les jeux traditionnels, la chasse et les pratiques spirituelles, tout en tissant des liens entre mémoire et imagination. « Je me représente ces choses dans ma tête et je les montre ensuite dans une peinture », a-t-il confié à Médias ténois.
Parcours artistique
Le parcours artistique de Archie Beaverho commence dès l’enfance. Vers l’âge de sept ans, alors qu’il vit chez ses grands-parents, son grand-père l’assied à une table avec du papier et des crayons de couleur. Dehors, ses amis jouent, mais son grand-père l’invite à rester et à les dessiner. « Il m’a dit qu’un jour, je me ferais un nom grâce à ça », se souvient l’artiste. Cet apprentissage a profondément marqué sa façon de voir et de représenter le monde.
À l’adolescence, il découvre de nouveaux médiums. Un été, au bord d’un lac, il façonne un oiseau dans de l’argile récupérée par des enfants. Une première expérience qui se poursuit plus tard par des sculptures en stéatite. En 1992, il suit pendant trois mois des cours à l’Université de Calgary afin d’observer d’autres méthodes artistiques. Là, il peint une toile saisissante : un homme assis sur une terre craquelée, de laquelle s’échappent des fumées, tandis qu’un grizzli surgit en arrière-plan. L’œuvre, assure-t-il, orne encore aujourd’hui les murs du campus.
Pour moi, l’art, c’est aussi une façon de garder vivantes les histoires des anciens et de les donner aux jeunes.
Un art au service de la mémoire
Son engagement dépasse l’expression artistique individuelle. En 2013, il participe au projet de commémoration traditionnelle Handmade Commemoration Project, rendant hommage aux survivants des pensionnats tłı̨chǫ, une démarche qui illustre son rôle de passeur de mémoire collective. « Pour moi, l’art, c’est aussi une façon de garder vivantes les histoires des anciens et de les donner aux jeunes », explique-t-il.
Plus récemment, Archie Beaverho a signé les illustrations du livre jeunesse Journal d’une jeune aventurière, de l’écrivaine montréalaise Nadine Neema. Publié en 2020, le roman raconte le voyage initiatique d’une fillette à travers les terres tłı̨chǫ. L’autrice, qui a travaillé à Wekweètì dès 1999 et entretient depuis un lien durable avec la communauté, a voulu transmettre aux jeunes lecteurs une histoire inspirée des traditions et de l’esprit du territoire. Les dessins d’Archie Beaverho ancrent le récit dans l’authenticité. « Les illustrations ont vraiment apporté la voix de la communauté dans le livre », souligne Neema. Leur collaboration démontre la capacité de l’artiste à traduire les récits oraux en images accessibles aux plus jeunes.
À travers la peinture, la sculpture et l’illustration, Archie Beaverho poursuit sa mission : préserver et célébrer l’héritage des Tłı̨chǫ. Son art rend hommage à l’enseignement de son grand-père tout en portant la mémoire et la résilience de sa communauté. Dans chaque trait et chaque couleur, il transmet des histoires qui ne doivent pas être oubliées.