le Lundi 13 octobre 2025
le Jeudi 9 octobre 2025 16:54 Politique

« Il est temps de construire » : le message des TNO à Ottawa

La délégation du Conseil des dirigeants à Ottawa. De gauche à droite : Garry Bailey, président de la Nation métisse des TNO ; Caroline Wawzonek, vice-première ministre ; Ernest Betsina, chef des Dénés Yellowknives ; Danny Gaudet, président du Conseil des leadeurs et représentant du gouvernement Got’ı̨nę de Délı̨nę ; et R.J. Simpson, premier ministre des TNO. — Instagram Caroline Wawzonek
La délégation du Conseil des dirigeants à Ottawa. De gauche à droite : Garry Bailey, président de la Nation métisse des TNO ; Caroline Wawzonek, vice-première ministre ; Ernest Betsina, chef des Dénés Yellowknives ; Danny Gaudet, président du Conseil des leadeurs et représentant du gouvernement Got’ı̨nę de Délı̨nę ; et R.J. Simpson, premier ministre des TNO.
Instagram Caroline Wawzonek

Réunis au sein du Conseil des dirigeants, R.J. Simpson, Caroline Wawzonek et les chefs autochtones ont insisté sur l’importance d’investir dans le logement, les infrastructures et les minéraux critiques.

« Il est temps de construire » : le message des TNO à Ottawa
00:00 00:00

« Si vous prenez un globe et que vous regardez vers le Nord, chaque Canadien devrait se demander pourquoi on ne construit pas dans le Nord en ce moment. » À Ottawa, le matin du 7 octobre, la vice-première ministre Caroline Wawzonek a replacé le débat sur les infrastructures dans une perspective géopolitique. Ministre responsable des Infrastructures stratégiques, elle a insisté sur l’urgence d’investissements majeurs qui ne soient plus réalisés « par morceaux », mais de véritables projets de « construction nationale ».

Selon elle, l’absence de routes reliant le sud du pays à la côte arctique et le fait que les Territoires du Nord-Ouest ne soient pas branchés au réseau énergétique nord-américain posent des questions de sécurité nationale. « Chaque Canadien devrait se demander pourquoi c’est ainsi », a-t-elle dit.

Elle a aussi prévenu que le principal défi restera financier : « Cela ne peut pas reposer sur les épaules de 45 000 Canadiens. Le soutien doit venir de l’extérieur de nos frontières. »

Mme Wawzonek a toutefois noté un signe d’ouverture du gouvernement fédéral : « Le gouvernement commence à dire des choses qui sonnent de manière plus prometteuse. Nous sommes ici comme territoire de leadeurs élus, d’une seule voix, pour dire que le temps est venu de bâtir le Nord. »

Conseil des dirigeants

Caroline Wawzonek s’exprimait lors d’une conférence de presse du Conseil des dirigeants des TNO. Aux côtés du premier ministre R.J. Simpson et de plusieurs chefs autochtones, elle a insisté sur l’importance d’un appui fédéral pour mobiliser les ressources énergétiques et défendre la souveraineté dans l’Arctique. La ministre a aussi mis l’accent sur la protection et la création d’emplois par la construction d’infrastructures, et sur le fait de mettre en valeur le potentiel des vastes réserves de minéraux critiques du territoire. 

Le chef du gouvernement, RJ Simpson, a d’ailleurs annoncé qu’il prévoyait rencontrer « une demi-douzaine de ministres » fédéraux, dont Rebecca Alty, pour faire avancer ces priorités. Il n’a pas été précisé si, lors de leur passage à Ottawa, les membres du Conseil allaient rencontrer le premier ministre Mark Carney. La conférence s’est tenue au même moment où le premier ministre fédéral entrait à la Maison-Blanche pour une rencontre avec Donald Trump.

Chaque Canadien devrait se demander pourquoi on ne construit pas dans le Nord en ce moment.

— Caroline Wawzonek, vice-première ministre des TNO

Des projets de « construction nationale »

R.J. Simpson a insisté sur trois chantiers prioritaires : le corridor économique et sécuritaire de l’Arctique, qui relierait pour la première fois les TNO et le Nunavut par route ; l’autoroute de la vallée du Mackenzie, destinée à désenclaver des collectivités fragilisées par les effets des changements climatiques et, enfin, l’expansion hydroélectrique de Taltson.

Le premier ministre a présenté ces chantiers comme de véritables projets de « construction nationale ». Selon lui, ils permettront à la fois de renforcer la souveraineté canadienne dans l’Arctique, de soutenir la transition énergétique et de donner aux gouvernements autochtones un rôle central dans la prise de décision.

Les voix autochtones

Danny Gaudet, président du Conseil des leadeurs et représentant du gouvernement Got’ı̨nę de Délı̨nę, a rappelé que le Nord est riche en potentiel : « Le Nord peut devenir un élément majeur de l’économie canadienne. Nous avons sans doute tous les minéraux nécessaires pour faire tourner ce pays ». Danny Gaudet a souligné qu’il faudra trouver un équilibre : développer les ressources, certes, mais sans sacrifier la culture, la langue, ni le lien au territoire qui définissent les communautés du Nord.

Le chef des Dénés Yellowknives, Ernest Betsina, a, lui, mis en garde contre les impacts du futur corridor routier sur la migration du caribou, « une source de vie » pour son peuple. Il a aussi réclamé que les revendications territoriales restantes soient réglées afin d’apporter une certitude aux communautés et aux investisseurs.

Pour sa part, Garry Bailey, président de la Nation métisse des TNO, a rappelé que son organisation négocie depuis près de 30 ans sur les terres, les ressources et l’autonomie gouvernementale : « Nous espérons finaliser ces dossiers pour bâtir notre propre économie et être autosuffisants. »