le Dimanche 4 mai 2025
le Vendredi 7 mars 2003 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Politique

Handley défend son budget

Handley défend son budget
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Comme chaque année, le ministre des Finances, Joe Handley, s’est prêté au jeu des questions et réponses avec divers représentants de groupes de défense des citoyens, le 26 février dernier. Cette rencontre, organisée depuis cinq ans par le groupe Alternatives North, a permis au ministre de détailler en long et en large les composantes sociales de son budget 2003-2004. Les représentants de syndicats, de groupes environnementaux et de femmes ont été avides de questions portant sur les investissements dans le secteur des programmes sociaux.

Quelques initiatives, comme l’augmentation des taxes sur les produits du tabac et l’alcool, ont fait réagir l’assistance. Jean-François Des Lauriers, vice-président régional de l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC), estime que le gouvernement évite le vrai problème : celui de la pauvreté. « La mauvaise santé, ce ne sont pas que les habitudes de vie, mais les conditions sociales. C’est jeter le blâme sur les victimes. Il faut reconnaître la pauvreté comme un facteur déterminant », a-t-il lancé au ministre. L’injection de millions de dollars dans le programme de l’infrastructure, dont, entre autres, pour la construction d’un pont sur le fleuve McKenzie, n’a pas plu au syndicaliste, qui juge qu’il y a des problèmes beaucoup plus pressants. « Il est presque impossible de louer un logement ou d’acheter une maison. Cette situation a beaucoup d’impact sur la santé, beaucoup plus que la cigarette ou l’alcool. Un pont ne va pas améliorer les conditions des gens qui ne peuvent pas se payer un loyer. » Le ministre Handley a tenu à préciser que son budget investit davantage auprès de la population que dans le secteur économique. Il a mentionné que le prix des produits du tabac est un facteur déterminant pour les fumeurs. Selon le ministre, cette initiative correspond à la volonté du gouvernement d’encourager la population à adopter de meilleures habitudes de vie. Il a pris soin de rappeler que le logement est l’un des grands défis de la 14e Assemblée, mais pas question, par contre, de subventionner davantage l’industrie de la construction. « Je ne sais pas si ça aurait autant d’effet que ça », a-t-il donné en guise de réponse.

Rhonda Howells, du groupe Ecology North, a voulu savoir si le nouveau budget avait prévu un investissement pour la recherche dans le domaine de l’énergie renouvelable. Réponse de Handley : pas d’argent pour une vaste recherche, mais un budget pour des projets spécifiques, comme le développement de l’hydroélectricité. « Nous subventionnons l’achat de panneaux solaires, a indiqué le ministre, mais seulement les gens qui habitent le long de l’Ingraham Trail en profitent », a-t-il fait remarquer. Joe Handley aimerait que les communautés soient moins dépendantes des sources d’énergie fossiles.

Les représentants ont questionné le ministre sur la formule de financement par habitant, qui a longuement fait les manchettes aux TNO au cours des dernières semaines. Le ministre des Finances a rappelé l’engagement pris par le premier ministre Jean Chrétien de trouver une solution d’ici le 1er avril 2004. Le déséquilibre entre les revenus et les dépenses a également soulevé l’inquiétude des groupes de gauche. Plusieurs ont cherché à comprendre pourquoi, en pleine période de croissance économique, le gouvernement des TNO n’arrive pas à équilibrer son budget. Sans redevances du fédéral, difficile de maintenir la barre des revenus assez élevée pour combler l’augmentation des dépenses, entre autres dans le secteur de la santé. « Nous négocions présentement avec le gouvernement fédéral et le Sommet des Autochtones, a fait savoir Joe Handley. Nous devons déterminer qu’est-ce qui reste ici et combien s’en va à Ottawa. » De trois à quatre années devraient être nécessaire avant de parvenir à une entente sur le partage des revenus provenant des ressources non-renouvelables. « Ça ne va pas aussi vite qu’on le voudrait. » Une situation que déplore le vice-président de l’AFPC, qui juge sévèrement l’attitude du fédéral. « On a besoin de faire comprendre au gouvernement fédéral que les revenus qui proviennent des ressources naturelles extraites des TNO, que ce soit le gaz, le pétrole, le diamant ou l’or, doivent revenir en partie aux TNO, a révélé Jean-François Des Lauriers. Présentement, nous ne recevons rien. À mon sens, c’est criminel. »

Avec l’annonce récente du fédéral de créer un fonds spécial pour les territoires du Nord, le dossier de la santé n’a pas été oublié. Après calculs, les 60 millions promis représentent beaucoup moins que les sommes demandées par les territoires. Le fédéral veut étendre les versements sur cinq ans, tandis que le GTNO exige que les paiements soient étalés sur trois ans. « Nous aurons à dépenser cet argent très intelligemment. C’est frustrant de voir que le fédéral est insensible aux circonstances auxquelles nous faisons face », a révélé Joe Handley. Le représentant du syndicat de la fonction publique abonde dans le même sens. « C’est plus un os qu’on nous lance qu’une réelle solution au problème du système de santé dans le Nord, a mentionné Jean-François Des Lauriers. Soixante millions, c’est un affront, à mon sens, comme de nous envoyer les miettes des miettes. »