Neuf ans après le Ballet royal de la Nuit, en 1661, Jean‑Baptiste Lully devient surintendant des orchestres et des musiciens chargés d’animer les célébrations, les défilés et les présentations publiques du Roi Soleil. Il est ensuite nommé maitre de musique de la famille royale. En 1669, il compte parmi les membres fondateurs de l’Académie royale de musique, institution à l’origine de l’Opéra de Paris et, ultérieurement, du Conservatoire de musique de Paris.
En 1670, Lully compose la musique de la comédie‑ballet Le Bourgeois gentilhomme, dont le livret est écrit par Molière et les chorégraphies signées par Pierre Beauchamp, célèbre maitre de danse français. Ensemble, Beauchamp, Lully et Molière fondent le genre de la comédie‑ballet, qui connait un immense succès avec Le Bourgeois gentilhomme.
À la suite de ce triomphe, en 1673, Lully crée son premier opéra, Cadmus et Hermione. Le livret, signé Philippe Quinault, est une adaptation du poème gréco‑romain de Persée et Andromède, raconté par Ovide dans ses Métamorphoses. Lully compose ensuite plusieurs autres opéras majeurs : Alceste (1674), Thésée (1675), Atys (1676), Phaéton (1683) et Armide (1686). Toutes ces œuvres, inspirées de la poésie antique grecque et romaine, sont construites selon la méthode du contrepoint, devenue par la suite le socle fondamental de l’enseignement au Conservatoire de musique de Paris.
Sur le plan institutionnel, l’enseignement du contrepoint comme méthode pour maitriser la consonance et éviter méthodiquement les dissonances s’était déjà implanté en Italie, à Naples, dès la fondation du Conservatoire di Santa Maria di Loreto en 1537. Cette méthode y était transmise par des compositeurs et enseignants exerçant dans des hospices accueillant des orphelines, où la musique jouait un rôle éducatif et spirituel essentiel.
Le plus célèbre de ces établissements est le Pio Ospedale della Pietà, à Venise, où brillent les compositions du prêtre Antonio Lucio Vivaldi, surnommé le prêtre roux, à partir de 1703. Vivaldi compose principalement pour des orchestres de violons, interprétant des œuvres religieuses, des concertos, des sonates et quelques opéras. Parmi ses œuvres maitresses figurent L’estro armonico et Il cimento dell’armonia e dell’inventione.
Cette dernière, composée en 1724, regroupe douze concertos pour violon, dont les plus célèbres sont les Quatre Saisons : Le Printemps, L’Été, L’Automne et L’Hiver. Le mot cimento du titre a une signification essentielle : il dérive du latin caementum, désignant une amalgamation utilisée pour unir des métaux et des pierres précieuses, métaphore de l’union harmonieuse entre invention et équilibre musical.
