le Mercredi 9 juillet 2025
le Vendredi 2 mai 2003 0:00 Divers

Le temps de crier haro sur le baudet?

Le temps de crier haro sur le baudet?
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Le temps serait-il en effet venu de crier haro sur le baudet? Telle est la question qui me chicote depuis pas mal de temps. Mais pourquoi donc, me direz-vous? Pour les gens qui crachent à qui mieux mieux et qui s’arrachent les entrailles pour faire rebondir d’immenses glaires juteuses juste à nos pieds quand on a réussi à les parer, cela va sans dire!

Depuis quelque temps, la ville de Yellowknife, tout comme d’autres villes d’Amérique du Nord, d’ailleurs, s’acharne avec furie contre les pauvres fumeurs qui n’ont pas encore réussi à arrêter de fumer. Ce n’est pas parce que je ne fume plus que je manque d’empathie envers les fumeurs, bien au contraire! Je suis bien placée pour comprendre leur désarroi quand, après un souper bien arrosé en bonne compagnie au resto, ils doivent aller dehors pour en griller une. Même pas un tout petit coin fumeur pour assouvir une habitude si difficile à se débarrasser. Bon! OK! Ils le savent aussi, les gens qui fument, que ce n’est pas bon pour la santé, la cigarette! Ils voudraient bien arrêter et si c’était si simple, ils l’auraient déjà fait. Donc, lâchez-les un peu et occupez-vous donc plutôt d’un état de fait très grave qui sévit à Yellowknife et qui me fait crier haro sur le baudet, et j’ai parlé des crachats et des cracheurs.

Quelqu’un me faisait remarquer avec justesse que les gestes de politesse ont souvent des raisons d’hygiène et de sécurité qui ne sautent pas toujours aux yeux. Ainsi, la politesse de ne pas mettre son couteau dans la bouche tire sans doute son origine du fait de prévenir les coupures. Je ne vais pas faire un tour exhaustif de différents gestes de politesse, mais qu’il me suffise de parler de la défense de cracher par terre devant tout le monde, en public. Pas besoin d’avoir un cours classique pour comprendre que ces gros crachats qui gisent par terre sont porteurs de bien des choses, dont certains, de graves maladies. En effet, comme on le sait si bien, le Grand Nord connaît un regain de tuberculose, maladie contagieuse à souhait, autrefois appelée la peste blanche, et qui peut facilement se transmettre. Je ne crois pas que l’on devrait laisser les gens cracher. Portons la remarque plus avant. Comme nous le savons tous, une nouvelle maladie a fait son apparition sur la planète, la pneumonie atypique ou SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère). Cette maladie se transmet par des gouttelettes de sécrétions buccales. Je ne suis pas certaine que de gros crachats bien juteux constituent le meilleur moyen de se préserver de cette horrible maladie. Cette maladie n’est pas encore rendue ici, et espérons qu’elle ne se rendra pas, mais ne devrions-nous pas prendre des mesures pour faire cesser les gens de cracher par terre, au vu et au su de tout le monde et je dirais même à leur barbe. Ceux qui sont toujours dans leur char et qui ne se promènent jamais à pied et qui n’ont jamais constaté le fait, allez vous promener du côté du Centre Square, sur l’heure du midi, quand plein de jeunes des écoles vont y flâner et je vous assure que vous serez bien chanceux si vous réussissez à éviter les crachats qui volent. J’exagère! Loin de là! C’est même pire que ce que je décris. J’ai voyagé beaucoup, et je n’ai pas souvent vu pire qu’ici. Certains pays d’Asie sont forts sur la chose. Ça crache également beaucoup. Mais ici, de laisser des jeunes cracher toutes les cinq minutes, sans égards pour les autres, pour la transmission de maladies et pour le dégoût que cela entraîne, alors là, non! Je crois que tout cracheur pris sur le fait par une autorité locale devrait se voir donner une contravention. Au bout de quelques crachats et de quelques dollars en moins, peut-être que tranquillement apprendraient-ils, à leurs dépens, que le temps est venu de s’indigner face à un comportement dangereux pour la santé publique, aussi dangereux que la fumée secondaire, à mon sens. Il est temps qu’encore une fois, on lâche les fumeurs (ils ont compris, les pauvres, et ce n’est pas faute d’essayer et d’essayer de cesser de fumer) et de s’attaquer à un problème qui ternit les trottoirs de notre ville, sans parler de tous les microbes qui se cachent, tapis dans les glaires immondes, prêtes à nous sauter dessus. C’est vraiment le temps de prendre des mesures pour que cela cesse. La politesse, ça encore du bon, vous savez! Il ne faut pas cracher dessus… dans tous les sens du terme! Ciao! [email protected]