le Samedi 8 novembre 2025
le Vendredi 7 novembre 2025 8:07 Arctique

Les peuples autochtones maintiennent le dialogue au Conseil de l’Arctique

Edward Alexander, coprésident du Conseil international Gwich'in et chef de la délégation auprès des hauts fonctionnaires de l’Arctique (au centre) et Devlin Fernandes, directrice générale du Conseil International Gwich’in (à droite) ont abordé les enjeux qui touchent le peuple Gwich’in comme la protection du caribou de la harde Porcupine et le changement climatique.  — (Courtoisie Gwich'in Council International)
Edward Alexander, coprésident du Conseil international Gwich'in et chef de la délégation auprès des hauts fonctionnaires de l’Arctique (au centre) et Devlin Fernandes, directrice générale du Conseil International Gwich’in (à droite) ont abordé les enjeux qui touchent le peuple Gwich’in comme la protection du caribou de la harde Porcupine et le changement climatique.
(Courtoisie Gwich'in Council International)

Les organismes autochtones, participants permanents au Conseil de l’Arctique, se sont réunis du 16 au 18 octobre dernier en Islande lors de la rencontre Arctic circle. Le Conseil international Gwich’in qui représente la nation Gwich’in des Territoires du Nord-Ouest, du Yukon et de l’Alaska était présent.

Les peuples autochtones maintiennent le dialogue au Conseil de l’Arctique
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Les six organismes autochtones reconnus comme participants permanents au sein du Conseil de l’Arctique se sont rassemblés dernièrement à Reykjavik (Islande). L’occasion ? La conférence annuelle Arctic Circle, un important forum international consacré aux enjeux politiques, environnementaux et sociaux de la région circumpolaire. Parmi eux figurait le Conseil international Gwich’in, qui représente la nation Gwich’in du Canada et de l’Alaska.

Une coopération en demi-teinte 

Malgré des tensions géopolitiques persistantes, les organisations autochtones, participantes permanentes au sein du Conseil de l’Arctique, continuent d’échanger et de faire avancer le dialogue. L’invasion de l’Ukraine par la Russie, le 24 février 2022, a cependant marqué une rupture profonde, et les mécanismes de coopération régionale dans l’Arctique n’ont jamais été rétablis à leur niveau d’avant-guerre au sein du Conseil de l’Arctique. 

Le 22 octobre 2025, celui-ci a déclaré que les réunions officielles au niveau diplomatique étaient suspendues. Même si les états arctiques, membres du Conseil, ne se réunissent plus comme auparavant, les réunions de présidence avec les participants permanents et les organes subsidiaires ont été maintenues. Elles ont été présidées par la Norvège, de 2023 à 2025, et seront conduites par le Royaume du Danemark jusqu’en mai 2027. 

Devlin Fernandes, directrice générale du Conseil international Gwich’in, assure néanmoins que la coopération au sein du Conseil de l’Arctique se poursuit et les six groupes de travail du Conseil de l’Arctique sont actifs. « Nous avons rencontré la présidence du Royaume du Danemark et d’autres organisations participantes permanentes afin de renforcer la coopération et de veiller à ce que nos voix soient prises en compte dans la planification et les activités. »

En effet, le Conseil international Gwich’in a participé à trois groupes de travail du Conseil de l’Arctique, à Reykjavik, pour discuter de nouveaux projets et de ceux qui sont en cours. Ces projets permettent au Conseil international des Gwich’in d’engager le dialogue, de collaborer et de faire avancer les travaux sur les questions prioritaires, d’après Mme Fernandes.

La faune arctique en péril ?

Le 23 octobre 2025, le secrétaire à l’Intérieur des États-Unis, Doug Burgum, a annoncé que l’ensemble de la plaine côtière de la réserve de faune nationale de l’Arctique, en Alaska, allait rouvrir à l’exploitation pétrolière et gazière. La nation Gwich’in a fermement condamné cette décision qui met en péril la harde de caribous Porcupine. Cette nouvelle sera prochainement abordée dans la rubrique Articles de l’Arctique. 

Une ambassadrice de l’Arctique

Edward Alexander, coprésident du Conseil international Gwich’in et chef de la délégation auprès des hauts fonctionnaires de l’Arctique, a pu rencontrer Virginia Mearns, ambassadrice du Canada aux affaires arctiques présente à Reykjavik. Elle a été nommée le 24 juillet 2025 par le premier ministre Mark Carney et a pris ses fonctions le 15 septembre dernier. 

Dans un environnement géopolitique en pleine mutation, la mission d’ambassadrice consiste à renforcer les relations du Canada avec ses partenaires et les instances multilatérales pour assurer la souveraineté dans l’Arctique et la promotion des possibilités en matière de sécurité et de croissance.

Le Conseil international Gwich’in envisage une collaboration étroite avec Mme Mearns afin de porter haut et fort les enjeux majeurs de la nation Gwich’in sur la scène arctique internationale. « Nous avons partagé nos principales priorités, notamment la protection du caribou de la harde Porcupine, la mobilité transfrontalière, les incendies de forêt et le changement climatique, ainsi que l’inclusion des jeunes. Ces priorités ont également été soulevées lors des tables rondes et des réunions auxquelles nous avons participé pendant l’Assemblée de l’Arctique », a indiqué Devlin Fernandes.

Le Conseil international Gwich’in s’est déclaré satisfait de la tournure des rencontres et des discussions autant formelles qu’informelles. 

« La nation Gwich’in a été pleinement représentée sur la scène internationale, partageant ses connaissances, ses préoccupations et ses solutions. Ces échanges ont permis de renforcer les relations, d’influencer les décisions politiques et de créer des liens avec d’autres peuples autochtones de l’Arctique. Nous apprécions profondément l’engagement des délégations, qui se déplacent loin de chez elles pour porter notre voix », a partagé le Conseil, sur sa page Facebook, l’issue des rencontres. 

Enfin, Kenneth Høegh, président des hauts fonctionnaires de l’Arctique au sein de la présidence du Royaume du Danemark, a affirmé que les consultations avec les participants permanents et les groupes de travail sont essentielles et indispensables au fonctionnement du Conseil de l’Arctique. 

« Je m’appuie personnellement sur leurs conseils, tout comme mes collègues hauts fonctionnaires de l’Arctique. En tant que diplomates, nous n’avons pas toutes les réponses. Ce sont ceux qui sont sur le terrain, qui vivent la réalité de l’Arctique au quotidien, qui nous fournissent les informations dont nous avons besoin pour prendre des décisions éclairées. »

Articles de l’Arctique est une collaboration des cinq médias francophones des trois territoires canadiens : les journaux L’Aquilon, L’Aurore boréale et Le Nunavoix, ainsi que les radios CFRT et Radio Taïga.