La position du Canada face aux garanties de prêts que veut accorder le Sénat américain pour la construction d’un pipeline, qui relierait l’Alaska au continent américain, a été réitérée dernièrement lors d’une visite du ministre des Affaires indiennes et du Nord canadien, Robert Nault, dans la capitale américaine. Cette visite-éclair, qui s’est déroulée du 30 avril au 2 mai, a permis au ministre de s’entretenir avec des dirigeants du secteur de l’Énergie du Congrès américain et des multinationales du secteur du pétrole et du gaz, en plus de quelques membres du Sénat américain, dont la sénatrice de l’Alaska, Lisa Murkowski. Le message transmis, alors que le Sénat américain débat actuellement du projet de loi sur l’Énergie, a été très clair. « Nous sommes maintenant prêts à passer à l’action. En tant que gouvernement canadien, nous appuyons autant le pipeline de l’Alaska que celui du delta du Mackenzie », a annoncé le ministre Nault .
Le Canada a réaffirmé sa position face aux subventions que le Sénat américain voudrait verser au secteur privé, pour que le projet du pipeline de l’Alaska aille de l’avant. Selon le ministre Robert Nault, ces subventions pourraient déformer les marchés nord-américains du gaz naturel, en provoquant une concurrence déloyale entre les entrepreneurs et producteurs, ce qui pourrait perturber le marché. Le Canada préfère que ce soit le secteur privé qui décide de la construction du pipeline et de son emplacement final. « Ce type de subventions nous inquiète car elles vont déformer le marché et perturber le secteur nord-américain du pétrole et du gaz. Ce n’est pas notre option » a indiqué le ministre.
Le Canada reste cependant ouvert aux trois tracés retenus. Le premier, qui acheminerait les réserves de gaz naturel de l’Alaska vers les États-Unis, est la route privilégiée par le Sénat américain, mais n’a pas reçu l’aval de l’administration Bush. Il traverserait le Yukon et la Colombie-Britannique. Le coût de ce pipeline varie entre 15 et 17 milliards de dollars. Le deuxième, qui relierait la mer de Beaufort au voisin du Sud, traverse les Territoires du Nord-Ouest et l’Alberta. Ce projet est estimé à 3 milliards. Finalement, la route de la mer de Beaufort, un pipeline sous-marin, propose de recueillir les sources de gaz naturel de l’Alaska et de la mer de Beaufort et de les acheminer à travers les terres des TNO, du Yukon et de la Colombie-Britannique. Plus risqué et plus complexe, ce dernier pourrait créer des disputes à long terme entre les Etats-Unis et le Canada sur les frontières de chaque pays. Bien qu’il ait fait l’objet d’un projet de loi par le Sénat américain, visant à interdire sa construction, le Canada ne rejette pas la possibilité de le voir aller de l’avant.
Malgré les pressions américaines, les gens du secteur du pétrole et du gaz penchent vers le tracé du delta du Mackenzie. « L’industrie et les gouvernements partagent le même point de vue sur le tracé du delta du Mackenzie : ce sera celui qui ira de l’avant en premier, avec le projet de l’Alaska pas très loin derrière », a mentionné le ministre Nault. Il a toutefois tenu à répéter qu’il n’y a pas de course et que le gouvernement du Canada appuie le tracé de l’Alaska. « Nous ne sommes pas opposés à ce pipeline. Nous voulons que les intérêts du Canada ne soient pas mis de côté. »