le Vendredi 14 novembre 2025
le Jeudi 13 novembre 2025 15:58 Arctique

Réserve faunique nationale de l’Arctique : les Gwich’in s’opposent à la décision du gouvernement Trump [1/2]

Le gouvernement des États-Unis a annoncé que l’ensemble de la plaine côtière de la réserve faunique nationale de l’Arctique, en Alaska, allait rouvrir à l’exploitation pétrolière et gazière. La nation Gwich’in de l’Alaska, qui milite pour la protection de cette région, a fermement condamné la décision qui met en péril la harde de caribous Porcupine
 — (Pixabay-OrnaW)
Le gouvernement des États-Unis a annoncé que l’ensemble de la plaine côtière de la réserve faunique nationale de l’Arctique, en Alaska, allait rouvrir à l’exploitation pétrolière et gazière. La nation Gwich’in de l’Alaska, qui milite pour la protection de cette région, a fermement condamné la décision qui met en péril la harde de caribous Porcupine
(Pixabay-OrnaW)

Le 23 octobre 2025, la nation Gwich’in a condamné la décision du gouvernement de Donald Trump d’ouvrir à l’exploitation pétrolière et gazière, la réserve faunique nationale de l’Arctique au bord de la mer de Beaufort.

Réserve faunique nationale de l’Arctique : les Gwich’in s’opposent à la décision du gouvernement Trump [1/2]
00:00 00:00

Le 23 octobre 2025, le secrétaire à l’Intérieur des États-Unis, Doug Burgum, a annoncé que l’ensemble de la plaine côtière de la réserve faunique nationale de l’Arctique, en Alaska, allait rouvrir à l’exploitation pétrolière et gazière. 

La nation Gwich’in, qui milite pour la protection de cette zone depuis 1988, a fermement condamné cette décision qui met en péril la harde de caribous Porcupine qui migre chaque année, au printemps, où les petits naissent. 

Dénonçant l’incohérence de leurs propos concernant l’intérêt des collectivités du Nord (de l’Alaska), Kristen Moreland, directrice du Gwich’in Steering Committee (GSC), a indiqué que le gouvernement de Trump n’a, à aucun moment, tenté d’entrer en contact avec les membres des communautés Gwich’in de l’Alaska. 

Mme Moreland dénonce une tentative de réduire au silence la voix du peuple Gwich’in. « Il s’agit là d’une nouvelle mesure irrespectueuse de la part des décideurs, qui ignorent la voix des Gwich’in et violent nos droits en tant que peuple autochtone », a-t-elle déclaré dans un communiqué de presse le jour de l’annonce.

Cette décision est une attaque directe contre le peuple Gwich’in selon Mme Moreland et les perspectives de gains à court terme ne peuvent pas justifier une destruction des aires de mise bas des caribous. 

« Un programme de concession qui ouvrirait toute la plaine côtière ignore complètement les impacts que l’exploitation pétrolière et gazière aurait sur les terres, la faune et nos communautés », a-t-elle précisé. 

Terre sacrée

Pour le peuple Gwich’in, la réserve faunique nationale de l’Arctique est une terre sacrée qui abrite la harde de caribous Porcupine et constitue le cœur de leur identité. C’est pourquoi le GSC souhaite que cette région soit protégée de façon permanente et que son devenir ne dépende plus de la volonté du gouvernement fédéral en faveur de l’exploitation des ressources de pétrole et de gaz. 

D’après Galen Gilbert, premier chef du conseil municipal d’Arctic Village, l’exploitation pétrolière et gazière dans cette région est totalement incompatible avec la vision du monde des Gwich’in. Elle risque de causer des dommages irréparables à l’environnement et aurait des répercussions sur leur identité et leur culture. 

« Cette décision va directement à l’encontre des années d’engagement et de défense des intérêts des Gwich’in, qui ont clairement démontré que tout forage sur ces terres causerait un préjudice irréversible aux Gwich’in et à leur mode de vie. Bien que nous soyons découragés, cela n’a fait que renforcer notre détermination, en tant que Gwich’in, à continuer de protéger les terres qui nous nourrissent depuis des temps immémoriaux. »

Le chef rappelle également que tout impact sur les caribous, qu’il s’agisse d’un changement dans leurs habitudes migratoires, d’une baisse de leur taux de fertilité et/ou d’une perte de leur habitat causés par la construction de routes et d’infrastructures nécessaires à l’exploitation des énergies fossiles, sera ressenti par les habitants d’Arctic Village qui dépendent de la harde Porcupine. 

Le point de vue du gouvernement de Trump

Dans une déclaration adressée par courriel à Médias ténois, le ministère de l’Intérieur a nuancé sa position. En effet, tout en reconnaissant une volonté de développer les ressources pétrolières et gazières du 49e état, le ministère a assuré vouloir une exploitation responsable et protéger les droits de subsistance des communautés autochtones de l’Alaska. Il est ici fait mention des collectivités Inupiat sur le bord de la mer de Beaufort et non des collectivités Gwich’in.

« Une exploitation responsable du pétrole et du gaz soutient le renforcement de l’économie de l’Alaska et contribue à l’indépendance énergétique des États-Unis. »

Par ailleurs, sans donner d’exemple précis sur d’éventuelles mesures de protection de l’environnement ni de calendrier de rencontre avec les leadeurs des collectivités autochtones, Gwich’in et Inupiat, le ministère s’est dit à l’écoute, tout en assurant vouloir respecter les droits distinctifs des peuples autochtones au regard des projets sur leurs territoires traditionnels.  

« Le ministère est attentif aux communautés tribales et reste déterminé à consulter les gouvernements tribaux, à respecter la souveraineté autochtone et à mettre en œuvre des mesures de protection rigoureuses pour l’environnement et les communautés. »

Une action en justice

Une action en justice est déjà en cours au nom du GCS et de groupes alliés, contestant la légalité de la décision relative au programme de location précédemment adoptée par le gouvernement américain. 

« Nous avons intenté cette action en justice en 2020, immédiatement après l’adoption du programme de location initial par l’administration Trump. Nous avons soulevé un certain nombre de questions juridiques importantes, notamment le fait que ce programme ne protège pas les objectifs du refuge ni l’utilisation et les ressources de subsistance essentielles aux Gwich’in », a affirmé Suzanne Bostrom, avocate au sein du cabinet d’avocats à but non lucratif Trustees for Alaska, qui est spécialisé dans le droit environnemental. 

Mme Bostrom a cependant indiqué qu’aucune nouvelle action n’a été intentée pour le moment et des discussions sont toujours en cours avec le GSC. 

Articles de l’Arctique est une collaboration des cinq médias francophones des trois territoires canadiens : les journaux L’Aquilon, L’Aurore boréale et Le Nunavoix, ainsi que les radios CFRT et Radio Taïga.