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Affiche du film Divines
Il y a des films qui ne se contentent pas de vivre à l’écran : ils frappent, bousculent et laissent derrière eux une énergie forte. Avec Divines, Houda Benyamina signe l’un des films les plus marquants du cinéma français des dix dernières années. Elle a été acclamée à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes durant laquelle la cinéaste a décroché la Caméra d’or pour sa réalisation. Porté par la révélation Oulaya Amamra, récompensée quelques mois plus tard du César du Meilleur espoir féminin, et la présence puissante de Déborah Lukumuena, sacrée pour sa part Meilleur second rôle féminin, le film s’impose dès les premières minutes comme une œuvre marquante.
Dounia vit dans un camp de fortune, un bidonville accolé à une cité en banlieue parisienne, où elle traine avec des rêves trop grands pour la vie à laquelle son entourage la destine. Cette précarité quotidienne alimente en elle une véritable fureur de vivre, une volonté acharnée de s’arracher à sa condition sociale, quitte à bruler les étapes et les interdits. Quotidiennement, elle tient sa mère pour responsable de cette vie étroite qu’elle refuse d’accepter. Avec Maimouna, son amie inséparable, elle navigue entre débrouille et petits vols jusqu’à rencontrer Rebecca, une revendeuse de drogues influente et respectée dans le quartier, qui lui fait miroiter une possible ascension sociale grâce à de l’argent facile. Dans ce chaos, elle fait la connaissance de Djigui, danseur professionnel, qui lui offre une échappée vers un ailleurs possible.
Ce qui donne sa force à Divines, c’est d’abord son point de vue entièrement mené par des femmes, une réalisatrice, des héroïnes. Cette histoire montre la banlieue à travers leurs yeux, leurs colères et leurs rêves. Le film ne cherche jamais à enjoliver la réalité, il est brut, réaliste, souvent dur, mais toujours sincère. Vingt ans après La Haine de Mathieu Kassovitz, le constat reste le même : les inégalités et les fractures sociales persistent. Divines le rappelle avec simplicité, en montrant la vie telle qu’elle est pour ces jeunes qui cherchent à s’en sortir, quel qu’en soit le prix à payer à la fin.
Sans prétendre donner des leçons, Divines met en lumière des réalités que beaucoup préfèrent ignorer, et rappelle surtout que derrière chaque colère humaine, il y a une vie, des rêves et un besoin de considération.
