Installée à Fort Smith depuis 2006, Helena Katz est l’une de ces autrices pour qui le Nord n’est pas seulement une source d’inspiration. Originaire de Montréal, journaliste pendant de nombreuses années, notamment pour la Gazette, elle a peu à peu déplacé son regard du monde urbain vers les vastes paysages du nord canadien. C’est lors d’un détour sur la route Dempster qu’elle a vécu une expérience sensorielle importante : un instant où, nous a-t-elle confié, « la frontière entre l’être humain et la terre a disparu ».
Résultat d’un changement de direction
Auteure de plusieurs ouvrages – d’abord centrés sur le crime et le système judiciaire –, elle se consacre aujourd’hui à un travail plus personnel, marqué par la mémoire, l’observation et le rapport au territoire. Son nouveau livre, Dispatches from Canada’s North, retrace en une quarantaine d’histoires les étapes de son arrivée aux TNO : l’émerveillement des débuts, le choc culturel inévitable, puis l’ancrage final, celui où l’on sait que l’on a trouvé son « chez soi ». Pour Helena Katz, ce dernier n’est plus Montréal : « C’est le Grand Nord. C’est là où j’habite, là où je me sens bien. »
Un tout nouvel ouvrage
« Le livre suit les trois étapes du choc culturel : l’émerveillement, le choc, puis enfin le sentiment d’être chez soi ». Ce livre puise profondément dans sa vie quotidienne, ses rencontres et ses observations. Des anecdotes cocasses, comme rapporter une télévision… et une douzaine de souris congelées pour le serpent d’une amie, côtoient des moments plus contemplatifs, comme son apprentissage auprès de femmes préparant une peau d’orignal à Fort Simpson. Au fil des pages, elle tisse les liens entre nature, culture et communautés nordiques.
Une exposition à venir à Fort Smith et à Yellowknife
Helena est aussi artiste en feutrage. Ses dix œuvres inspirées du Nord seront exposées au Centre culturel de Fort Smith, puis au NACC de Yellowknife en mars. Cette seconde pratique nourrit son écriture, et inversement : paysages, textures et récits dialoguent constamment.
Aujourd’hui, elle espère que son ouvrage sera reçu comme une porte ouverte sur la vie nordique vécue de l’intérieur : « Il y a beaucoup de livres écrits par des gens qui ne vivent pas ici. Mais on est capables de raconter nos propres histoires ». Dans ce contexte, elle revendique la valeur du regard enraciné. Soutenue par sa communauté, déjà encouragée par plusieurs lecteurs, elle réfléchit doucement à son prochain projet – peut-être un nouveau récit de mémoire. Une chose est sure : Helena Katz continuera d’écrire le Nord, avec la sincérité de celles qui en font partie.
