Quand je suis venue dans le Nord, il y a plus de 12 ans, c’était pour visiter mon frère qui est pilote d’avion à Fort Simpson. Il a été pilote au Lac St-Jean, instructeur à Saint-Honoré, près de Chicoutimi (maintenant appelé Saguenay : l’histoire se perd) et enfin, il est venu ici dans le Nord où il a travaillé à Rae Edzo et surtout, depuis des années, à Fort Simpson, où il fait principalement le parc de la Nahanni, Je reviendrai sur cette rivière plus tard.
Donc, je suis venue rendre visite à mon frère, après un périple en auto qui m’avait menée de Montréal à Fort Simpson, en passant par le parc de Yellowstone, En arrivant à Fort Simpson, j’ai vite eu l’occasion d’aller dans le parc de la Nahanni avec Jacques, mon frère, et Jean-Charles, un ami. La beauté sauvage et imposante de ce parc m’a tout de suite envahie: en effet, dès que j’ai vu les glaciers imposants, les canyons vertigineux, les montagnes, les prairies qui entouraient cette rivière qui déferlait en méandres amusants et tordus, j’ai aussitôt été pénétrée du désir de descendre cette rivière réservée aux intrépides et aux aventuriers, cette rivière appelée à l’occasion la rivière des rois, car son accès n’est pas réservé à tout le monde. C’est un secret de moins en moins préservé, et c’est bien ainsi, que cette rivière repose dans un écrin des plus beaux et des plus sauvages de la planète, et non, je n’exagère pas.
Donc, le désir m’a envahie, et j’en ai bien vite fait part à Jean-Charles qui m’a avoué n’avoir qu’une idée en tête lui aussi : descendre cette rivière en canot. N’allez surtout pas croire que nous étions de chevronnés canoteurs. Nenni! Nous avions tout simplement envie de nous rapprocher de cette merveille que nous avions vu du haut des airs. Nous avions également pu fouler le sol au pied des chutes Virginia, une image inoubliable. Nous avions vu des gens partir du bas des chutes, partagés entre la crainte des rapides impitoyables au bas des chutes et le plaisir d’une aventure inoubliable qu’ils allaient vivre. Oui, j’avais été témoin de ça, et je rêvais de la rivière. Deux jours plus tard, j’en parlais à mon frère qui ne fit ni un ni deux : Tu veux la faire, aucun problème, je te trouve l’équipement voulu. Deux jours plus tard, grâce à ses connaissances et à ses multiples ressources, nous voilà équipés pour aller tenter la grande aventure. Par un bel après-midi du mois d’août, nous partîmes pour une grande aventure qui allait débuter à Rabbit Kettle, située en haut des chutes Virginia. Après un tour d’avion autour d’un glacier et un atterrissage des plus impressionnants sur une plage en gravier, avec un Twin Otter (gros avion pour ce genre d’atterrissage), nous avons monté notre tente pour amorcer notre aventure le lendemain. C’est donc sur une rivière aux hautes eaux qui nous attendait le lendemain. En effet, comme il avait beaucoup plu les journées précédant notre départ, ce sont des eaux très rapides qui ont avalé notre zodiac. J’avais oublié de vous dire que comme nous ne partions pas avec un pourvoyeur et que notre expérience en canot était limitée, mon frère nous avait suggéré de partir en raft, ce que nous avons trouvé de bon aloi. Cette rivière a en effet été la cause de beaucoup de mésaventures malheureuses au fil de son histoire.
C’est donc vraiment excités que nous nous sommes embarqués pour la grande aventure. Nous savions qu’il n’y avait pas de rapides sur cette portion situées en haut des chutes Virginia. Nous avons donc simplement paqueté notre embarcation et hop, c’est parti. Nous nous sommes bien vite rendus compte que nous n’allions pas faire tout ce que nous voulions sur cette rivière : nous devions nous enregistrer à environ deux milles après notre départ, à l’entrée du parc. Il s’agit là d’une mesure obligatoire pour quiconque désire descendre cette rivière, mesure qui vise tant à protéger les aventuriers qu’à préserver le parc. Nous aurions pu le faire à Fort Simpson, mais comme nous sommes partis un dimanche et que le bureau était fermé, nous avons décidé de nous enregistrer une fois sur la rivière. Mais cela ne s’est pas passé ainsi. Comme le courant nous avait entraînés de l’autre côté de la rivière, impossible de remonter le courant déchaîné et nous avons manqué notre inscription. La rivière venait de nous donner un signal : il fallait afficher nos galons si nous voulions passer quelques jours en sa compagnie. Nous prîmes bien note de la leçon. Et comme mon frère savait que nous étions sur la rivière, le mal n’était pas si grand. Il savait que nous devions revenir au bout de tant de jours. Donc, nous n’avions pas à trop nous inquiéter et c’est tout de même le coeur léger que nous nous sommes laissés littéralement descendre jusqu’au haut des chutes, jouissant d’un paysage à couper le souffle et des sons cristallins que la rivière produisait. Une journée de rêve à se dorer au soleil, à observer la nature, à se familiariser avec cette rivière indomptée, indomptable. Nous nous préparions pour une descente de la puissante Nahanni, la descente de ma vie, pour ma part. Et c’est ainsi que nous sommes arrivés en fin d’après-midi en haut des chutes Virginia. Et je vous laisse ici. Je poursuivrai mon récit dans le prochain journal. Les souvenirs se bouleversent dans ma tête en vous faisant vivre avec moi ces moments inoubliables. À bientôt! [email protected]