Pour le directeur général, Patrick Arsenault, l’année 2024-2025 restera une année déterminante, marquée par de nombreuses avancées majeures.
En ouverture de l’assemblée générale annuelle, le président du conseil d’administration, Aleksandar Kovacevic, a rappelé à quel point le Collège occupe aujourd’hui « une place essentielle » dans le paysage nordique. Celui qui observe l’institution depuis plusieurs années voit dans le CNF bien plus qu’un établissement postsecondaire. Selon lui, c’est un espace de rencontre, au sein duquel se mêlent Franco-Ténois, nouveaux arrivants et communautés autochtones.
Immigrant francophone travaillant à Inuvik, il a dit reconnaitre dans le Collège « cette volonté sincère de refléter la réalité nordique : multiple, résiliente, ouverte ». Pendant son intervention, M. Kovacevik s’est réjoui de l’accréditation officielle obtenue en 2024, mais n’a pas caché sa déception face à la réduction importante du principal financement du CNF. Cependant, « s’il y a une chose que les communautés que nous desservons connaissent bien, c’est la résilience », a-t-il ajouté.
Pressions et avancées
Le directeur général, Patrick Arsenault, a lui aussi situé l’année dans un contexte d’austérité. Il a évoqué des « compressions budgétaires démesurées » qui ont obligé l’établissement à revoir certaines initiatives. Malgré cela, il estime que 2024-2025 restera une année déterminante, marquée par trois avancées majeures : un rayonnement accru dans les réseaux territoriaux, nationaux et internationaux, des inscriptions records dépassant 900 étudiantes et étudiants, et une diversification du financement qui a permis au CNF de poursuivre sa mission.
M. Arsenault a souligné l’importance de l’accréditation, une première pour un établissement postsecondaire francophone au nord du 60e parallèle. Cette reconnaissance ouvre, selon lui, des perspectives de collaboration et confirme la capacité du Collège à garantir des études adaptées aux réalités nordiques. Il est également revenu sur la distinction d’Employeur de l’année décernée à l’automne 2024 par la Chambre de commerce de Yellowknife, un accomplissement qui témoigne, dit-il, d’un milieu de travail « sain et respectueux ». Il a toutefois tenu à remercier les employés qui ont quitté le Collège durant les derniers mois en raison des contraintes financières.
Conséquences des coupes
Les documents distribués lors de l’AGA précisent que la réduction du financement fédéral a eu un « impact direct » sur la capacité du CNF à offrir certains services, dans un territoire où chaque initiative de formation est jugée essentielle. Patrick Arsenault y souligne que « les coupes annoncées compromettent des services essentiels pour les personnes étudiantes et apprenantes », tout en affirmant demeurer déterminé à défendre un accès équitable à l’éducation postsecondaire en français dans le Nord.
Les chiffres présentés aux membres ont illustré la réalité budgétaire du Collège pour l’exercice 2024-2025. Pour l’exercice se terminant le 30 juin dernier, les revenus atteignent 4,73 millions de dollars, contre 3,64 millions un an plus tôt, principalement grâce à une hausse du financement territorial. Toutefois, les dépenses ont augmenté bien plus rapidement, notamment en salaires, sous-traitance, promotion et matériel pédagogique. Résultat : un déficit de 65 334 dollars, alors que l’exercice précédent affichait un surplus.
L’année vue par le directeur
Si vous deviez retenir trois faits saillants de cette AGA, lesquels seraient-ils et pourquoi ?
On a eu des échanges intéressants, particulièrement concernant notre nombre d’inscriptions records. Dans les cinq dernières années, et particulièrement dans la dernière année, il a augmenté de manière drastique. Nous sommes très fiers de ça. On a aussi fait un retour sur l’accréditation obtenue l’année dernière. C’était aussi pertinent de rappeler un peu tous les impacts que ça a eu sur nous, sur notre développement, sur l’avenir aussi, puis sur tout le travail fait une fois cette accréditation acquise. Comme j’avais dit l’année dernière, quand on l’a eu, ce n’était pas la ligne d’arrivée, mais plutôt de départ. Ce moment historique a été la fondation pour de nombreux projets, qui voient désormais le jour. Enfin, je dirais que nous avons eu une augmentation et une diversification importantes de nos financements. C’était intéressant de souligner qu’on avait réussi à avoir une année record également de ce côté.
Dans votre discours, vous avez parlé de « compressions budgétaires démesurées », mais, dans le même temps, vous soulignez des revenus records et 909 inscriptions. Comment conciliez-vous ces deux réalités ?
Effectivement, on est dans une situation assez difficile. Un établissement postsecondaire, francophone, en lieu minoritaire, doit former et préparer les générations actuelles et aussi futures. Nous devons planifier sur le très long terme. On ne pense pas seulement à ce qui se passera dans un ou deux ans, mais plutôt dans dix, quinze ans. De quels métiers aura-t-on besoin ? Quelles formations faut-il en conséquence développer aujourd’hui ? Cependant, avec des financements toujours sur le très court terme et par projet, nous devons apprendre à naviguer entre ces deux réalités-là. Aujourd’hui, c’est un peu particulier parce qu’on a des résultats records, à l’image de l’an dernier. Mais, cette année, le financement est coupé. Ça aura certainement un impact sur nos résultats de l’année prochaine. C’est peut-être un peu tôt pour le dire, mais je peux imaginer qu’on a eu ces résultats-là aussi grâce à des financements historiques.
Vous avez dit que le Programme Explore a failli être abandonné à cause des coupures. Pourquoi était-il important, selon vous, de le sauver, et qu’est-ce que cela change concrètement pour le rayonnement du Collège et de la francophonie dans le Nord ?
Oui. Le programme Explore existe depuis plus de 50 ans, mais il n’a jamais eu lieu dans aucun des trois territoires. On pensait que c’était important que le programme soit disponible. C’est un message assez fort de dire qu’on peut venir à Yellowknife faire une immersion en français et qu’il est donc possible d’apprendre le français, de vivre sa vie en français au quotidien. C’est une belle façon de promouvoir notre francophonie à l’échelle nationale.
