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le Vendredi 15 août 2003 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Politique

Économie Un rythme fou !

Économie Un rythme fou !
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En 2002, des experts du très réputé Conference board of Canada ont arpenté les Territoires du Nord-Ouest pour y prendre le pouls de la situation en matière de développement économique. En novembre 2002, l’organisme de recherche émettait un rapport que le gouvernement n’a rendu public qu’en juin qui a suivi.

« Les TNO ont été réactifs, au cours des quatre dernières années, alors que le développement économique dans le Nord explosait. Nous avons eu la plus grande croissance du produit intérieur brut au Canada depuis plusieurs années. Ce que nous voulions faire, c’est une évaluation indépendante des prévisions pour l’économie ténoise. Nous avons donc demandé au Conference board d’identifier les facteurs qui influencent le rythme du développement économique d’ici », d’expliquer le sous-ministre au ministère des Ressources, de la Faune et du Développement économique, Bob McLeod.

L’analyse du Conference Board reprend les différents facteurs économiques présents aux Territoires du Nord-Ouest, comme les ressources humaines, les infrastructures et les ressources naturelles. De plus, on y trace un tour d’horizon de la conjoncture socio-politique, c’est-à-dire les organismes qui voient à gérer la croissance économique et la structure des territoires.

Le directeur général du Conseil de développement économique des TNO, André L. Routhier, n’en est pas à sa première lecture d’un rapport rédigé par le Conference Board. « Je dois avouer que l’aspect socio-politique est intéressant et que l’on ne voit pas ça souvent dans un de leurs rapports », dit-il.

« Ce qu’il dit, entre autres, c’est qu’au niveau organisationnel, pour la faible population que l’on retrouve aux TNO, il y a énormément de systèmes de réglementation, de règlements, de lois et de niveaux de gouvernement, en plus des organismes autonomes qui peuvent affecter le développement de projets », d’expliquer M. Routhier. Celui-ci fait référence, entre autres, aux différents organismes en charge d’effectuer les évaluations environnementales des projets présentés aux TNO.

Dans son rapport, le Conference Board se dit conscient que le concept du guichet unique ne pourra s’appliquer au contexte des Territoires du Nord-Ouest. « Ce serait important, pour le développement à moyen terme, d’adopter une approche plus intégrée », de préciser André L. Routhier, qui rappelle qu’un tel processus a été appliqué en préparation du dépôt de projet pour un gazoduc qui descendrait la vallée du fleuve Mackenzie. « Il faudrait que ça se répète », dit-il.

Ce questionnement avancé par le Conference Board chicote M. McLeod. « Il y a certains secteurs du rapport où nous n’étions pas nécessairement d’accord, mais ça fait partie des raisons pour lesquelles nous avons demandé une évaluation indépendante », dit-il. Outre les conclusions du Confe-rence Board sur le système de réglementation, le gouvernement territorial a sourcillé lorsqu’il a vu certains commentaires sur le système d’investissement en infrastructure et en capital humain, en plus de l’importance de travailler sur le système de gouvernance. L’organisme fait, entre autres, référence au job tourism, par lequel des travailleurs résidents à l’extérieur des TNO viennent gagner leur pain au Nord du 60e parallèle.

« En tant que gouvernement, nous avons toujours supporté le système de réglementation parce qu’essentiellement, nous faisions partie des architectes de ce système. Nous pensons qu’une grande partie de ce phénomène est une crise de croissance. Certaines commissions et agences acquièrent de l’expérience et développent des procédures qui améliorent les choses. Quant aux enjeux de gouvernance, nous travaillons là-dessus, comme pour la dévolution et les revendications territoriales », de faire valoir le sous-ministre.

Pour M. Routhier, comme pour M. McLeod, ce rapport vient certainement donner un élément de réflexion aux intervenants des Territoires du Nord-Ouest, quant à la stratégie à adopter en terme de rythme de développement. « Le Conference Board fait état des problèmes et donne des pistes de solution. Effectivement, il y a un débat aux Territoires à savoir si les choses vont trop vite et que l’on ne devrait pas attendre de régler les problèmes avant de continuer ? L’organisme ne prend cependant pas position. Ce que le Board dit, c’est qu’il faut qu’il y ait un débat », explique M. Routhier, qui voit la prochaine campagne électorale comme une bonne occasion pour lancer la discussion.

Quant à une stratégie définitive en matière de développement, il faudra patienter, de laisser entendre Bob McLeod. « Il est déjà tard dans la vie du gouvernement actuel. Je pense donc que ce sera le nouveau gouvernement qui aura à travailler là-dessus », dit-il. Pourtant, le gouvernement a ce rapport entre les mains depuis novembre 2002 et ce n’est qu’en juin 2003 que le public a pu en constater le contenu. « Certains ministères voulaient des clarifications sur certains éléments du rapport. Nous avons passé du temps à travailler là-dessus ensemble et nous avons ensuite reçu l’approbation du Cabinet pour rendre le rapport public », d’expliquer Bob McLeod.