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le Vendredi 19 septembre 2003 0:00 Culture

Un sourire sur un visage d’enfant

Un sourire sur un visage d’enfant
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Il est grand, ses cheveux longs et délavés sont perpétuellement en bataille et sa moustache, taillée en diagonale, ajoute l’élément essentiel à son air loufoque. Sa profession : clown. Monsieur Jacko, sobriquet de clown qu’il utilise aussi dans sa vie de tous les jours, est, à lui seul, un message d’espoir aux enfants.

Avant de fonder Clowns sans frontières, Monsieur Jacko faisait déjà des spectacles depuis un bon nombre d’années. Voulant freiner le rythme de ses représentations, il songeait à partir en mission de développement international. « J’ai rencontré, par hasard, une touriste qui m’a parlé de Clowns sans frontières, qui existait en France ».

En décembre 1994, la section canadienne de Clowns sans frontières était donc fondée. « C’est un petit organisme, mais on a quand même réalisé 11 missions depuis ce temps et nous en avons une douzième de prévue pour le mois d’octobre, en Haïti », mentionne celui qui y mène un projet de trois ans par lequel des jeunes de l’endroit apprennent les rudiments du métier et y montent un petit cirque.

Et plusieurs artistes, de tout acabit, sont intéressés par la mission de l’organisme qui compte une banque de quelques 500 noms. Jusqu’à maintenant, des Clowns sans frontières canadiens ont suscité des sourires sur les visages d’enfants en Bosnie, au Kosovo, au Brésil, aux Philippines, en Afrique et, bien sûr, au Canada.

Quelque soit la langue, la culture ou les problèmes auxquels les enfants sont confrontés, Monsieur Jacko remarque que le travail est apprécié. « Tous les enfants rient du même gag. Je suis unilingue, je ne parle que français et très peu d’autres langues, alors je fais mes spectacles partout dans la même langue. Qu’ils aient vécu la guerre ou pas, les enfants pleurent lorsqu’ils ont peur et rigolent du coup de pied dans le derrière du clown. Les enfants n’ont pas de notion de différence et le rire est universel et unit les gens », d’analyser celui qui a vu des enfants de classes sociales complètement différentes s’asseoir et rire ensemble. « C’était la première fois que certains parents permettaient ça », dit-il.

Voulant transmettre un message de paix et d’espoir à travers le monde, c’est en vendant des nez de clowns que Monsieur Jacko réussit à financer ses missions. Clowns sans frontières ont même décrété le 20 novembre, le Jour-Nez. « Nous voudrions que tous les enfants de toutes les écoles du Canada et tous les adultes, portent un nez de clown. Le 20 novembre est la journée de la signature de la Convention relative aux droits des enfants », de rappeler le clown qui croit qu’en éduquant les enfants très tôt, il sera possible d’éradiquer la guerre.

Pour sa tournée aux Territoires du Nord-Ouest, alors que l’itinéraire comprenait Yellowknife et Fort Smith, Monsieur Jacko pouvait compter sur deux partenaires. Deux jeunes acrobates et jongleurs qui ont été séduits par la mission de Clowns sans frontières.

Pour Yan, Clown sans frontières est « une méthode absolument géniale de réinsertion sociale. Surtout avec les jeunes de la rue dans différents pays ». Avant de se joindre à Clowns sans frontière, Yan avait déjà fait partie de divers projets de « ce que les grandes personnes appellent la coopération internationale ». « Ça faisait longtemps qu’on me parlait de Clowns sans frontières et des actions qu’ils faisaient. Moi, j’aime bien le spectacle et tout ce qui fait rire les enfants me touche beaucoup », de mentionner celui qui s’est fait une spécialité de la jonglerie.

De son côté, David a commencé sa carrière dans le Vieux-Port de Montréal. Celui qui jongle, est équilibriste et acrobate, a vu le nombre des ses contrats se multiplier, avant d’aboutir dans les Clowns sans frontières.

Selon Monsieur Jacko, tout repose maintenant sur les enfants. « Dans dix ans, le rêve serait que Clowns sans frontières n’existe plus, que ce ne soit plus nécessaire et que les gens vivent dans un partage de bonheur et de sourires. Mais j’espère que ce sont les jeunes qui ont dix ans ou quinze ans aujourd’hui qui s’occuperont de cet organisme. Quant aux enfants, si on leur montre ce qui se passe vraiment dans le monde, je pense qu’ils voudront changer quelque chose », dit-il.