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le Vendredi 20 février 2004 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Économie

Francophonie ténoise Fin d’année difficile

Francophonie ténoise Fin d’année difficile
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La fin d’année financière devient un casse-tête pour plusieurs organismes de la francophonie ténoise. Malgré une planification budgétaire qui tient la route, plusieurs d’entre eux doivent gratter les fonds de tiroir pour trouver les liquidités nécessaires à leur bon fonctionnement.

Du côté de la Fédération Franco- TéNOise (FFT), on manque d’argent à court terme. « Sur une base annuelle, on est en train de gérer une année correcte et équilibrée, mais à court terme, on manque de liquidité », dit le directeur général, Léo-Paul Provencher.

Selon lui, il s’agit d’un problème récurrent occasionné, dans une large part, par le cycle de déboursés effectués par les bailleurs de fonds de l’organisme qui a pour mandat de représenter les intérêts de la communauté francophone des Territoires du Nord-Ouest. « Il y aurait dû y avoir, depuis longtemps, des ajustements apportés au cycle de financement. Je pense que les bailleurs de fonds (les deux niveaux de gouvernement) devraient modifier leur calendrier pour faire des déboursés beaucoup plus importants au moment où il le faut pour éviter que les associations n’aient à dépenser de l’argent en intérêts », poursuit le directeur général.

Alors que la FFT est obligée d’utiliser sa marge de crédit pour poursuivre ses opérations, M. Provencher trouve dommage qu’autant d’argent soit payé en intérêts, plutôt que de servir à la communauté. De plus, cette année, cette marge de crédit a été dépassée de 80 %, ce qui augmente encore davantage les frais d’intérêt.

« La marge de crédit que la Fédération devrait avoir dans ces opérations actuelles, avec la manière dont le financement nous arrive, est de 100 000 $ à 125 000 $ », explique M. Provencher. Or, au cours des dernières années, la banque a décidé de réduire cette marge de crédit à 70 000 $. En conséquence, les frais d’intérêt sont devenus supérieurs aussitôt que ce cap était franchit.

« Les banques nous disent qu’on est tellement à risque qu’ils doivent nous charger très cher pour nous financer. J’ai l’impression que la banque a des critères, à l’égard des comptes à recevoir du gouvernement, qui ressemblent un peu à ceux de l’industrie privée. Nous attendons des déboursés importants des deux niveaux de gouvernement. Nous savons qu’en avril, nous aurons des surplus de trésorerie de plusieurs dizaines de milliers de dollars. La banque n’a donc pas lieu de s’inquiéter et de s’énerver », dit le directeur général.

Parmi ces comptes à recevoir, on retrouve l’argent du Réseau national de Santé en français, qui a été retenu au cours des derniers mois. « C’est la FFT qui a supporté, pour près de 50 000 $, les dépenses associées à ce dossier au cours des huit ou neuf derniers mois. Nous avons jugé qu’il fallait maintenir le pas pendant que, partout au pays, on mettait des services de santé en français en place », laisse entendre Léo-Paul Provencher, qui dit avoir reçu des indications positives à l’effet que l’argent attendu entrerait bientôt dans les coffres de la FFT.

Le problème du cycle des déboursés n’est pas le seul à expliquer cette situation, dit Léo-Paul Provencher. Les versements effectués par les différents ministères sont en fonction de rapports et de comptes-rendus d’opérations et les chèques sont envoyés seulement après le dépôt de ces rapports. « Les rapports sont volumineux et exigeants à colliger. Je pense qu’il y aurait intérêt à ce qu’ils soient beaucoup simplifiés, mais aussi, que l’on tienne compte de l’actualité de nos organisations. Par exemple, si je suis en train de monter une assemblée annuelle et que je dois, en même temps, produire un rapport pour aller chercher un chèque et que je travaille à la programmation et aux projets pour l’année suivante, c’est impossible de tout faire en même temps. Il manquerait deux ressources pour travailler ici ».

M. Provencher plaide donc en faveur de l’acceptation de rapports plus sommaires en cours d’année, de manière à ce que leur dépôt puisse rencontrer les échéances. « D’autant plus que nous sommes dans un territoire où nos opérations sont connues. Nous sommes à côté des bailleurs de fonds et nous travaillons ensemble pour certains projets ».

Enfin, le directeur général espère que la prochaine entente Canada-communauté permettra aux organismes de se créer une réserve d’argent pour être en mesure de faire face à ce genre de situation. « Comme nous n’avons pas de réserve, nous devons être supportés par des marges de crédits qui nous font, automatiquement, dépenser de l’argent qui n’est plus à la disposition de la francophonie », rappelle-t-il.

Même son de cloche du côté d’Alain Bessette, éditeur de L’Aquilon. Chaque année, les dernières semaines de l’exercice financier sont difficiles pour le « Souffle francophone ». Alors que le quart des revenus de vente du journal se réalise au cours des deux derniers mois de l’exercice financier

L’Aquilon, les paiements, eux, arrivent au début de l’année suivante, en avril et mai. « Je dois alors retenir des paiements en fin d’année financière. Je me retrouve avec 15 000 $ à 20 000 $ en compte à payer », dit l’éditeur. Aussitôt les paiements reçus, en avril ou en mai, ces factures sont payées. Cette année, à cause du manque de liquidité, des projets du journal, comme la campagne d’abonnement, se sont retrouvés retardés. « C’est une priorité de dépense dans les prochaines semaines », dit M. Bessette, qui ajoute que le manque de liquidité est survenue un peu plus tôt, cette année, à cause d’un remplacement imprévu d’équipement.

CDETNO

Au CDETNO, on a dû composer avec une coupure de poste à l’automne dernier. Ses activités s’en sont donc retrouvées restreintes. Cette dépense en moins permettra cependant de mener quelques projets à terme un peu plus rapidement que prévu, puisque la différence de coût pour un agent de développement et la coupure réelle subie à l’automne crée une marge de manœuvre.

Alors que l’entente de financement entre le nouveau ministère des Ressources humaines et du Développement des compétences et les réseaux de développement économique et d’employabilité se termine le 31 mars, le directeur général du Conseil de développement économique des TNO, André L. Routhier, doit préparer les budgets de la prochaine année, sans connaître l’engagement du ministère.