Aux TNO, 75 cas de cancer sont répertoriés chaque année et, toujours sur une base annuelle, 34 personnes meurent de cette maladie. Ces statistiques émanent d’une étude portant sur le cancer aux TNO entre 1990 et 2000.
Parmi les points saillants du rapport, on remarque que le nombre de cas de cancer augmente chaque année auxTNO. « Même si les taux aux TNO ne sont pas supérieurs aux autres taux canadiens, on doit tenir compte du fait que nous sommes partis d’un point où les taux étaient nettement inférieurs au reste de la population canadienne. Soudainement, la différence s’est amenuisée avec le temps », souligne le médecin-hygiéniste en chef des TNO, le docteur André Corriveau.
Le rapport vient aussi confirmer au Dr Corriveau que la prévention demeure importante pour s’attaquer à plusieurs types de cancers. « Il est possible de prévenir une grosse proportion de ces cancers. Particulièrement ceux reliés au tabagisme, et on ne parle pas que du cancer du poumon, mais aussi celui de l’estomac, de la vessie et même le cancer du sein, qui peuvent être causés par la cigarette », dit-il. Parmi les autres cancers dont le tabac peut être un facteur contribuant, on retrouve ceux de la bouche et de la gorge.
L’étude révèle, bien sûr, les types de cancers les plus fréquents remarqués chez les hommes et les femmes des TNO. Ainsi, chez les hommes ténois, le cancer du gros intestin est la forme la plus souvent diagnostiquée (22 %), elle est suivie du cancer des poumons (19 %), de la prostate (11 %), de l’estomac 7% et du lymphome non hodgkinien.
Chez les femmes, le cancer du sein est constaté dans 28 % des cas. Viennent ensuite les cancers du gros intestin (15 %), des poumons (14 %), du pancréas (4 %) et des ovaires (4 %).
Si l’on compare avec le reste de la population canadienne, les hommes ténois (surtout chez les métis et les Dénés) sont un peu moins susceptibles d’être atteint du cancer que les hommes du reste du Canada. Chez les femmes, les proportions sont équivalentes. « On pense que les hommes dénés sont toujours plus actifs et auraient maintenu plus longtemps un mode de vie traditionnel, dans la nature. À part la cigarette, les changements alimentaires sont peut-être plus récents », dit le Dr Corriveau.
Car l’alimentation, tout comme le tabagisme ou l’abus d’alcool, joue un rôle dans l’incidence des cas de cancer. « Il y a des aliments que l’on connaît qui peuvent augmenter le risque, d’autres qui le diminuent », dit André Corriveau. Pour l’alcool, il peut être relié au cancer de la gorge, du gros intestin ou de l’estomac. « Ça nous demande, je pense, de faire un effort sur les aspects de l’alimentation saine et de la vie active ».
Ces données scientifiques soulèvent aussi une inquiétude face à l’avenir. « Nous savons que nous avons un gros problème en termes d’inactivité chez les jeunes. Ils sont très inactifs et on constate une diminution de l’activité physique. On s’attend à voir un impact sur le diabète et les maladies du cœur, mais aussi sur le cancer », poursuit le médecin.
De plus, comme l’âge est également associé à l’apparition de cancers, le rapport permet de faire certaines projections en ce qui à trait aux besoins futurs. « Ça nous demande d’organiser nos services pour faire face à la demande. Ça indique les besoins en termes de soins palliatifs et de soins à domicile reliés au cancer. Ça se veut donc un outil de planification qui nous aide, dans certains cas, à extrapoler et dire que, si la tendance se maintient, dans dix ans, nous aurons ce genre de volume d’activités pour ce qui est du traitement, du dépistage et des soins ».
Le rapport donne aussi une indication significative pour les besoins à prévoir au niveau du personnel et permettra d’avoir une idée de ce que l’avenir réserve aux TNO lorsque viendra le temps de négocier l’entente sur la santé avec l’Alberta.
Mais le Nord renferme aussi ses défis, notamment à cause des distances, de l’isolement de certaines communautés et du roulement de personnel médical. Au cours des dernières années, les TNO ont connu un bon succès en terme de dépistage du cancer du col de l’utérus. Du côté du cancer du sein, des investissements ont été effectués pour améliorer le système de détection, « mais encore, il y a la difficulté de s’assurer que les femmes qui vivent dans les petites communautés aient le même accès à la mammographie que celles qui vivent à Yellowknife ou Inuvik, où l’on retrouve les équipements », admet M. Corriveau. Du côté de Hay River et de Fort Smith, c’est l’unité mobile de l’Alberta qui se rend sur place, une fois par année, pour faire les tests.