On a peu entendu parler de Stephen Kakfwi depuis son retrait de la politique active l’automne dernier. L’ancien premier ministre des TNO est réapparu cette semaine, dévoilant un rapport de révision et d’évaluation sur la Stratégie des zones protégées des TNO, avec une emphase spéciale sur le développement des hydrocarbures. C’est à titre de consultant que M. Kakfwi a préparé ce rapport pour le compte du Fonds mondial pour la nature (FMN).
« Le FMN m’a demandé de faire une révision de la stratégie, qui est une initiative qui a commencé en 1997 et j’ai fait ça en un peu plus de trois semaines. Le rapport indique que la stratégie est une bonne initiative, qui est bien soutenue au niveau communautaire et par les gouvernements. Elle a fait des progrès substantiels et a besoin d’un soutien continu et d’un appui financier pour pouvoir avancer assez rapidement », résume l’ancien premier ministre.
Dans cette stratégie, on retrouve un plan d’action de cinq ans visant à identifier et à protéger certains secteurs de la vallée du fleuve Mackenzie, où un gazoduc pourrait apparaître d’ici quelques années. « Nous en sommes à l’étape de la mise en œuvre et ça décrit les étapes à franchir pour avoir un réseau de zones protégées à long terme dans la vallée et nous devons rencontrer les échéanciers reliés au gazoduc qui est proposé », laisse entendre le directeur régional pour la conservation du FMN, Bill Carpenter.
Le rapport rédigé par Stephen Kakfwi appelle à la mise en œuvre de ce plan d’action. Alors que trois organismes à vocation environnementale (le FMN, Canards illimités et la Société pour la nature et les parcs du Canada) se sont officiellement engagés à versé le tiers des fonds nécessaires à sa mise en œuvre, le gouvernement fédéral semble tarder à se commettre. « Ce qui manque fondamentalement, ici, c’est un engagement politique du nouveau gouvernement Martin et ses ministres pour diriger les hauts fonctionnaires vers l’identification et le développement de ressources en fonction du Plan d’action », remarque Stephen Kakfwi.
Bill Carpenter est d’accord avec l’ancien premier ministre. « Nous avons besoin d’un meilleur engagement du gouvernement fédéral. Le ministère des Affaires indiennes et du Nord Canada est le gestionnaire des terres. Jusqu’à maintenant, je crois que le gouvernement canadien essaie d’inclure ce financement dans le Programme de préparation au développement du pipeline » de laisser entendre celui qui croit bien que les neuf millions nécessaires seront éventuellement débloqués par le ministère.
« Du côté des organismes environnementaux, nous nous sommes engagés à augmenter nos budgets dès cette année. Le gouvernement territorial augmentera aussi ses budgets dans les prochaines années et nous espérons donc voir le MAINC faire de même », poursuit le directeur régional en matière de conservation.
En ce qui à trait à la Stratégie, sa mise en œuvre se poursuit, selon M. Carpenter. « Présentement, nous travaillons avec la communauté de Tulita qui soumet des terres que l’on retrouve en montagne, principalement des lieux traditionnels ». M. Carpenter collabore aussi avec la communauté de Trout Lake, qui voudrait protéger un autre site. « Une partie de ça pourrait faire partie des mesures intérimaires du processus du Deh Cho, mais ils peuvent chercher à rendre la protection permanente », dit celui qui rappelle que le rythme de mise en œuvre de la stratégie doit concorder avec celui du projet de gazoduc.
De son côté, l’ancien premier ministre dit vouloir continuer à aider les communautés à tirer avantage du gazoduc. « Quand j’ai commencé, en 1974, c’était d’abord pour m’assurer que nos terres étaient protégées et que nous en serions les propriétaires reconnus et que nos droits de gestion soient aussi reconnus. Nous devons terminer ce travail et j’ai donné mon support à ce projet de stratégie. J’ai été constant là-dessus tout au long de ma carrière. Il y a des petites communautés, spécialement dans le Sahtu, qui essaient de trouver des façons de tirer bénéfices du gazoduc et je suis intéressé à les aider à le faire », de répondre l’ancien politicien alors qu’il est questionné sur ses projets à venir.