Selon Marie-Claude Lebeau, pédiatre à l’hôpital Stanton et présidente du comité directeur antimicrobien des TNO, trop de patients se présentent chez le médecin, ou l’infirmière, avec l’idée ferme d’obtenir des antibiotiques pour combattre leur malaise. Or, il s’avère que les antibiotiques sont parfois inutiles et, qu’en plus, la prescription d’antibiotiques non nécessaires contribue à l’augmentation de la résistance des personnes à ce médicament. Selon Mme Lebeau, les antibiotiques sont carrément inefficaces contre les infections virales, mais le sont plutôt contre les infections bactériennes, ce qui ne représente que 10 à 15 % des cas. Le défi est donc d’aider les professionnels de la santé à faire la différence entre les deux et, dans le cas d’une infection virale, d’offrir un traitement alternatif aux patients.
Pour ce faire, le ministère de la Santé et des Services sociaux a pris plusieurs mesures de sensibilisation auprès du grand public et des professionnels de la santé. « Nous avons découvert qu’aux TNO, nous utilisons beaucoup d’antibiotiques. Il y a place à amélioration et nous avons amassé de l’information que nous partageons avec les médecins et les infirmières », dit-elle.
Des affiches, des dépliants d’information, des signets et des autocollants ont été produits et seront distribués au public à chaque occasion. Ce matériel veut rappeler au public que ce ne sont pas toutes les maladies qui doivent être traitées avec des antibiotiques et que le meilleur moyen d’éviter la contagion est le lavage régulier et adéquat des mains.
Pour les médecins, un carnet de prescription que les professionnels peuvent utiliser lorsqu’ils rencontrent leur patient a été produit. Ces feuilles de prescription mentionnent le diagnostic du médecin et signifient que l’infection est de type virale, donc que les antibiotiques seront inefficaces. En lieu et place de l’antibiotique, le médecin conseillera de boire beaucoup d’eau, d’utiliser un analgésique, de se reposer ou de prendre d’autres mesures qui l’aideront à améliorer sa situation. Selon Mme Lebeau, ce carnet de prescription permet au médecin de prendre quelques minutes pour discuter avec le patient sur le fait que les antibiotiques n’aideront pas sa cause. De plus, cette pratique rendrait la recommandation du médecin plus formelle. La pédiatre souligne d’ailleurs que l’initiative a connu un grand succès dans les cliniques des TNO.
Une résistance bien réelle
Au cours des années, des preuves concrètes de la résistance des bactéries aux antibiotiques ont été publiées. Deux bactéries ont d’ailleurs développé une résistance complète aux antibiotiques que l’on utilisait autrefois pour les traiter. Il s’agit du staphylocoque doré résistant à la méthicilline (SDRM) et l’entérocoque résistant à la vancomycine (ERV). Selon la revue épidémiologique Epi-North, 21 cas de SDRM et quatre cas de ERV ont été rapportés aux TNO entre 1998 et 2003. Le traitement de ces maladies requiert maintenant des soins musclés à l’hôpital et les patients gravement malades o
Un autre exemple de cette résistance aux antibiotiques est l’infection pneumococcique, qui est résistante à la pénicilline dans 21 % des cas. « Avec la résistance, certaines infections sont devenues difficiles à traiter et le traitement peut même être dangereux parce que ce sont de fortes doses d’antibiotiques et nous ne voulons pas voir d’autres bactéries se développer de cette façon », souligne Marie-Claude Lebeau, qui veut convaincre les docteurs et les infirmières d’utiliser le bon antibiotique pour la bonne bactérie. « Nous voulons garder les gros fusils pour les grosses infections », dit-elle.