La gouverneure générale du Canada, Adrienne Clarkson, a procédé à la lecture du discours du Trône rédigé par Paul Martin, le mardi 5 octobre dernier. Ce texte se veut l’énoncé général des intentions du gouvernement pour les prochains mois.
Au grand plaisir de la députée de Western Arctic, Ethel Blondin-Andrew, et du premier ministre des Territoires du Nord-Ouest, Joe Handley, le gouvernement fédéral a profité de cette occasion pour annoncer l’élaboration d’une Stratégie globale pour le Nord qui « favorisera un développement économique et humain durable; protégera l’environnement nordique et renforcera la souveraineté et la sécurité du Canada; et encouragera la coopération avec la communauté circumpolaire internationale ».
Joe Handley dit se réjouir de l’intention du gouvernement fédéral de procéder de concert avec la population et les gouvernements septentrionaux. « C’est la première fois que je vois un tel engagement pour le Nord dans un discours du Trône. Ça me dit deux choses. Premièrement, le gouvernement fédéral et le premier ministre Martin prennent le Nord très au sérieux et ils reconnaissent les opportunités et les défis que nous avons. Deuxièmement, et c’est aussi important, c’est le fait qu’ils nous incluront. Quelque plan qu’il y ait pour le Nord, les résidents seront inclus dans son développement », souligne-t-il.
À titre de ministre d’État pour le Nord canadien, Ethel Blondin-Andrew sera aussi partie prenante de l’élaboration de cette stratégie. « J’aurai à travailler avec plusieurs ministères et groupes et il y aura beaucoup de travail de terrain à faire sur ce dossier », de mentionner celle qui voit présentement à développer une stratégie de développement économique pour le Nord, profitant d’un budget de 90 millions $, et à organiser l’année polaire, qui aura lieu en 2007-2008.
Alors que les dossiers du développement économique et de l’environnement figureront dans la stratégie, Ethel Blondin-Andrew a déjà son point de vue sur le sujet. « Nous avons pensé à ça à différents niveaux et le grand enjeu, c’est le développement durable. Il faut penser qu’il s’agit d’un monde différent de celui de 1921, alors que le pétrole a été découvert à Norman Wells. Maintenant, c’est une partie différente. Il y a des politiques de réclamations et un régime réglementaire qui a la responsabilité de faire des évaluations environnementales et des impacts socio-économiques », dit celle qui parle aussi de bornes de sécurité pour s’assurer que les sites seront nettoyés.
De son côté, Joe Handley a déjà une bonne idée des priorités que son gouvernement évoquera, lorsque viendra le temps d’avoir son mot à dire sur cette stratégie. « Je pense que nous devrons faire une évaluation de ce que seront nos priorités. Par exemple, doit-on faire plus d’exploration et de développement, pour les minéraux durs comme l’or? Bien sûr, relié à ça, il y a la protection de l’environnement. Il est important d’identifier ces régions sensibles où nous ne voulons que peu de développement et aussi, les secteurs protégés où rien ne devrait se passer. Enfin, il y a les infrastructures, en particulier le transport. J’aimerais voir une route qui se rend jusqu’à l’océan Arctique, le long de la vallée du Mackenzie, jusqu’à Tuktoyaktuk ».
Le premier ministre ténois a, par ailleurs, identifié d’autres faits important du discours du Trône de mardi. Entre autres, on retrouve la confirmation du récent accord sur les soins de santé, avec les coûts des voyages pour des fins médicales dans le Nord, « un engagement renouvelé pour l’agenda concernant les Autochtones » et un nouveau financement pour les villes et les communautés.
Selon M. Handley, la référence à des sources d’énergie plus propres et économiques est « un bon signe pour le développement du gazoduc de la vallée du Mackenzie et notre potentiel hydro-électrique ».
Le discours lu par Adrienne Clarkson faisait largement référence à des enjeux et des programmes sociaux. Est-ce que le fait que le gouvernement de Paul Martin soit minoritaire a joué dans la balance? « Je dirais qu’en écrivant le discours, il fallait qu’il fasse plus attention de s’assurer que les priorités seraient aussi importantes pour les autres partis politiques. Mais en connaissant Paul Martin et ses priorités, et à la lumière des conversations que j’ai eues avec lui au cours des dix derniers mois, c’est du réel. Ce sont des choses qu’il a à cœur et il n’a pas eu à les inventer pour satisfaire certains députés de l’opposition », croit M. Handley.
De son côté, Mme Blondin-Andrew refuse de s’inquiéter du vote sur le discours du Trône qui devrait avoir lieu autour du 20 octobre. Traditionnellement, le vote sur ce discours est un vote « de confiance » et pourrait renverser le gouvernement. « Je ne veux pas être préoccupée parce que je sais qu’il y a des bonnes choses là-dedans pour le Nord et je veux que ce soit appuyé. En fait, il y a des bonnes choses, pour tout le Canada », de mentionner celle qui refuse cependant de se prononcer sur d’éventuelles modifications proposées par le Parti conservateur ou le Bloc québécois. « Je n’ai pas la responsabilité de me prononcer là-dessus et je ne suis pas une experte des procédures de la Chambre ».
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