le Mercredi 23 avril 2025
le Vendredi 10 Décembre 2004 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:36 Politique

Ententes Canada-communautés Pas de clause jeunesse pour les territoires

Ententes Canada-communautés Pas de clause jeunesse pour les territoires
00:00 00:00

La jeunesse veut sa part du gâteau fédéral en matière d’aide financière aux communautés francophones minoritaires. C’est du moins ce qui ressort d’une motion adoptée à l’unanimité lors de la dernière réunion du conseil d’administration de la Fédération de la jeunesse canadienne française (FJCF) qui avait lieu à Gatineau du 18 au 20 novembre.

Cette motion affirme la volonté de la FJCF qu’une « clause jeunesse » soit incluse dans les ententes Canada-communautés, dont le renouvellement est présentement en négociation avec Patrimoine canadien. Cette clause obligerait les communautés à dédier une partie de leur enveloppe de fonctionnement à leur comité jeunesse local. Cette motion indique aussi que les trois territoires ne sont pas visés par elle. « Les négociations que nous faisons auprès de Patrimoine Canadien visent nos neufs membres provinciaux », précise le président de la FJCF, Rémy Léger

D’un commun accord, les représentants d’Iqaluit, Yellowknife et Whitehorse ont convenu que le fait d’exiger un pourcentage du montant alloué à leur communauté ne reflétait pas la tradition associative de la francophonie du Nord. « Dans les territoires, nous savons bien que tous les organismes ont besoin de plus de moyens. Nous ne voulions pas compromettre d’autres organismes francophones en imposant un montant. Nous préférons magaziner notre financement à l’intérieur de nos propres communautés », explique le coordonateur du Comité de coordination jeunesse des TNO (COCO), Patrice Lapointe

M. Lapointe donne en exemple la garderie Plein soleil de Yellowknife qui pourrait peut être voir son financement diminuer si une part prédéterminée de l’enveloppe devait obligatoirement être dédié à la jeunesse. « La garderie, dit-il, c’est l’incubateur de la jeunesse francophone aux TNO. On n’aiderait pas notre cause en lui volant son financement. »

Le Coordonateur du COCO mentionne aussi une proximité plus grande des acteurs francophones du Nord. Alors que bien souvent, dans les provinces, les organismes jeunesse ont pignon sur rue, en général, dans les territoires, toute la francophonie travaille sous le même toit. « J’arrive au bureau, je pile sur le culturel et sur le journal. Je n’ai pas envie d’avoir une jeunesse riche, si la jeunesse n’a plus d’ami », de s’exclamer Patrice Lapointe.

Cela ne veut pas pour autant dire que les territoires sont contre la démarche de leurs homologues provinciaux. Ils ont tous trois voté en faveur de la motion, quand elle a été modifiée pour les en exclure. En définitive, les territoires appuient les provinces, mais ne participent pas aux négociations.

À dos

En choisissant de rentrer ainsi dans la valse des négociations sans passer par les communautés, le président de la FJCF, sait qu’il risque gros. « Si nous n’entreprenons pas les bonnes démarches, je pense que c’est assuré que nous allons nous mettre notre communauté à dos, dit-il. C’est pour cela que nous sommes déjà en négociation avec la Fédération des communautés canadiennes francophones et acadiennes (FCFA). On voudrait avoir leur appui pour cette clause jeunesse là. […] C’est une obligation qu’on se donne, d’avoir l’appui de nos communautés. »

Ce que les organismes jeunesses des provinces veulent, c’est 15 % de l’enveloppe. Mais ce pourcentage n’est pas coulé dans le béton. « Notre demande s’inscrit dans l’optique d’une augmentation du financement, indique Rémy Léger. C’est-à-dire que si Patrimoine canadien décide que le financement demeure fixe à 24 millions pour l’ensemble des ententes Canada-communautés, alors nous devrons repenser notre stratégie. Nous ne voulons pas couper [le financement des] autres organismes. Mais si le financement de chacune des ententes augmente, alors nous voulons nous assurer d’obtenir un financement spécifique. »

Besoins

Lors des négociations des dernières ententes Canada-communautés, la FJCF avait déjà tenté d’y inclure une clause jeunesse. Mais à l’époque plusieurs provinces avaient boudé l’idée. « Maintenant, déclare le président de la FJCF, nos organismes jeunesse sont en train de souffrir. Il y a un manque de financement incroyable. C’est pour cela que nous avons décidé, cette fois, de négocier avec Patrimoine. »

Selon lui, les besoins des organismes jeunesse sont d’avoir « deux employés à temps plein, du financement pour organiser quelques activités durant l’année, du financement pour faire des revendications auprès du gouvernement, du financement pour pouvoir jouer son rôle en fait. »

Aux TNO, Patrice Lapointe remet quelque peu cette échelle de priorités en perspective. Avoir un seul employé à temps plein serait déjà pour lui un bon départ pour la jeunesse ténoise. Pour l’instant, le COCO fonctionne avec des employés à temps partiel engagés sur des programmes de stage qui ne sont pas renouvelables. C’est-à-dire qu’après six mois ou un an, il faut constamment trouver quelqu’un d’autre.

M. Lapointe considère que cette situation nuit à la stabilité de l’organisme (sans compter que c’est de son emploi qu’il s’agit !) et espère que la future entente entre Patrimoine canadien et les Franco-ténois lui permettra d’avoir un employé à temps plein qui soit rémunéré par l’organisme lui-même. « Si nous sommes incapables d’avoir un temps plein, dit-il, nous sommes aussi bien de fermer boutique. »