Inuvik Twin Lakes (ITL) a un nouveau député. C’est Robert Macleod qui occupe désormais le poste laissé vacant par la démission de Roger Allen.
Par une majorité de tout juste onze votes (sur 683), le 29 novembre, le quart des électeurs d’ITL lui ont confié les rennes d’une des circonscriptions les plus chamboulée par la venue probable du Projet gazier du Mackenzie. C’est en effet à Inuvik que se trouverait le système de collecte et de raffinerie du gaz naturel extrait dans le delta du Mackenzie. Inuvik serait aussi le point de départ du fameux gazoduc du Mackenzie qui transporterait le gaz raffiné jusque dans les marchés du Sud. Selon les avis compétents, la petite municipalité de 3000 habitants pourrait facilement doubler si le Projet gazier était mis en chantier.
« Je veux m’assurer qu’Inuvik bénéficiera de ce projet », dit-il à L’Aquilon qui l’a rencontré dans le lobby de l’hôtel Finto, à Inuvik. Pour Robert Macleod le gazoduc est d’abord une source d’opportunités. « De toute évidence, l’argent sera le principal bénéfice. Il y aura beaucoup d’argent à faire. Les particuliers feront de l’argent, les entreprises locales aussi. […] Il y aura aussi beaucoup de formation pour que les gens d’ici puissent travailler sur le chantier. Et quand le gazoduc sera prêt cette formation pourra servir à autre chose. Alors, oui, il y aura d’importants bénéfices », lance confiant celui qui aété maire d’Aklavik pendant deux ans. « Il y aura des bénéfices dans toute la vallée du Mackenzie quand le gazoduc sera en place. Chaque communauté touchera sa part de bénéfices. Inuvik aura sa juste part, nous essayons de nous en assurer. »
Qui dit argent dit aussi dépenses folles, c’est pourquoi le député nouvellement élu croit qu’un centre de désintoxication devra être construit dans sa ville. « Tout le monde à Inuvik dit que si le gazoduc est construit, alors nous aurons besoin d’infrastructures en conséquence et un centre de désintoxication en fait partie. La plupart des gens en ville sont d’accords avec ça. J’ai l’intention d’appuyer ce projet. […] Nous devons d’abord trouver l’argent pour mettre en place tous ces programmes dont nous avons besoin. Je vais, à chaque fois que l’occasion se présentera, mettre la pression nécessaire pour qu’Inuvik ait un nouveau centre de désintoxication », promet-il.
Changements climatiques
Le delta du Mackenzie est une des régions les plus durement touchées par les changements climatiques au Canada. Ironiquement, selon de nombreux groupes écologistes, si le Projet gazier du Mackenzie était mis de l’avant, les émissions canadiennes de gaz à effet de serre, responsables de ces changements, augmenteraient drastiquement. Car le gaz, assurent-ils, servira à l’extraction du pétrole contenu dans les sables bitumineux de l’Alberta, une des formes d’énergie les plus nocives qui soit. Le Sierra Club du Canada affirme même qu’il deviendra impossible pour le Canada de respecter ses engagements du protocole de Kyoto si le Projet gazier devenait réalité.
Pour Robert Macleod ce n’est toutefois pas une raison de laisser tomber ce projet. « Le réchauffement climatique est un problème qui dure depuis longtemps, tempère-t-il. C’était là bien avant le projet gazier et ça continuera après que ce projet soit fait. Tout affecte le climat et [le Projet gazier du Mackenzie] ce n’est qu’une chose parmi tant d’autres. Ce sont des projets qui doivent être faits et être accomplis. Le réchauffement planétaire se produira avec ou sans gazoduc. »
Bien qu’il admette devoir se familiariser davantage avec la lourde documentation qui entoure le Projet gazier du Mackenzie, il estime que l’Énoncé d’impact environnemental produit par les promoteurs du projet est un gage de confiance. « Les gens qui écrivent ces rapports pour le gazoduc, ils regardent tous les angles possibles. […]Ils font leurs devoirs, ils déposent leurs documents à tous les groupes et agences concernées. Ils savent quel effet le projet aura sur l’environnement et le réchauffement planétaire. »
Langues
Comme ailleurs aux TNO, nos onze langues officielles demeurent un dossier épineux à Inuvik. Dans le premier rapport du ministre responsable des langues officielles, déposé à la fin octobre, on note qu’à Inuvik les langues officielles autres que l’anglais sont toutes en régression. Le nombre de locuteurs gwich’in, inuvialuqtun et français continue de diminuer dans le chef-lieu du delta du Mackenzie.
De l’avis du député d’ITL, qui dit comprendre « un peu d’inuvialuqtun », renverser cette tendance est une affaire de famille plus que de gouvernement. « Je pense que ça doit commencer à la maison. Les gens qui connaissent la langue doivent parler aux jeunes à la maison. Nous ne pouvons pas exiger des écoles qu’elles enseignent notre langue à nos jeunes. Ça doit se faire à la maison. Les aînés qui peuvent parler la langue doivent la transmettre aux enfants », indique celui qui estime qu’il serait déplorable que des langues officielles disparaissent.
Imputabilité
Une autre question chaude dans le comté d’ITL est celle de l’imputabilité. On se souviendra que l’intégrité du député sortant, Roger Allen, avait été remise en cause avant sa démission en septembre. Allen a été forcé de rembourser des allocations perçues pour défrayer le loyer d’une résidence secondaire dans la capitale, quand il a été démontré que sa résidence principale ne se trouvait pas à Inuvik ainsi qu’il le prétendait. Une équipe du réseau de télévision CBC a ensuite affirmé que Roger Allen ne vivait même pas aux TNO, mais bien à Grimshaw en Alberta. L’ex-député fait également face à des accusations d’agressions sexuelles auxquelless il a plaidé non coupable.
À ce chapitre, Robert Macleod, affirme qu’il sera présent dans sa communauté, mais refuse de blâmer son prédécesseur. « Je n’ai rien de négatif à dire sur Roger. Roger à toujours été bon pour moi. Mais je m’engage à être à Inuvik le plus souvent possible. Je vis ici, à Inuvik, et je n’ai pas l’intention de déménager à Yellowknife. Je vais être un député très visible. »