le Mardi 6 mai 2025
le Vendredi 17 Décembre 2004 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:36 Société

Aurores folk et jazz boréal

Aurores folk et jazz boréal
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Ambiance, le premier album solo de Guy Langlois, a été enregistré, bien au chaud au Woodshop Recording Studio de Vancouver. Mais, en l’écoutant, c’est d’abord un air du Nord qu’il évoque. Normal, Guy a passé 29 ans au Yukon et aux TNO. Membre fondateur du groupe Yellowknife Bluegrass Review qu’on a pu voir au festival Folk on the Rocks en 2002, son cœur est ici, au Nord du soixantième. « J’ai écrit plusieurs des chansons de cet album dans le Nord, à Yellowknife, et ces chansons racontent surtout ma vie up there », confie l’auteur compositeur interprète qui estime qu’Ambiance n’aurait jamais vu le jour sans le Nord. Sur des rythmes d’inspiration folks couplés de synthétiseurs, de cuivres jazzés et de percussions à l’africaine, Guy chante le paysage insaisissable de l’Arctique. Ainsi, la chanson « Starlight » raconte la plénitude des soirées passées à contempler les aurores boréales, « Solstice » l’énergie incandescente du soleil de minuit et « Outsider » la vie parfois frustrante des petites communautés. « Le Nord c’est encore mon chez-moi. Je le sens dans mon cœur. Je suis encore attaché à ce coin de pays. Le temps que j’ai passé là-bas a changé ma vie », raconte l’artiste. C’est d’abord pour sa carrière que le Franco-ténois a choisi de s’installer en Colombie-Britannique. « Il y a plus de gig, il y a plus d’opportunités ici. Il y a des contacts que je peux faire avec l’industrie de la musique. C’est vraiment une question de contacts. L’endroit où j’habite est très beau, mais le Nord me manque beaucoup », admet-il. Celui qui remercie l’appui de l’Association franco-culturelle de Yellowknife a inclus deux chansons en français sur son album. « Mon amie » est une invitation à danser aux couleurs réjouissantes de l’Acadie. « C’est une chanson sur le plaisir de jouer de la musique entre amis », commente simplement le musicien qui considère que le français fait partie de sa culture. L’autre chanson, « Lâcher prise », raconte une rupture amoureuse. Pour l’auteur, le choix du français allait de soi. « Parfois quand j’écris une chanson, la langue française me permet de m’exprimer plus librement au niveau de la mélodie. Parce que les paroles ont une sonorité plus râpeuse en anglais, je n’arrivais pas à traduire le même sentiment. Ça ne collait pas. Mais quand je le chante en français, à cause de la particularité de la langue, les liaisons entre les mots et tout, c’est plus mélodieux et le flow est plus souple. Alors c’est pour ça que j’ai choisi d’écrire “Lâcher prise” en français et ça a très bien fonctionné », L’écologie est aussi bien présente sur Ambiance. La chanson « Balance » parle de la fragilité du cercle de la vie et du potentiel destructeur de l’humanité. À nouveau, le Nord n’est pas indifférent à cette prise de position. « Quand j’habitais à Yellowknife, raconte Guy, il s’est produit des choses qui ont affecté tout le monde, là-bas : la fermeture de la mine Giant et le gâchis environnemental laissé par l’industrie minière. Et c’est pour cela que j’ai décidé d’écrire “Balance”. » La pollution au Yukon aussi l’a inspiré. « L’environnement [yukonnais] semble être merveilleux et intact, mais si vous allez voir au fond des lacs vous vous rendrez compte qu’ils sont plein de barils de pétrole et de déchets miniers. C’est très pollué là aussi. » « Tout est lié dans la vie, dit-il. À chaque fois que l’on manque de respect pour la vie, aussi insignifiante soit-elle, un oiseau ou un insecte, à chaque fois que nous détruisons quelque chose, nous perdons une partie de ce qui nous garde tous ensemble en tant qu’êtres vivants. »