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le Vendredi 7 janvier 2005 0:00 Éditorial

Pas plus aveugle…

Pas plus aveugle…
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Le vieux dicton « Il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut rien voir » s’applique parfaitement à plusieurs aspects du Projet gazier du Mackenzie. Pour plusieurs personnes, seuls les impacts économiques sont importants et ces personnes semblent mettre des œillères pour tout le reste. Est-ce que le ton agressif de ce premier paragraphe vous donne envie de cesser de lire la suite? Êtes-vous de ces personnes qui ne veulent rien voir? En 2005, je vous invite à prendre une autre résolution, soit celle de cesser de vivre en aveugle et de faire face aux réalités de ce monde, aussi déplaisantes soient-elles.

Commençons par les effets à long terme. Lorsqu’il s’agit de justifier la viabilité économique du projet gazier, les promoteurs ont bien pris en considération l’énorme potentiel gazier de tout le secteur, les futurs puits qui seront exploités une fois le pipeline terminé. Lorsque la question des effets environnementaux fut abordée dans l’étude d’impact, ces futurs développements gaziers disparaissent soudainement. Les effets à long terme ne sont plus étudiés que sous l’aspect des gisements actuellement exploités. Petit tour de prestidigitation qui a pour résultat de ne pas voir ce qui se produira réellement à long terme.

Dans l’étude d’impact environnemental, il y a un chapitre complet sur les effets sociaux. Grosso modo, ils disent qu’il n’y aura pratiquement pas d’effets sociaux issus de ce projet. On relance plutôt la balle au gouvernement pour qu’il mette en place des institutions magiques qui contrôleront les effets de ce développement économique sur le marché local, notamment en matière de biens et services. On ne parle pas du tout de prostitution (une grande crainte du conseil du statut de la femme) ou des effets prévisibles sur la population désavantagée de la hausse des loyers ou des biens et services. Encore une fois, on préfère ne pas regarder de trop près la réalité si elle risque de mettre en péril le développement économique.

Il y a aussi les effets globaux du projet. C’est probablement la question sur laquelle le plus de personnes refusent de se pencher. Si le gaz naturel est destiné au marché de distribution pour le chauffage au gaz, les effets globaux sont minimes puisqu’il s’agit d’une technologie qui minimise les émissions de CO2 par rapport au chauffage traditionnel au mazout. Par contre, il est déjà certain que ce gaz naturel servira principalement à approvisionner les centres de traitement de sable bitumineux dans le nord de l’Alberta et de la Saskatchewan. Or, il s’agit là de technologies qui ont des incidences globales terrifiantes. Ces centres de traitement ainsi que la combustion de ces carburants produits grâce au gaz naturel produiront une très grande quantité de gaz à effet de serre. Et la réponse de la plupart des agences gouvernementales impliquées dans le projet gazier : « ben ça c’est pas de notre ressort, on n’a pas à en tenir compte ».

Je vous souhaite en 2005 de prendre des positions éclairées sur les événements qui affectent votre vie, de soupeser honnêtement le pour et le contre et à vous départir de votre canne blanche.