Le ministre d’État aux infrastructures, John Godfrey, est membre du Comité canadien pour la durabilité, un comité parlementaire qui développe la stratégie canadienne en matière de développement durable. Alors qu’il était de passage dans la capitale ténoise, L’Aquilon lui a demandé comment le Canada pouvait, dans l’esprit de la durabilité, supporter le Projet gazier du Mackenzie et le développement routier tout en respectant ses engagements de Kyoto. Dans un excellent français, voici ce que celui qui porte une feuille d’érable verte à sa boutonnière a répondu.

« C’est une question qui va au cœur du défi. C’est-à-dire que, évidemment, le Canada doit continuer de croître économiquement. Or il y a plusieurs secteurs, comme celui de l’automobile dont nous sommes très dépendants, de même que des projets de développement des ressources naturelles, comme les gazoducs [qui augmentent nos émissions de gaz à effets de serre]. Comment peut-on concilier les deux ? Ça, c’est le défi. Je crois, pour ma part, que la réponse consiste à insister pour un développement qui minimise les impacts environnementaux.

« Par exemple, nous avons un défi, en Alberta, avec les problèmes que cause l’industrie des sables bitumineux. Je ne suis pas absolument persuadé qu’il y ait une solution technologique pour tous ces défis-là Mais on sait également que l’on peut faire d’énormes choses sur le plan technologique. Et, pour moi, la mise en application du protocole de Kyoto ce n’est pas simplement un programme de réduction [des gaz à effets de serre], c’est une stratégie industrielle pour le Canada. Une stratégie qui demande de se spécialiser dans des technologies qui pourrons nous permettre de croître économiquement, de construire des tuyaux et toutes ces choses. Mais ce n’est pas facile. Je le reconnais. »

Et croyez vous que le Canada sera en mesure de respecter ses engagements de Kyoto ?

« Je suis persuadé qu’il existe une stratégie qui nous le permettra, une nouvelle stratégie. Avec la stratégie existante nous ne pouvons pas respecter nos obligations. Avec une nouvelle stratégie, qui est en train de se développer, il y a une façon de le faire et, en même temps, d’atteindre d’autres objectifs tels que la croissance économique et la promotion de nouvelles technologies. Mais cela dépend d’un effort national considérable. Ça ne va pas se faire par l’opération du marché. Ce n’est pas possible. »

Le protocole de Kyoto exige que, d’ici 2012, le Canada réduise de 10 % ses émissions annuelles de gaz à effet de serre sous leur niveau de 1990