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le Vendredi 28 janvier 2005 0:00 Éditorial

La problématique de la langue au travail Un trou béant

La problématique de la langue au travail Un trou béant
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La problématique de la langue au travail soulevée en page 3 est intéressante. Un employé du gouvernement territorial est entré en contact avec moi en début d’année 2005 et a soulevé un cas flagrant de discrimination. Il fallait tenir compte d’un facteur important dans le traitement de ce dossier : l’employé désirait garder son anonymat dans la crainte de représailles à son endroit. Cela rendait évidemment notre travail plus ardu puisqu’on ne pouvait questionner ouvertement les protagonistes sans dévoiler notre source. Malgré tout, nous avons trouvé la solution : traiter du dossier général de la langue au travail. La constatation la plus éloquente, c’est que rien dans les lois ne vient protéger citoyens et employés face à une discrimination basée sur la langue. En effet, cette question déborde le droit de travailler dans sa langue pour embarquer de plain-pied dans un dossier de discrimination.

Dans le cas présenté à L’Aquilon, il n’est pas question d’un employé qui exigerait de travailler en français, mais simplement une question de deux employés francophones qui, dans le cours de leur journée de travail, se parlent en français à l’occasion. Ces employés s’expriment toujours en anglais lorsqu’ils s’adressent à leurs collègues anglophones et, selon leur propre aveu, c’est normal ainsi. Et puis soudain, vlan! Une lettre disciplinaire est remise à un employé pour avoir osé parler en français au travail. Voici un cas où un simple employé du gouvernement ayant des responsabilités de supervision décide unilatéralement sur une question qui relève ni plus ni moins des politiques du gouvernement.

Si les différentes lois du travail des TNO ne font nullement mention des droits linguistiques sur les lieux de travail, on ne retrouve pas non plus de dispositions qui feraient de l’anglais la langue officielle de travail. En absence de dispositions législatives, c’est donc du ressort des politiques gouvernementales de déterminer cela. Or le gouvernement s’est engagé à favoriser la prestation de services en langues officielles et ce n’est certainement pas en empêchant la liberté d’expression en langues officielles qu’il y parviendra.

Une lueur d’espoir pour ces employés, le ministre Dent n’a vraiment pas apprécié cette situation et se chargera de faire savoir qu’il n’est pas bon d’empiéter sur ses prérogatives.