le Vendredi 28 novembre 2025
le Vendredi 4 février 2005 0:00 Culture

Bibliothèques municipales Quel usage pour les ressources en français ?

Bibliothèques municipales Quel usage pour les ressources en français ?
00:00 00:00

Bibliothèques municipales

Quel usage pour les ressources en français ?

Les livres en français sont là; ce sont les lecteurs qui manquent…

« Je n’entends pas beaucoup parler en français dans la bibliothèque », confie le bibliothécaire de la Yellowknife Public Library, Shad Turner.

Selon le bibliothécaire, les ouvrages en français sont plus souvent empruntés par des anglophones que par les francos, eux-mêmes. « Les personnes qui me demandent du matériel francophone sont presque exclusivement des parents qui ont des enfants dans un programme d’immersion française et qui cherchent des livres pour eux », précise-t-il.

À Hay River, la bibliothécaire de la Centennial Library, Christine Gyapay, fait le même constat : les ressources en français sont peu utilisées et, quand elles le sont, c’est surtout par les anglophones.

Pourtant les livres sont là. Des ouvrages en français sont disponibles dans les bibliothèques de Fort Smith, Hay River, Yellowknife et Inuvik. Selon Shad Turner, les livres en français occupent à peu près 7 % de la collection de la bibliothèque de Yellowknife qui compte près de 60 000 volumes. « Nous avons des livres cartonnés destinés aux très jeunes. Nous avons des livres d’images pour les jeunes lecteurs. Nous avons de la littérature jeunesse. Nous avons des livres-cassettes. Nous avons également des œuvres de fiction et des ouvrages documentaires destinés aux lecteurs aguerris », énumère fièrement le bibliothécaire.

Désuets ?

Nadia Mohajir, opère la bibliothèque communautaire de l’École Allain St-Cyr. Le mercredi de 17 h 30 à 20 h et le samedi de 11 h 30 à 14 h, elle met des livres francophones à la disposition du public yellowknifien. Contrairement à ses collègues des bibliothèques publiques, Mme Mohajir ne considère pas que son service soit sous-utilisé.

« À la bibliothèque municipale, dit-elle, les livres sont désuets. » Selon elle, c’est la variété et la nouveauté du matériel offert à l’École Allain St-Cyr qui incitent les francophones à se tourner vers la bibliothèque communautaire. « Notre bibliothèque est petite, mais elle est très bien fournie », insiste-t-elle. En plus des livres dont le fonds est renouvelé à chaque année, la bibliothèque de Mme Mohajir offre des ouvrages de références, des disques de musique, des logiciels informatiques et des DVD.

Anglophone originaire de la Colombie-Britannique, Shad Turner admet ne pas être en mesure de juger de la qualité de sa collection francophone. Il affirme vouloir la mettre au goût des lecteurs, mais ignorer ce qu’ils désirent. « Je suis ici depuis un an et demi, raconte le bibliothécaire, et j’ai eu moins de cinq suggestions pour des livres en français. Alors qu’à chaque jour, je peux recevoir cinq ou six suggestions pour des livres en anglais. »

Les ouvrages en français des bibliothèques municipales proviennent pour la plupart de dons de la Bibliothèque nationale du Canada et du GTNO. Ces livres ont été distribués dans les communautés des TNO il y a plusieurs années et le fonds n’a été que peu enrichi depuis ce temps.

Cependant, avec l’aide du Service d’alphabétisation en français des TNO (SAFTNO), la collection francophone de la Yellowknife Public Library pourrait prochainement faire peau neuve. Le coordonnateur du SAFTNO, Martin Dubeau, a approché des réseaux de bibliothèques du Québec qui font des dons de livres. « Je leur ai demandé si nous pouvions bénéficier de leur programme de dons et ils m’ont dit “oui, bien sûr” », raconte M. Dubeau.

« Martin, Renchérit Shad Turner, s’est proposé de m’aider à éplucher les catalogues de livres pour m’aider à faire des commandes. Car, franchement, je ne sais pas quoi choisir. Je pourrais me restreindre aux listes de best-sellers, mais je ne veux pas faire ça. »

« Ce qui serait bien, poursuit-il, c’est qu’une personne puisse faire le tour de notre collection et nous dire, s’il le faut, “débarrassez-vous de tout parce que personne ne lira ça”. Pour monter une bonne collection, il ne suffit pas de faire entrer les bons livres ; il faut aussi faire sortir les mauvais. »

Il ne faudrait cependant pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Selon Martin Dubeau, on retrouve des trésors parmi les livres en français des bibliothèques municipales des TNO. « À Yellowknife, s’enthousiasme-t-il, j’ai trouvé des pièces de théâtre de Réjean Ducharme ! À l’Université Laval, à Québec, ces livres-là ne peuvent pas sortir de la bibliothèque parce qu’ils sont considérés trop rares. »

En attendant, Shad Turner exhorte les francophones à se faire voir dans les bibliothèques. « Venez me voir. N’hésitez pas à m’aborder, à me dire ce que vous recherchez et à me faire des suggestions. »