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le Vendredi 11 mars 2005 0:00 Culture

Requiem pour un centre des arts

Requiem pour un centre des arts
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Requiem pour un centre des arts

La communauté artistique de la capitale affirme être mûre pour obtenir un espace qui lui est dédié.

Le 26 février, près d’une trentaine d’artistes de Yellowknife et les environs étaient réunis à l’école Sir John Franklin. Ils rencontraient la député de Western Arctic et ministre d’État au développement du Nord, Ethel Blondin-Andrew. Les députés Bill Braden (Great Slave) et Robert Hawkins (Yellowknife Centre) étaient aussi présents.

Le message qu’ils venaient envoyer aux élus était clair : les artistes ont besoin d’un centre des arts digne de ce nom. « Il nous faut un endroit pour mettre notre énergie en commun, commente Matthew Grogono, verrier et membre du conseil d’administration de l’Aurora Art Society. En ce moment, il y a beaucoup de gens qui s’échinent à développer leurs habilités et talents à Yellowknife, mais la collaboration entre eux demeure très limitée. Il faut développer une synergie entre les artistes. Les arts sont naturellement des activités de groupe. »

« Bientôt, la route sera pavée jusqu’à Yellowknife et il y a des gens qui vont venir ici en provenance d’Edmonton par autobus pleins. Si nous voulons profiter de cette opportunité, ça va nous prendre les infrastructures nécessaires », ajoute-t-il.

Jan Fullerton, présidente de l’Aurora Art Society abonde dans le même sens. « Un centre des arts, dit-elle, répondrait efficacement aux besoins de la communauté artistique. Cela permettrait de centraliser les services de formation, les comptoirs pour l’obtention des bourses, les espaces pour les ateliers, pour les studios, et toutes ces choses. Nous voulons un guichet unique qui offrirait une vaste gamme de service au même endroit. »

Dans la vieille ville d’abord

L’automne dernier, l’Aurora Art Society a produit une étude de faisabilité pour la construction d’un éventuel centre des arts. À la lumière de cette étude, Jan Fullerton estime qu’une approche « en deux phases » serait gagnante.

L’idée consiste à monter un centre provisoire pour répondre aux besoins immédiats des artistes puis de plancher à un nouvel édifice qui serait permanant. Pour la phase un, la présidente de l’Aurora Art Society laisse entendre qu’une location dans la vieille ville serait envisagée. « Un des endroits intéressant serait la Trapper’s Cabin dans la vieille ville, dit-elle. Nous avons également discuté de la possibilité d’avoir des entrepôt dans le secteur de la baie de Yellowknife, dans la vieille ville également. »

Pour le développement à long terme, les artistes semble lorgner vers le carrefour culturel situé sur la rive du lac Frame. « Je ne sais pas si c’est véritablement vers ça que nous nous dirigeons, mais il y aurait un avantage certain à établir le centre près du musée [Prince-de-Galles]. C’est évident que nous serions mieux servis avec un immeuble construit sur mesure pour nos besoins. Et en étant près du musée nous aurions la possibilité de partager des services avec eux. Au Centre Prince-de-Galles, il y a un curateur et toute une kyrielle de personnes qualifiées pour offrir les services que l’on souhaite retrouver dans un tel centre des arts. »

Volonté politique

En s’assoyant à la table avec la députée fédérale, il est évident que les artistes cherchaient à obtenir l’appui politique nécessaire à leur projet. Au terme de la rencontre, Mme Blondin-Andrew n’a pas pris d’engagement clair envers la communauté artistique, mais, de l’avis d’artistes présents sondés à la ronde, elle semblait emballée par le projet. Le député de Great Slave, Bill Braden, se dit quant à lui prêt à prendre les moyens nécessaire pour que le projet puisse aboutir. « Je veux être derrière l’Aurora Art Society pour pouvoir trouver l’argent nécessaire à l’embauche d’un planificateur professionnel qui pourra permettre à ce projet d’aboutir », dit-il.

Cependant, le politicien pense que le travail devra être rigoureux. « Il y a beaucoup de travail de planification. Je souhaite voir ce qui peut être fait pour le long terme. Je veux mettre de l’emphase sur la préparation et la présentation du projet. Il faut que nous arrivions avec une proposition qui plaira à une majorité de gens et qui répondra aux besoins durant longtemps. » M. Braden ajoute que pour construire un tel centre il faudra une vision gouvernementale plus moderne du secteur artistique que celle présentée cette automne dans la Stratégie pour les arts des TNO. « Cette stratégie est très incomplète, dit-il. Elle se concentre sur l’artisanat et ne semble pas tenir compte de toute la diversité qui compose l’art et la culture. »

Jan Fullerton, elle, est optimiste quant à l’existence d’une volonté politique pour que soit construit un centre des arts à Yellowknife. « Je pense que la volonté va en s’accroissant. Bill Braden et Robert Hawkins ont toujours apporté leur soutien à la communauté artistique. C’était également la première fois que nous avions la chance de rencontrer Mme Blondin-Andrew et nous en sommes très heureux. Elle a semblé sincèrement ouverte à travailler de concert avec nous sur ce projet. Nous sommes toutefois désolés que les ministres Bell et Dent [co-responsables de la Stratégie pour les arts] n’aient pas pu venir. »